L’Encyclopédie/1re édition/POLICANDRO

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POLICANDRO, (Géog. mod.) île de l’Archipel, & l’une des Cyclades, à l’orient de l’île de Milo, à l’occident de celle de Siquino, & au midi de celle de Paros & d’Antiparos.

Il y a beaucoup d’apparence que Policandro est l’île nommée Pholégandros par Strabon & par Pline : outre la ressemblance des noms, le premier de ces auteurs marque précisément que navigeant d’Ios vers le couchant, on rencontre Sicenos, Lagusa, & Pholegandros. Ce qu’Aratus dit de Pholegandros, dans Stiabon, convient bien à Policandro, savoir qu’on l’appelloit une île de fer, car elle est toute hérissée de rochers ; Etienne le géographe, qui cite le même passage d’Aratus, assure qu’elle a pris son nom de Pholegandros, l’un des fils de Minos.

Cette île n’a point de port : le bourg qui en est à trois milles du côté du nord-est, assez près d’un rocher effroyable, n’a d’autres murailles que celles qui forment le derriere des maisons, & contient environ cent familles du rite grec, lesquelles en 1700, payerent pour la capitation & pour la taille réelle 1000 écus.

Quoique cette ile soit pierreuse, seche, pelée, on y recueille assez de blé & assez de vin pour l’usage des habitans. Ils manquent d’huile, & l’on y sale toutes les olives pour les jours maigres. Le pays est couvert du tithymale, arbrisseau que l’on y brûle faute de meilleur bois. L’île d’ailleurs est assez pauvre, & l’on n’y commerce qu’en toiles de coton : la douzaine de serviettes n’y vaut qu’un écu ; mais elles n’ont guere plus d’un pié en quarré : pour le même prix on en donne huit qui sont un peu plus grandes, & bordées de deux côtés d’un passement.

Cette île ne manque pas de papas & de chapelles ; celle de la Vierge est assez jolie, située sur la grande roche, tout près des ruines de Castro, vieux château des ducs de Naxie, bâti sans doute sur les ruines de l’ancienne ville, laquelle portoit le nom de Philocandros, suivant Ptolomée. Il reste dans cette chapelle quelques morceaux de colonnes de marbre. Pour la statue ancienne dont parle M. Thevenot, on nous assura, dit Tournefort, qu’elle avoit été sciée, & employée à des montans de porte : on y découvrit, dans le dernier siecle, le pié d’une figure de bronze, que l’on fondit pour faire des chandeliers à l’usage de la chapelle. Au reste, cette île paroît assez gaie dans sa secheresse. Il y a un consul de France, qui fait aussi les fonctions d’administrateur & de vaivode. Il y a encore dans cette effroyable roche, dont on vient de parler, une fort belle grotte. Long. du bourg de l’île, 33. lat. 46. 35.