L’Encyclopédie/1re édition/QUOLIBET
QUOLIBET, s. m. (Langage.) ces sortes d’équivoques & de pointes qu’on emploie trop communément dans les conversations, me paroissent encore plus insupportables que les proverbes ; cependant on croit montrer beaucoup d’esprit, quand pour désigner une personne qui est contrefaite dans sa taille, on dit, la fortune lui a tourné le dos. Le petit P. André prêchant un jour devant un grand prince, prit pour texte omnis caro fænum, & commença son sermon par s’écrier : foin de vous, monseigneur, foin de moi, foin de tous les hommes, omnis caro fænum. Si un diseur de bons mots est méprisable, que sera-ce qu’un diseur de méchans mots, un quolibétiste ? L’honnête homme doit écarter ce jargon qui sent la lie du peuple & la mauvaise éducation. Quand il n’y auroit pas de la facilité à trouver des quolibets, rien n’est plus ridicule que leur usage. Une fadaise difficile ne laisse pas d’être une fadaise ; mais ces quolibets, ces équivoques, ces fades allusions, dont on trouve des magasins tous faits, ne servent qu’à confondre ceux qui s’y amusent avec les savetiers, qui d’ordinaire sont les rieurs de leur voisinage. (D. J.)