L’Encyclopédie/1re édition/PROEME
PROEME, s. m. (Belles-lettres.) mot purement grec, qui se prend en général pour un prologue, une préface, un avant-propos, un prélude, d’où les latins ont fait præmium, qui exprime toutes ces choses. Mais il a une signification plus particuliere, & se prend aussi pour une sorte d’hymne ou de cantique adressé aux dieux. On le trouve en ce sens dans un passage de Thucidide, liv. III. où cet historien cite quelques vers d’Homere, tirés du poëme προιμιου d’Apollon ; & qu’on lit aujourd’hui dans l’hymne d’Homere adressée à ce dieu. Sur quoi l’ancien Scholiaste observe que les hymnes s’appelloient προιμια, terme dérivé d’οἴμη, pris dans la signification de cantus, chant, cantique, suivant l’opinion la plus commune, ou dans celle de via, chemin ; parce que l’on chantoit ces airs sur les grands chemins. C’étoit par ces sortes de cantiques ou d’invocations que préludoient, pour ainsi dire, les anciens poëtes musiciens, avant que de chanter les poëmes de leur composition, ou ceux d’autrui. Ces hymnes ou poëmes qui se chantoient au son de la cithare étoient ordinairement en vers héroïques ἐν ἔπεσιν. Notes de M. Burette sur le traité de la musique de Plutarque. Mém. de l’acad. des Belles-lettres, t. X.