L’Encyclopédie/1re édition/PROVIN

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PROVIN, s. m. (Jardinage.) c’est le résultat de l’opération qui a été faite en provignant un sep de vigne : c’est un plant de vigne qui provient de la branche d’un sep qui a été couchée dans une fosse. Sur la façon d’y procéder, voyez Provigner.

Provins, (Géog. mod.) ville de France dans la Brie champenoise, sur la petite riviere de Vouzie, à 2 lieues de la Seine, à 12 au sud-est de Meaux, & à 20 au sud-est de Paris.

Son nom latin du moyen âge est Pruvinum, Provinum ou Provignum castrum. Elle étoit connue du tems de Charlemagne, car il en fait mention dans les anciennes chroniques, & dans les vieux cartulaires. Les comtes de l’ancienne maison de Vermandois, de Blois & de Chartres l’ont possédé pendant long-tems, après quoi elle a été réunie à la couronne. Les comtes de Champagne y firent long-tems leur séjour dans un palais qu’ils y bâtirent à ce dessein. C’est dans ce palais que Thibaud IV. du nom, comte de Champagne & de Brie, fit écrire avec le pinceau les chansons qu’il avoit composées pour la reine blanche, mere de saint Louis.

Cette ville est aujourd’hui composée de quatre paroisses ; il y a une abbaye de chanoines réguliers, quatre communautés d’hommes, & quatre communautés de filles. Son présidial est de la premiere création des présidiaux, & l’on y juge conformément à la coutume de Meaux.

Le seul commerce de l’élection, dont cette ville est le siege, consiste en blés qu’on transporte à Paris par la Seine. Elle avoit anciennement une manufacture de draps qui s’est anéantie. Longit. 20. 56. latit. 48. 34.

Guiot, moine bénédictin, né à Provins au commencement du xij. siecle, est auteur d’un roman appellé la Bible-Guiot, qui n’a jamais été imprimée, mais dont on a des manuscrits. L’auteur nomma ce roman bible, parce qu’il disoit que son livre ne contenoit que des vérités ; ce livre si vrai est une sanglante satyre, dans laquelle le moine Guiot censure les vices de tout le monde, sans épargner les grands & les princes plus que les petites gens.

Villegagnon (Nicolas-Durand de), chevalier de Malte, étoit aussi de Provins. Il avoit beaucoup d’esprit, s’éleva par sa valeur à la charge de vice-amiral de Bretagne, & écrivoit assez bien en latin, comme il paroît par la description qu’il a faite de l’expédition d’Alger où il fut blessé au service de l’empereur Charles-Quint. Il embrassa d’abord la religion réformée, & entreprit d’établir une colonie dans l’Amérique méridionale. Il obtint trois vaisseaux pour cette entreprise, entra en 1555 dans la riviere de Janeïro sur la côte du Brésil, & y bâtit un fort, qu’il abandonna dans la suite, pour changer de religion & faire la guerre aux Calvinistes par des écrits. Il mourut pauvre en 1571. Voyez son article dans Bayle & dans le supplément de Moréri, Paris 1736. (Le chevalier de Jaucourt.)