L’Encyclopédie/1re édition/PRÉSENT

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PRÉSENT, adjectif, pris quelquefois substantivement ; (Gram.) les tems présens, ou substantivement, les présens dans les verbes, sont des tems qui expriment la simultanéité d’existence à l’égard d’une époque de comparaison.

Il y a plusieurs especes de présens, selon la maniere dont l’époque de comparaison y est envisagée. Si l’existence s’y rapporte à une époque quelconque & indéterminée, c’est un présent indéfini : si l’époque est déterminée, le présent est défini. Or l’époque ne peut être déterminée que par sa relation au moment de la parole ; & cette relation peut aussi être ou de simultanéité, ou d’antériorité, ou de postériorité, selon que l’époque concourt avec l’acte de la parole, ou qu’elle le précede, ou qu’elle le suit. De-là trois especes de présens définis, le présent actuel, le présent antérieur, & le présent postérieur.

Telles sont les vues générales qu’indique la Métaphysique des tems : mais je ne dois pas montrer ici jusqu’à quel point les usages des langues particulieres s’y conforment ou s’en écartent. Il faut voir au mot Tems, l’ensemble du système métaphysique, & sa liaison avec les usages des différens idiomes. (B. E. R. M.)

Présent, (Jurisprud.) dans les coutumes, se dit de celui qui demeure dans le même bailliage ou sénéchaussée, qu’une autre personne.

Celui qui a plusieurs domiciles en diverses provinces, est réputé présent dans toutes.

Celui qui n’a aucun domicile certain est réputé absent. Voyez le Maître sur Paris, titre des prescriptions.

Dans le style judiciaire on est réputé présent, quoiqu’on ne comparoisse pas en personne lorsque l’on est représenté par son avocat ou par son procureur. (A)

Présent, (Gram.) don gratuit, marque d’attachement, d’estime, ou de reconnoissance.

Présent mortuaire, dans l’ancien droit anglois, étoit un présent qu’on faisoit au prêtre lors de la mort de quelqu’un : c’étoit ordinairement le meilleur cheval de son écurie, ou la meilleure vache de son étable ; ou au défaut de bestiaux, tout autre effet. Ce présent mortuaire s’appelloit en quelques coutumes corse-présent, comme qui diroit corps-présent, parce que lorsque le prêtre levoit le corps, on lui délivroit ce présent.