L’Encyclopédie/1re édition/PTERYGION

PTERYGION, s. m. terme de Chirurgie, maladie de l’œil, excroissance membraneuse qui se forme sur la conjonctive. Voyez Ongle de l’œil.

Celse donne aussi ce nom à une excroissance charnue, qui vient aux ongles des piés & des mains, & qui les couvre en partie : πτέρύγιον, signifie petite aîle.

La cause de cette maladie vient de l’accroissement de l’ongle vers ses parties laterales, ce qui le fait entrer dans la chair, & cause une douleur continuelle, très-souvent accompagnée de fievre ; l’ongle du pouce du pié est le plus sujet à cette affection, & dans ce cas on ne peut marcher qu’avec beaucoup de peine.

On a observé que les religieux déchaussés ne sont point sujets à cette infirmité ; ceux qui négligent de se couper les ongles, & ceux qui portent des souliers trop étroits, ou dont le paton est trop dur, en sont incommodés, parce que l’ongle n’ayant pas la liberté de pousser en dehors, croît vers les côtés.

On tente de guérir cette maladie, en consommant la chair superflue par le moyen des cathérétiques, & en employant ensuite les dessicatifs : mais on travaille envain ; tant que les pointes de l’ongle subsistent, on ne peut guérir la maladie, & il faut en venir à l’opération.

Il faut d’abord faire tremper le pié dans l’eau chaude pour amollir l’ongle ; le chirurgien fait asseoir le malade sur une chaise plus haute que la sienne ; il met le pié du malade sur son genou, & avec un petit bistouri, il coupe en long la partie de l’ongle qu’il croit devoir ôter ; quand il l’a ainsi séparée du corps de l’ongle, il prend des pincettes pour saisir cette portion & la tirer le plus doucement qu’il lui est possible.

Il y a des petites pincettes incisives, fort commodes pour couper l’ongle. Voyez Tenailles incisives.

Si l’ongle étoit séparé du doigt, il ne faudroit point se servir du bistouri pour inciser l’ongle ; on le couperoit avec des ciseaux, en passant une des pointes dans le jour qui est entre le doigt & l’ongle, & coupant à plusieurs reprises, jusqu’à ce que l’on soit parvenu à la racine.

Cette opération est très-douloureuse, par rapport aux houpes nerveuses qui sont tiraillées. Voyez Ongle.

Après l’opération, on enveloppera le doigt avec de la charpie ; une petite compresse circulaire, une croix de Malte & une bandelette, comme nous avons dit au panaris, voyez Panaris. On conseille au malade de rester plusieurs jours sans marcher, & on le panse tout simplement avec une compresse trempée dans l’eau-de-vie, ce qui suffit pour la guérison.

Pour empêcher les récidives du mal, il faut avoir soin de se couper l’ongle, & de le ratisser de tems à autre avec un morceau de verre ; en l’éminçant ainsi les sucs nourriciers se portent vers le milieu, & l’ongle ne croît point sur les côtés. (Y)