L’Encyclopédie/1re édition/QUADRANS

QUADRANS, s. m. (Monn rom.) c’étoit chez les Romains la plus petite monnoie de cuivre, excepté le sextans ; mais parce que le mot quadrans signifie proprement & premierement, la quatrieme partie de quelque chose, il est certain que la piece qui se nommoit quadrans s’appelloit ainsi, parce qu’elle étoit la quatrieme d’une plus haute monnoie. Donc le quadrans du tems de la république, étoit la quatrieme partie de l’as ; mais je ne voudrois pas nier que sous les derniers empereurs, diverses petites pieces de cuivre n’aient eu le nom de quadrans, dont l’une étoit moindre que l’autre en poids & en valeur. Quant au poids du quadrans, quoiqu’il ait varié, nous en pouvons dire quelque chose avec certitude, parce que tous les auteurs qui ont parlé de l’as, sont d’accord que du commencement, il pesoit une livre romaine, c’est-à-dire douze onces romaines ; donc il s’ensuit qu’alors le quadrans étoit du poids de trois onces, & par cette raison s’appelloit triuncis, comme Pline le rapporte, lib. XXXIII.

Mais nous apprenons du même auteur, que du tems de la premiere guerre punique, la république ne pouvant fournir aux excessives dépenses qu’il lui falloit soutenir, fit battre des as du poids de deux onces, dont elle paya ses dettes, parce qu’elle y gagnoit les cinq sixiemes ; alors donc il est évident que le quadrans pesoit demi-once, c’est-à-dire quatre drachmes.

Les mêmes Romains ayant été vaincus par Annibal, l’année que Fabius Maximus fut dictateur, ils diminuerent encore de la moitié le poids des as, & les firent du poids d’une once seulement ; de sorte qu’alors le quadrans ne pesoit qu’un quart d’once, c’est-à-dire deux drachmes.

Enfin peu de tems après, ajoute Pline, les as furent faits du poids de demi-once par la loi papiria, & par conséquent le quadrans fut réduit au poids d’une seule drachme.

Il y avoit à Rome sous Auguste, des bains publics, où le petit peuple étoit reçu pour un quadrans ; c’est pourquoi Séneque les appelle rem quadrantariam, ou comme nous dirions les bains d’un sol. Juvenal y fait allusion quand il dit :

Nec pueri credunt, nisi qui nondum oere lavantur.

« Les enfans même ne le croient pas ; il n’y a que ceux qui ne payent rien pour leurs bains qui donnent créance à de telles chimeres. » (D. J.)