L’Encyclopédie/1re édition/PYLORE

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PYLORE, s. m. (Anatomie.) terme grec qui signifie portier ; le pylore est l’orifice inférieur de l’estomac, ou si l’on aime mieux, le cercle charnu de l’orifice inférieur de l’estomac ; c’est un rebord circulaire, large, & peu épais, qui laisse dans le milieu de son contour une ouverture plus ou moins arrondie.

Ce rebord est un repli ou redoublement de deux tuniques internes de l’estomac ; savoir, de la nerveuse & de la veloutée. Il est en partie formé par un paquet circulaire de fibres charnues, immédiatement emboîtées dans la duplicature nerveuse, & distinguées non-seulement des autres fibres charnues de l’extrémité de l’estomac, mais aussi de celles du canal intestinal, par un cercle blanchâtre fort délié, qui paroît à-travers la tunique externe ou commune, autour de l’union de ces deux parties.

La figure du pylore est comme celle d’un anneau transversalement applati, dont le bord interne, qui est du côté du centre, est un peu enfoncé, & s’avance dans le canal intestinal en maniere d’une espece d’entonnoir large & tronqué. Il est naturellement plus ou moins plissé vers ce bord interne, à-peu-près comme l’ouverture d’une bourse presque fermée. Tout ceci est fort différent de ce que les figures ordinaires & les préparations seches représentent : c’est une espece de sphincter, qui par son action peut retrécir l’orifice inférieur de l’estomac, mais ne paroît pas pouvoir le retrécir entierement.

Il paroît que le pylore sert à retenir & à faire séjourner les alimens, jusqu’à ce qu’ils ayent acquis la fluidité suffisante pour passer sans effort par l’ouverture de cet orifice. Je dis sans effort ; car une irritation particuliere de la tunique charnue de l’estomac, & encore plus une contraction violente du diaphragme & des muscles du bas-ventre, pousseroient bientôt le contenu de l’estomac vers sa petite extrémité, & lui seroient passage par le pylore.

Les mouvemens doux & alternatifs des fibres orbiculaires de la tunique charnue, peuvent aider à faire passer naturellement par l’orifice inférieur de l’estomac, ce qui y est suffisamment digéré. Ce mouvement est appellé mouvement vermiculaire, par ceux qui le croyent successivement réitéré, à-peu-près comme celui qu’on observe dans les vers de terre quand ils rampent.

La situation presque transversale de l’estomac aide sans doute à y faire séjourner les alimens ; mais André Lacuna paroît avoir remarqué le premier que le pylore est situé un peu au-dessous du fond de l’estomac ; cette situation fait que la partie des alimens qui n’est pas encore bien digérée, ne descend pas trop tôt dans les intestins.

Kerkring parle de deux faits bien étranges de sa connoissance ; l’un est de l’entier bouchement du pylore par un gros sol d’Hollande avalé accidentellement ; ce qui causa la mort au malade en peu de jours. Le second fait plus heureux, est d’une autre personne, qui avala une monnoie de cuivre, mais sans autres tristes effets, que de violentes nausées & des vomissemens. Le malade rendit au bout d’un mois, après quelques purgatifs, la piece de cuivre, mais si rongée par le suc gastrique, qu’elle étoit méconnoissable ; toutes les lettres & autres marques gravées avoient disparu sur l’une & l’autre face.

On n’éprouve presque jamais de douleurs particulieres au pylore : en échange, on croiroit en certains momens par les sensations vives dont l’estomac est susceptible, que l’ame habite dans ce viscere, & que Vanhelemont, en mettant son siége dans le pylore, ne se seroit trompé, qu’en prenant la partie pour le tout. (D. J.)