L’Encyclopédie/1re édition/PLOMBERIE

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PLOMBERIE, s. f. (Art méchanique.) De la plomberie en général. Sous le nom de plomberie on entend l’art d’employer le plomb, de lui donner des formes convenables aux lieux où il doit être placé. Ce mot vient du latin plumbus plomb, métal qui fait le principal objet de cet art.

Ce métal est un minéral qui se tire en France de quelques mines fort peu abondantes, encore n’est-il question que de celles du Limosin ; celles de Limarès en Espagne ne le sont pas beaucoup davantage. Il en vient d’Allemagne par la voie de Chambourg sous la forme de navette. Les Hollandois en tirent aussi de Pologne qu’ils envoient en différens pays ; mais presque tout celui que l’on voit en France, vient d’Angleterre sous la forme de saumons, (fig. 2.) & se tire des mines de Neucastel, du Derby, de Combmartin, & sur-tout de celles de Péak, où la pierre minérale se trouve presque sur la surface de la terre ; ce qui fait que ces mines s’exploitent fort facilement & le plus souvent de plain-pié & à découvert. Le plomb que l’on en tire, est sans contredit le plus pur & le plus sain de tous, & par conséquent le meilleur.

La mine de plomb que l’on nomme aussi plomb minéral, est noire, quoique cependant en la cassant elle semble être remplie intérieurement d’une infinité de petits filets blancs qui ressemblent à ceux que l’on voit dans l’antimoine. On en tire d’assez gros morceaux quelquefois purs, mais le plus souvent mêlés de roche.

Pour fondre cette mine on la met dans un fourneau fait exprès avec beaucoup de feu & de charbon par-dessus. Le plomb fondu coule par un canal pratiqué à côté, & la terre & les pierres restent avec les cendres du charbon. On le purifie ensuite avant qu’il soit figé en écumant, & en y jettant des suifs, graisses ou résines ; cette écume appellée plomb des potiers de terre, leur est de grande utilité pour leurs ouvrages ; les moules où on le reçoit ont la forme de navette ou de saumons (fig. 1. & 2.) noms que l’on donne aux masses de plomb qu’on en tire, dont les unes pesent environ deux cens livres, & les autres cent vingt ou cent trente livres ; il se vend ainsi chez les marchands de fer depuis vingt-cinq jusqu’à trente francs le cent pesant, & pese environ huit cens livres le pié cubique : on appelloit autrefois les marchands saumons, & les plombiers navettes.

Quoique le plomb soit fort facile à fondre, les fondeurs anglois y emploient cependant de grands feux, & sont très-attentifs à ne placer leurs fourneaux que sur des lieux élevés, & à les exposer au vent d’ouest, pour en rendre, par cette exposition, la chaleur plus vive, plus grande, exploiter plus de mine, & consommer moins de bois. D’habiles Physiciens ont cru que le poids du plomb augmentoit à l’air ; d’autres ont cru qu’il pourroit se produire dans les mines déja épuisées, en les laissant long-tems reposer, l’expérience nous a appris depuis que les uns & les autres s’étoient également trompés, & que rien n’étoit plus faux que leur système.

Quelques savans qui l’ont analysé, ont trouvé qu’il étoit composé d’un peu de soufre & de mercure ; mais de beaucoup de terre bitumineuse. Les Chimistes l’appellent saturne : en général, c’est de tous les métaux le plus mou & le plus facile à fondre lorsqu’il est purifié.

Le plomb est d’une grande utilité, non-seulement dans les bâtimens pour les couvertures, terrasses, réservoirs, conduites d’eau, ainsi que pour les figures, statues & ornemens d’architecture, mais encore pour l’affinage de tous les métaux, comme le cuivre, l’argent & l’or, auxquels on prétend qu’il communique son humidité : on s’en sert encore dans les ouvrages de vitrerie, balancerie, chauderonnerie, bimbeloterie, poterie de terre & d’étain, ainsi que pour la guerre & la chasse, où l’on ne laisse pas que d’en faire une grande consommation.

Les anciens, tel que Pline & quelques-autres, confondoient le plomb avec un autre mineral à peu-près semblable, qu’ils ne distinguoient que par la couleur. Cette autre espece est l’étain, que l’on tire des mêmes mines, mais en beaucoup plus petite quantité ; raison pour laquelle il est infiniment plus cher ; il est plus blanc, plus dur & plus facile à fondre que le précédent. On l’emploie à souder le plomb & tous les autres métaux ; il est évident que quelques modernes ne se sont pas moins trompés pour avoir adopté le sentiment des anciens, ou pour avoir mal interprété le savant naturaliste, qui, dans son traité des propriétés de ce minéral, rapporte qu’il est propre à souder les autres métaux ensemble, & à d’autres opérations chimiques, ce qui ne peut mieux convenir qu’à l’étain.

La plomberie est donc l’art de donner au plomb les formes que l’on juge à-propos, selon les différentes occasions que l’on a de l’employer : on la divise en trois especes ; la premiere est la fonte du plomb, la seconde en est le couler, & la troisieme est la maniere de le souder.

De la fonte du plomb. La fonte du plomb n’est point merveilleuse ; elle est au-contraire très-simple, le plomb étant de tous les métaux le plus facile à fondre : on n’est pas obligé pour cela d’employer une chaleur aussi grande & aussi vive que pour tous les autres métaux : tout cet art ne consiste qu’à mettre le plomb que l’on veut fondre dans un vaisseau de fer quelconque capable de le contenir, tel par exemple qu’une cuilliere de fer (figure 3.) & le présenter ensuite au feu jusqu’à ce qu’il devienne liquide. Si cette quantité monte beaucoup au-dessus de vingt-cinq ou trente livres, qu’on ne pourroit porter facilement à la main, on est obligé alors d’avoir recours à une marmite (figure 4.) ou poële (figure 5.) de fer ou de fonte que l’on pose à terre, & au premier endroit, dans laquelle on met le plomb : on enveloppe ensuite le tout d’un feu de bois ou de charbon pour échauffer & faire fondre plus promptement la masse du plomb ; & c’est-là la maniere dont les Plombiers se servent le plus souvent, lorsqu’ils n’en ont besoin que d’une petite quantité, surtout lorsqu’ils travaillent en ville[1]. Si l’on a besoin pour de certains ouvrages d’entretenir liquide cette même quantité de plomb, on se sert à cet effet (ce qui économise beaucoup le charbon) d’une autre espece de poële de fer, fig. 6. & 7. appellée polastre, plus grande, de forme quarrée, circulaire ou ovale, dans laquelle (fig. 7.) on met le feu & la marmite qui contient le plomb ; ce feu ainsi concentré contient plus de chaleur & consomme moins de charbon : ce polastre sert aussi, & souvent en même tems à faire chauffer les fers à souder (fig. 32. & 34.) dont nous parlerons dans la suite, que l’on place chacun dans une échancrure A, pratiquée de distance à autre autour du polastre ; mais lorsque l’on a besoin d’une beaucoup plus grande quantité de plomb fondu à la-fois, ce qui arrive le plus souvent dans l’attelier des plombiers ; ils ont alors chacun chez eux un fourneau (fig. 8. 9. & 10.) bâti en brique A de deux piés & demi à trois piés de hauteur sur quatre, cinq & quelquefois six piés en quarré, composé d’une grande marmite de fer B, en forme de chaudiere capable de contenir depuis cinq cens jusqu’à trois ou quatre milliers pesant de plomb, arrasée par-dessus le fourneau, enclavée & soutenue dans la maçonnerie de brique A, par des armatures de gros fer à environ quinze pouces au-dessus du fond du fourneau C, fig. 8. ce qui forme par-dessous un vuide où l’on fait un feu de bois à brûler, dont la fumée sort par une ouverture D d’environ huit pouces de largeur, pratiquée fort près de la chaudiere, & s’éleve ensuite dans un tuyau de cheminée E, fig. 10. dont la hotte se trouve au-dessus du fourneau ; c’est dans cette espece de chaudiere que l’on met le plomb F, fig. 8. que l’on veut fondre, comme navettes, fig. 1. saumons, fig. 2. tels qu’ils arrivent des mines.

Du plomb coulé. Le plomb se coule de quatre manieres, qui se réduisent en deux principales, l’une que l’on appelle plomb en table, & l’autre plomb moulé.

La premiere se fait en forme de table dont les dimensions varient selon les circonstances : cette forme de plomb sert pour l’intérieur des réservoirs, les bassins, les bains, les couvertures des bâtimens, platesformes, terrasses, gouttieres, chaîneaux, hottes, lucarnes, cuvettes, bavettes de fontaines, &c. & quelquefois dans la maçonnerie pour les joints des pierres, on en fait aussi des tuyaux de descente pour l’écoulement des eaux, chausses, aisances, &c. le pié quarré sur une demi-ligne d’épaisseur pese environ 2 livres 14 onces ; sur une ligne, environ 5 livres 3 quarts, & le reste à proportion.

La seconde, qu’on appelle plomb moulé, se coule dans des moules faits exprès, soit pour des tuyaux dont la grosseur intérieure varie depuis 6 lignes jusqu’à 6 pouces de diametre, & l’épaisseur à proportion, depuis 2 lignes & demie jusqu’à 6 : je dis grosseur intérieure, parce qu’en général les tuyaux ne se mesurent jamais par l’extérieur, mais bien par l’intérieur ; leurs longueurs ne passent jamais 18 ou 20 piés, non qu’on ne puisse les faire beaucoup plus longs, si on le jugeoit à propos, mais parce que cette grande longueur seroit trop embarrassante pour leur transport, & seroit sujette à les tourmenter, casser ou rompre, soit encore pour des figures, statues & ornemens d’architecture & de sculpture.

Du plomb en table. Le plomb en table se divise en trois especes différentes ; la premiere, que l’on appelle plomb moulé en table ; la seconde, plomb laminé ; & la troisieme, plomb coulé sur toile.

Pour couler le plomb en table, selon la premiere espece, il faut d’abord employer à cet usage une table, fig. 11, appellée moule en table, que tous les Plombiers ont chacun dans leurs atteliers, faite en bois de chêne de 15 à 18 lignes d’épaisseur, 4 à 5 piés de largeur sur environ 20 piés de longueur, posée sur trois ou quatre forts supports ou treteaux de bois A solidement assemblés, en observant de lui donner environ 12 à 15 lignes de pente par toise pour procurer au plomb une plus grande facilité de couler ; le pourtour de cette table se trouve bordé d’une espece de chassis de planches BD de même bois de pareille épaisseur sur 8 à 10 pouces de hauteur, qu’on appelle éponge, dont l’intérieur C est rempli d’un sable jaune d’environ 5 à 6 pouces d’épaisseur, sur lequel étant préparé, on coule le plomb dont il est ici question : il faut remarquer que pour donner aux tables de plomb la largeur que l’on juge à propos, on enfonce dans le sable une autre éponge D mobile, que l’on soutient par derriere avec des masses de fer ou de plomb.

Lors donc qu’il s’agit de préparer le sable à recevoir le plomb, on commence par l’humecter un peu en y jettant de l’eau dessus en forme d’aspersion ; ce sable ainsi humecté, s’unit beaucoup plus facilement ; on le dresse ensuite de niveau en passant & repassant le rable E à différentes reprises sur toute sa longueur : ce rable, fig. 12, n’est autre chose qu’une planche A de bois de chêne d’environ 15 lignes d’épaisseur, & dont la longueur est égale à la largeur des tables que l’on veut faire : cette planche A est échancrée par chaque bout que l’on fait glisser le long des éponges BD, fig. 11, par le moyen d’un bâton C, fig. 12, de 4 à 5 piés de long emmanché dedans : l’intervalle des échancrures B s’enfonce dans la profondeur du moule, fig. 11, relativement à l’épaisseur que l’on veut donner à ces mêmes tables : le sable ainsi dressé, on le plane aussi sur toute sa longueur avec la plane, fig. 13, que l’on a soin de chauffer un peu, afin que le table humide ne puisse s’y attacher, ce qui y formeroit autant de sillons : ceci fait, & le plomb fondu dans la grande chaudiere, fig. 8, 9 & 10, il faut prendre la précaution avant que de le couler, de le purifier avec des résines, suif ou autres graisses, & de l’écumer avec la cuillere percée, fig. 23, c’est-à-dire en supprimer toutes les ordures que ces graisses ont dû attirer : ensuite lorsqu’il s’agit de le couler, deux hommes en versent alternativement & par cuillerée au-moins autant, mais toujours un peu plus qu’il n’en faut pour la table que l’on veut faire, dans un auget, fig. 14, appellé poële à verser, placé au sommet du moule, fig. 11, comme on peut le voir dans la premiere Planche. La quantité de plomb étant suffisante, les deux mêmes hommes tenant la poële à verser, fig. 14, par la queue C, la soulevent doucement, & font ainsi couler le plomb qu’elle contient sur le sable C, fig. 11, tandis qu’un autre à 2 ou 3 piés plus loin le reçoit sur le rable E, même figure, qu’il passe presque dans le même d’un bout à l’autre du moule sur le plomb avant qu’il soit figé pour donner à la table une égale épaisseur par-tout, & le surplus du plomb va se loger dans une cavité F pratiquée dans le sable : au bout du moule, il faut prendre garde lorsque la table vient d’être coulée, d’en séparer promptement le surplus du plomb ; parce que comme le plomb, ainsi que tous les autres métaux, se retire à mesure qu’il se refroidit, la table n’auroit pas assez de force en se retirant pour amener avec soi la masse du plomb qui reste, & se romperoit çà & là en différens endroits : on a soin encore avant que cette même masse de plomb soit figée, d’y placer intérieurement les branches d’un crampon de fer recourbé, fig. 15, afin de procurer par-là la facilité de l’enlever avec des leviers, fig. 51, pour la remettre de nouveau à la fonte : cette table ainsi faite, on la roule sur sa largeur, fig. 24, pour qu’elle occupe moins de place, & avec des leviers, fig. 51, on la transporte ailleurs où elle ne puisse être embarrassante ; ensuite on humecte de nouveau le sable, qui par la chaleur du plomb que l’on coule perpétuellement dessus, se seche toujours ; on le laboure d’environ un pouce d’épaisseur avec le bout A d’un bâton à labourer, fig. 50, bien également par-tout ; car si on l’enfonce plus d’un côté que de l’autre, le sable devient par conséquent plus foible, & forme les tables de plomb d’une inégale épaisseur : on le dresse ensuite avec le rable, fig. 12, & on le place de nouveau avec la plane, fig. 13, pour y couler ensuite le plomb comme auparavant.

Il faut observer que le meilleur ouvrier & le plus intelligent ne l’est pas trop pour cette opération : trop de hardiesse & trop de timidité seroient également nuisibles dans cette manœuvre ; mais beaucoup de précaution, de prudence, & sur-tout d’usage sont seuls capables de procurer le moyen de faire de bon ouvrage.

La seconde espece de plomb en table est le plomb laminé. Cette partie inventée par les Anglois regarde plus particulierement une manufacture privilégiere établie à Paris à cet effet, que les Plombiers auxquels elle fait beaucoup de tort, & qui n’ont pas moins de talent, & ne sont pas moins en état qu’elle de faire ce qu’elle fait ; cette sorte de plomb se coule d’abord d’environ 18 lignes d’épaisseur & 4 à 4 piés & demi én quarré sur une table ou moule, de même forme & grandeur, bordé comme celui, fig. 11, que nous avons déja vu précédemment, que l’on fait passer ensuite au laminoir, dont on peut voir la description en son lieu. Voyez l’article Laminoir.

Comparaison du plomb coulé en table avec le plomb laminé. Toute sorte de plomb nouvellement coulé est sujet à une infinité de pores très-ouverts que le laminoir seul peut resserrer ; ce même plomb est beaucoup plus roide & plus cassant, lorsqu’il n’y a point passé : il est vrai que quelques-uns, pour resserrer ces pores & tenir lieu par-là du laminoir qu’ils méprisoient, ont imaginé de le forger[2] ; mais l’ont rendu, ainsi que tous les métaux que l’on frappe à froid, encore plus roide & plus cassant, & n’ont pu en rendre l’épaisseur aussi parfaitement égale que le laminoir le peut faire.

Si le plomb qui a passé au laminoir est beaucoup plus liant que le précédent, aussi est-il beaucoup plus feuilleté, & moins capable, selon le sentiment des Chimistes, de résister au soleil, à la gelée & aux intempéries des saisons ; la raison est que la masse du plomb que l’on destine à passer au laminoir, est sujette, comme toute espece de plomb qui vient d’être coulé d’une assez forte épaisseur, à être composée d’une infinité de globules d’air plus grandes les unes que les autres : plus cette masse passe de fois au laminoir, & plus toutes ces globules s’élargissent, & en s’élargissant se traversent, ce qui forme quantité de feuilles posées les unes sur les autres qui s’élevent successivement, soit par les grandes gelées ou les grandes chaleurs du soleil.

La troisieme maniere de couler le plomb en table, est de le couler sur toile, pour en faire des tables aussi minces que le papier. Cette espece de plomb est fort difficile à bien faire, & d’un usage assez rare, raison pour laquelle on en fait très-peu, aussi est-il fort cher ; on ne s’en sert que pour des couvertures extrèmement légeres, & qui n’ont pas besoin d’une longue durée ou pour des modeles, les facteurs d’orgue sont ceux qui en emploient le plus pour leurs tuyaux.

De la maniere de couler le plomb sur toile. Lorsque l’on veut couler le plomb sur toile, il faut se servir pour cela d’une table ou planche A, fig. 25, d’environ 18 pouces de large sur 9 à 10 piés de long, garnie de chaque côté B d’un petit bord pour empêcher que le plomb ne s’échappe, & couverte sur sa superficie d’une toile de coutil A, bien serrée & bien tendue, attachée de petits cloux tout-autour : cette planche ainsi séparée, on la pose sur deux treteaux C, dont l’un est plus élevé que l’autre, afin de donner à la table une obliquité convenable ; ensuite le plomb étant fondu, on le verse simplement dessus en passant & repassant le rable D autant qu’il est nécessaire, pour approcher le plus qu’il est possible d’une égale épaisseur : il faut observer que c’est non-seulement de l’obliquité de cette table, mais encore du degré de chaleur du plomb fondu que dépend l’épaisseur de la table que l’on veut faire ; c’est aussi de l’intelligence de l’ouvrier que dépend la bonne façon de cet ouvrage qui, quoique fait avec beaucoup de précaution & d’adresse, n’en est pas moins difficile, & ne réussit pas aussi-bien qu’on pourroit le desirer ; c’est ce qui a fait prendre le parti aux associés de la manufacture du plomb laminé d’en faire venir d’Angleterre tout laminé, d’une épaisseur parfaitement égale, aussi mince & aussi uni que le papier le plus mince & le plus uni.

Du plomb moulé. Le plomb moulé n’est autre chose que du plomb fondu jetté dans des moules faits exprès, & de la forme que l’on juge à-propos. Il s’en fait de deux especes ; l’une consiste principalement dans les tuyaux de toutes grosseurs, dont les moules sont ordinairement en cuivre ; & l’autre dans les ornemens, comme armes, armoiries, blasons, trophées, figures, statues, & toutes sortes d’amortissemens, avec dorure ou sans dorure, où l’on veut éviter la dépense du bronze, & dont les moules se font en terre le plus souvent par les fondeurs, qui connoissent plus particulierement que personne cette partie.

Pour faire des tuyaux moulés, il faut d’abord savoir comment est fait le moule : c’est une espece de cylindre de cuivre A, fig. 16. 17. & 18, d’environ deux piés & demi à trois piés de longueur, creusé en dedans en forme de tuyau d’environ cinq à six lignes d’épaisseur, proportionnément à sa grosseur, dont le diametre intérieur est relatif à la grosseur extérieure des tuyaux B que l’on veut mouler. Le milieu de ce moule est surmonté d’un jet C en forme d’entonnoir, aussi de cuivre, & tenant à la même piece par où l’on verse le plomb, comme on le peut voir dans la Pl. II. Ce moule est fait en deux morceaux, ressemblans chacun à celui fig. 18, séparé par le milieu sur sa longueur, dont le joint traversant le milieu du jet C, le touche hermétiquement par-tout, pour empêcher par ce moyen le plomb de s’évader. Il est essentiel d’y pratiquer des ouvertures sur sa longueur, afin que l’air remplacé par le plomb puisse s’échapper facilement.

Comme cette piece de cuivre est toujours fort échauffée, qu’elle a besoin de l’être pour empêcher que le plomb que l’on y coule ne se fige trop promptement, & que par conséquent il n’est pas possible alors de la manœuvrer facilement, on y pratique par les deux bouts & de chaque côté quatre especes de gougeons D, même fig. pris à même la masse du moule, percés chacun d’un trou pour y arrêter, par le moyen d’un clavette, un collier de fer plat aussi D, à charniere par en bas, & à branche par en-haut ; ce collier de fer (fig. 19.) à charniere en D est garni d’une espece de boulon E, arrêté à demeure par un bout sur le collier, & percé d’un trou plat par l’autre ; ce boulon E traverse l’extrémité supérieure du collier, & se trouve arrêté & fermé par une clavette, & c’est par les branches F que l’on peut faire agir le moule, soit pour l’onvrir ou le fermer. Dans son intérieur (fig. 16 & 17.) est un mandrin ou boulon GH, fig. 20, arrondi, à-peu-près de la longueur du moule, fait pour que le tuyau B se trouve évidé intérieurement ; ce mandrin GH est quelquefois plein & quelquefois creux ; plein, lorsqu’il ne passe pas environ deux pouces de diametre, & alors il est de fer bien arrondi, bien dressé, & creux ; lorsqu’il passe cette grosseur, on le fait en ce cas de cuivre, comme étant plutôt fait, coûtant beaucoup moins, & étant moins pesant. Ce mandrin ou boulon GH porte par une de ses extrémités G un anneau ou moufle I, dans lequel passe un crochet ou moufle K, retenu avec un boulon claveté : à son extrémité sont de fortes bandes ou sangles de cuir L, qui avec le secours du moulinet, fig. 22, font retirer le mandrin ou boulon GH de l’intérieur du tuyau, resserré alors par le refroidissement du plomb ; & pour mieux lui en procurer la facilité, on a soin de le graisser, & de tenir son extrémité H un tant-soit-peu plus petite que celle G. M, fig. 16. 17. & 21, sont des viroles de cuivre dont le côté N, plus mince, entre de toute son épaisseur dans le moule A, tel qu’on le voit dans la fig. 16, & le bout du tuyau B vient se terminer droit sur l’une de ces viroles, & obliquement sur l’autre, afin que lorsque l’on vient à verser du nouveau plomb par le jet C, il puisse se joindre avec le précédent, & faire corps avec lui, en le faisant fondre. La premiere ne sert que pour commencer un tuyau, & se place à l’extrémité du moule en P.

Nous venons de voir que le boulon GH se retiroit du moule par le secours d’un moulinet, fig. 22. G est donc le boulon ci-dessus expliqué ; L, la bande ou sangle de fort cuir qui le tient accroché en K. Les tuyaux moulés se font toujours sur une forte table A, fig. 22, posée sur de forts treteaux B, solidement assemblés. Cette table sert non-seulement à soutenir le moule pour faire les tuyaux, mais encore à soutenir le moulinet qui sert à retirer le boulon G ; ce moulinet est composé d’un rouleau C de fer bien arrondi, portant par chacune de ses extrémités un tourillon rond qui roule dans des coussinets D de cuivre, arrêté avec des vis à demeure sur la table ; au bout d’un de ces tourillons est un moulinet E à quatre branches, percé d’un trou quarré au milieu, & retenu par une clavette, par lesquelles branches on fait agir avec force le rouleau C, autour duquel tourne la sangle de cuir L qui tire le mandrin G hors du moule, pour que le moule A ne vienne pas avec le mandrin G. Lorsqu’on le retire avec le moulinet, on a soin de pratiquer sur la table des hausses ou calles retenues à demeure, contre lesquelles le moule vient s’arrêter par les charnieres des colliers.

De la maniere de faire les tuyaux moulés. Le moule préparé de la maniere qu’il vient d’être expliqué, on le pose de niveau & bien droit sur une table ou planche (fig. 22.) appuyée bien solidement sur plusieurs treteaux ; ensuite deux hommes versent, ainsi qu’on le voit dans la Pl. II. alternativement & sans interruption dans le jet C, fig. 16, du plomb liquide qu’ils prennent tour-à-tour dans la grande chaudiere du fourneau, & cela jusqu’à ce que le jet soit plein, parce que le plomb en refroidissant se retire de maniere à laisser toujours au milieu un petit trou qu’on appelle soufflure, qui, s’il n’étoit pas plein, perceroit le tuyau dans cet endroit. Le moule étant plein, on laisse refroidir le tout suffisamment, pour que le plomb ne puisse se rompre en le remuant ; ensuite en appuyant sur les branches du moulinet fig. 22, on retire le boulon du moule fig. 16 ; on défait les clavettes E, & par les branches F des colliers, on ouvre le moule en deux parties, comme on le voit fig. 17, & reste au milieu le tuyau B, portant la masse du plomb qui étoit dans le jet C, par où on l’accroche pour le retirer du moule. Cette opération finie, on n’a encore que deux piés & demi à trois piés de tuyau ; & pour en prolonger la longueur, on en laisse environ six pouces de long de celui qui est fait dans le moule, en plaçant son extrémité oblique au-dessous du jet C, afin que lorsque l’on vient à verser du nouveau plomb sur l’ancien, il puisse en le faisant fondre se joindre à lui, & ne faire qu’un corps. Ceci fait, on remet le boulon dans sa place, dont un bout entre dans les six pouces de tuyaux déja faits ; on referme le moule, & on recommence l’opération comme auparavant, jusqu’à ce qu’enfin on soit arrivé à la longueur d’environ 12 piés, qui est la plus grande longueur que l’on donne ordinairement aux tuyaux.

Il faut observer que tout ce qui dépend du moule soit bien ajusté, car autrement si le moule n’est pas bien arrondi, le tuyau devient mal fait ; si le mandrin ou boulon n’est pas aussi bien arrondi, ou se trouve placé plus d’un côté que de l’autre, le tuyau est aussi plus épais d’un côté que de l’autre, & prend une mauvaise forme. Ainsi toutes ces observations sont absolument nécessaires pour bien opérer.

Il faut encore remarquer avant de couler le plomb, de le bien purifier dans la chaudiere, & que lorsque l’on vient à le couler, il soit assez chaud pour faire fondre l’ancien, afin que par-là il puisse se lier plus intimement avec lui. Il ne faut pas qu’il soit trop chaud, car en général le plomb trop échauffé se brûle, ce qui forme une infinité de pores très-ouverts, par où l’eau se perd quelquefois, sur-tout lorsqu’elle se trouve forcée par des reservoirs fort élevés : & c’est là le plus souvent le défaut qui occasionne les réparations continuelles des tuyaux de conduite.

La seconde espece de plomb moulé est, comme nous l’avons dit, celle que l’on emploie pour toutes sortes d’ornemens d’architecture & de sculpture, dont les moules se font en terre exprès pour chaque piece, & ne peuvent servir qu’une fois. Cette partie ne regarde en aucune maniere les Plombiers, mais plutôt les Fondeurs en cuivre, dont la plus grande difficulté consiste dans la façon des moules, & devient par conséquent étrangere à notre objet.

Du plomb selon ses façons. Plomb en table est celui qui a été fondu & coulé sur une table appellée moule, couverte d’un sable très-uni.

Plomb laminé est celui qui a été pressé également entre deux cylindres, qui par cette compression uniforme acquiert une épaisseur parfaitement égale, qualité que n’a pas le premier, dont l’épaisseur est toujours fort inégale.

Plomb coulé sur la toile est un plomb en table très mince, très-rare, fort difficile à faire, & dont on se sert aussi très-rarement.

Plomb en culot est du vieux plomb qui a servi, & que l’on jette à la fonte.

Plomb alquifoux est l’écume du premier, que les Potiers de terre emploient dans leurs ouvrages.

Plomb de mine ou mine de plomb, est une pierre que l’on taille, & dont on fait des crayons pour le dessein.

Plomb d’horloges sont des poids ou contrepoids qui servent à les faire mouvoir ou à en régler le mouvement.

Plomb se dit des balles de mousquet & autres charges d’armes à feu.

Plomb de vître est du plomb fondu en petits lingots dans une lingotiere[3], & ensuite tiré par verges à deux rainures dans un petit moulin appellé tire-plomb, à l’usage des compartimens de panneaux de vître.

Plomb de chef-d’œuvre est le plus étroit & le plus proche à l’usage des pieces d’expérience & les chefs-d’œuvres. Voyez le Dictionn. de Daviler.

Plomb se dit encore d’une espece de chaudiere plate & quarrée faite de plomb, dont on fait usage dans les salines de Normandie.

Plombs sont encore des morceaux de plomb ronds pesant près d’une livre, que l’on place dans les manches des robes des femmes pour leur faire prendre le pli qu’on juge à-propos.

Plombs de toilette étoient autrefois des especes de petits cônes en forme de pain de sucre, de plomb, d’argent ou d’autre métal, qu’on appelloit ainsi, & dont les femmes se servoient pour se coëffer, en les attachant par le sommet à un ruban qui tenoit à leur bonnet, pour le rendre ferme tandis qu’elles ajustoient le reste de la coëffure.

Plomb est un morceau de plomb que l’on suspend au bout d’une ficelle pour prendre des à-plombs, des niveaux & autres choses semblables, à l’usage des ouvriers dans les bâtimens.

Aplomb, ligne droite qui est suspendue perpendiculairement, & dont l’extrémité inférieure tend au centre de la terre.

Plomb ou niveau à regle, est lorsque le plomb pendant au bout d’un fil tendu arrêté au sommet d’une regle, bat d’un bout à l’autre sur son échancrure.

Plomb ou niveau à talut, est celui qui étant arrêté au sommet d’un triangle, bat sur la base.

Ces deux dernieres especes sont employées par les Maçons, & presque tous les ouvriers du bâtiment.

Plomb à chas est celui qui passe par le trou d’un petit ais.

Plomb, ou niveau de Paveurs, est celui dont se servent les paveurs, & qui est suspendu au bout d’une regle qui se leve à angle droit sur le milieu d’une autre de cuivre ou de bois.

Plomb, ou niveau des Mathématiciens, est celui qui se trouve placé dans presque tous les étuis dits étuis de mathématique ; ce n’est autre chose qu’une équerre à deux branches de long, d’une desquelles est suspendu un petit plomb par une soie.

Plomb de sonde, est en terme de marine, un plomb fait en cône attaché au bout d’une corde appellée ligne, avec lequel on sonde dans la mer, soit pour en mesurer la profondeur, soit pour distinguer la qualité du fond.

Plomb, est aussi le nom que l’on donne à une maladie dont sont quelquefois attaqués ceux qui travaillent aux vuidanges des fosses d’aisance. Lorsque l’on n’y est pas fait, elle est suffocante, & ressemble par ses symptomes à l’apoplexie ; on risque beaucoup d’en mourir, si on n’est promptement secouru en prenant l’air & en vomissant.

Plomb blanc, en terme de philosophie hermétique, c’est le plomb liquide : le plomb fondu, dit-on, est la matiere des sages ; lorsqu’il est parvenu au noir très-noir, c’est le plomb des philosophes ; c’est l’ouvrage de la pierre des sages, ou le mercure hermétique. Quelques-uns d’eux appellent leur plomb la matiere qui se cuit dans l’œuf, lorsqu’elle est devenue comme de la poix fondue : c’est-là l’explication la plus véritable de leur sens caché.

Plombs de Rome, ou bulles sous plomb, étoient autrefois des especes de sceaux d’or, d’argent, de cire ou de plomb, apposés sur des papiers de conséquence : il y en avoit de deux sortes, l’une que l’on nommoit plomb de la chambre, étoit ordonné par le pape ; on lui apportoit les bulles auxquelles il donnoit sa bénédiction ; l’autre appellée plomb de la chancellerie, étoit ordonnée par quelques prélats qui y présidoient. Le plomb de Rome étoit très-cher : les officiers du plomb étoient le président, les collecteurs, les maîtres, & le receveur caissier.

Des soudures. La plomberie ne consiste pas seulement dans l’art d’employer le plomb des différentes manieres que nous l’avons vu, mais encore dans celui d’y faire les soudures nécessaires sur divers plans inclinés ou de niveau, pour le joindre avec d’autres métaux, & même pour joindre les métaux homogenes ou hétérogenes ensemble, ainsi que dans celui de composer une soudure analogue à chacun d’eux.

De la soudure en général. Lorsque l’on a des métaux à souder ensemble, on est obligé pour cela d’employer le même métal, ou au-moins un autre qui approche le plus qu’il est possible de sa nature, pour que ce nouveau métal puisse bien lier les autres ensemble, il faut qu’étant échauffé il puisse fondre avant eux, & en coulant s’étendre & s’agraffer à leurs surfaces, & faire un corps solide lorsqu’il est figé. Ainsi un métal de même nature que celui que l’on veut souder, ne fondoit pas plutôt, ce qui ne pourroit réussir. On est donc alors obligé d’en allier un autre avec lui plus facile à fondre, & qui le fasse couler plus promptement ; c’est ce que l’on fait dans les soudures de chaque métal, ainsi que dans la plomberie, pour souder le plomb.

De la soudure en particulier. Le métal qui approche le plus de la nature du plomb, est comme nous l’avons vu, l’étain que les marchands vendent depuis vingt-huit sols jusqu’à trente-deux sols la livre, selon sa qualité ; c’est celui que les anciens appelloient autrefois plomb blanc, pour le distinguer de celui qu’ils appelloient plomb noir, & que nous appellons maintenant plomb ; mais ce métal seul étant fondu, devient presque aussi liquide que de l’eau, coule trop facilement, & ne peut par conséquent demeurer en place lors de son emploi, quoique cependant avec un peu d’art on en puisse venir à bout. D’ailleurs, étant froid, il seroit si dur, qu’il feroit casser le plomb dans l’endroit où l’un & l’autre se joignent ; ce qui arrive encore quelquefois malgré les précautions que l’on a prises lorsqu’on veut l’employer ; il est très-facile de corriger ce défaut en l’alliant avec du plomb. Cet alliage est encore un art selon les lieux où on l’emploie ; car comme les soudures se font également sur des plans horisontaux, verticaux, ou obliques, la soudure qui est trop facile à couler pour les uns, est très-bonne pour les autres ; & la dose de l’un & de l’autre est une connoissance nécessaire pour remédier à ces sortes d’inconvéniens.

Autrefois cette dose étoit de mêler ensemble autant de plomb que d’étain ; mais le tems ayant renchéri l’un & l’autre en proportion, les ouvriers plus avides maintenant du gain, ne mettent plus guere qu’un tiers d’étain sur deux tiers de plomb, & fort souvent un quart de l’un, & les trois quarts de l’autre : ce qui fait une soudure beaucoup plus difficile à fondre & à employer, qui cependant devient convenable en certains cas, comme nous le verrons par la suite.

Des différentes soudures, & de la maniere de les faire. Il y a plusieurs manieres de faire les soudures ; les unes se sont sur des plans horisontaux, & ce sont les plus faciles ; les autres sur des plans verticaux, & ce sont les plus difficiles ; d’autres sur des plans qui participent des deux especes, c’est-à-dire, sur des plans inclinés plus ou moins, selon les places qu’il n’est pas toujours en son pouvoir de choisir. Celles-ci ne sont difficiles qu’autant que l’obliquité du plan approche de la perpendiculaire ; c’est dans ce dernier cas, que l’on emploie la soudure la plus dure à fondre, comme coulant plus difficilement, & demeurant plus facilement en place.

Les soudures se divisent en deux especes ; les unes appellées à côte, servent pour joindre les tables de plomb ensemble par leurs extrémités, soit pour doubler l’intérieur des réservoirs, la superficie des terrasses, plate-formes, &c. soit pour des tuyaux que l’on appelle alors tuyaux soudés, dont nous verrons l’explication ci-après ; les autres appellées à nœuds, servent non-seulement à joindre des tuyaux les uns au bout des autres pour des conduites d’eau, mais encore des corps de pompe, portes, clapets, calotes, ou brides de cuivre au bout de ces mêmes tuyaux, dont on fait aussi des enfourchemens de pompes, & autres choses semblables.

Des soudures à côtes. Lors donc que l’on a deux tables, A, fig. 26. à souder ensemble par leurs extrémités, on commence par gratter le plomb avec un grattoir, fig. 35, 36, ou 37 ; & de la largeur que doit être la soudure convenablement à l’épaisseur du plomb, jusqu’à ce qu’il devienne très-clair & très brillant. Si le plomb n’a qu’une ligne d’épaisseur, une soudure d’environ deux pouces, est assez large ; si le plomb en a deux, la soudure doit avoir environ trois pouces, & le reste à proportion. C’est la même chose pour des tuyaux soudés, figure 27, qui ne sont autre chose que du plomb en table, dont la largeur relative à la circonférence du tuyau que l’on veut faire, est arrondie & repliée sur elle-même, & soudée à côté, comme dans la figure précédente.

Si le plomb qui a été gratté est d’une forte épaisseur, il est nécessaire avant que de le souder de l’échauffer, soit avec des torches de paille ou des charbons de feu placés dessus & autour de l’endroit que l’on veut souder, soit avec des polastres, (fig. 39. & 40.) remplis de charbons allumés que l’on pousse dans l’intérieur des tuyaux : ensuite après avoir frotté l’endroit de poix-résine, on jette dessus une ou plusieurs cuillerées de soudure liquide qui l’échauffe encore plus, & en frottant les fers à souder (fig. 38. & 34.) sur le plomb, en maniant & pétrissant à diverses reprises avec un porte-soudure (fig. 38.), la soudure en forme de pâte mêlée toujours de tems en tems de poix résine, qui attire à soi les ordures & les crasses qui empêcheroient la soudure de s’agraffer. On étame bien le plomb ; on lie bien toute la soudure ensemble, dont on ôte le superflu en lui donnant la forme de côte B, fig. 9. 26, 27, 29 & 30, d’où elle tire son nom.

Il faut remarquer que s’il est tombé par hasard de l’eau ou de la poussiere sur le plomb gratté, ou si on l’a laissé trois ou quatre heures gratté sans l’étamer, la soudure alors ne peut plus s’y agraffer, & il faut absolument le regratter de nouveau pour pouvoir l’étamer.

Il faut savoir encore qu’un seul homme ne peut souder & faire chauffer les fers en même tems, surtout pour des ouvrages un peu longs ; il lui faut alors un aide qui fasse ce dernier ouvrage, & qui lui porte de momens à autres un fer chaud, en reprenant l’ancien qu’il fait chauffer de nouveau.

Des soudures a nœuds. Lorsque l’on veut faire des soudures à nœuds, dites nœuds de soudure, comme par exemple si c’est pour joindre deux tuyaux de plomb A & B, fig. 28. ensemble bout à bout, il faut, pour les préparer, les amincir sur leur circonférence chacun par le bout A & B que l’on veut souder, ensuite les gratter extérieurement de la longueur que l’on veut faire le nœud, qui doit être proportionnée à la grosseur des tuyaux : on les joint ensemble bout à bout en les faisant entrer un peu l’un dans l’autre, on verse de la soudure dessus & avec les fers à souder on les étame, on broie bien la soudure avec le porte-soudure, fig. 38. en en ôtant le superflu & observant, comme nous l’avons vû, de les souder aussi-tôt après qu’ils ont été grattés : si leur grosseur extérieure ne passe pas quatre pouces de diametre, la soudure liquide que l’on verse dessus suffit seule pour les échauffer ; mais si elle va au-delà de quatre pouces, on est obligé alors d’avoir recours à un feu étranger.

Les nœuds de soudure, fig. 30. faits pour joindre le plomb A avec le cuivre C, ou le cuivre avec le cuivre, different seulement en ce que le cuivre étant plus difficile à étamer, il faut le faire par avance en limant d’abord la partie extérieure qui doit être soudée avec la lime ou rape, fig. 43. en l’étamant ensuite, soit en le frottant avec des étoupes[4] ou les fers à souder, fig. 32. & 34. on joint l’un & l’autre bout à bout & on fait le nœud.

Toutes les soudures de Plomberie ne different presque point de celles que nous venons de voir, ce sont toujours des soudures à côte ou à nœuds, ce sont toujours pour tels ouvrages que ce soit le porte-soudure, fig. 38. les fers à souder, fig. 32. & 34. la soudure liquide que l’on verse dessus la poix résine dont on se sert ; il est vrai que celles qui se font sur des plans inclinés non-seulement sont plus difficiles, mais encore font perdre beaucoup de soudure.

De la maniere de séparer la soudure des vieux plombs. La maniere de séparer la soudure des vieux plombs est fort simple : elle ne consiste qu’à les environner de paille à laquelle on met le feu, ce feu échauffe la soudure au point de la faire casser & se détacher d’elle-même du plomb, ensuite on la ramasse pour la mettre à part ; car quoiqu’ayant déja servi & n’ayant plus autant de qualité que la nouvelle, elle ne laisse pas encore d’avoir une certaine valeur : d’ailleurs si on ne la séparoit pas & qu’on la mît indistinctement à la fonte avec le vieux plomb, elle ne manqueroit pas de lui ôter sa pureté, & de le rendre dur & cassant.

Explication des instrumens de Plomberie & de toutes les parties qui y ont rapport. La fig. premiere & la fig. 2. sont les formes des masses de plomb, telles qu’elles arrivent des mines. Quoiqu’il y en ait de plusieurs autres formes, ce sont cependant là les plus ordinaires, plus grosses ou plus petites ; leur poids differe depuis environ cinquante livres jusqu’à cent cinquante & deux cens livres. Cette fig. premiere se nomme navette, & cette fig. 2. saumon ; néanmoins sous cette derniere dénomination on comprend toute sorte de masses de plomb. Les masses d’étain ont à-peu-près la même forme & le même poids ; la différence est que comme ce dernier est beaucoup plus cher, & que l’on en emploie moins à la fois, on le réduit, pour la facilité du détail, à toute sorte de poids, jusqu’à des especes de petits chapeaux quarrés qui pesent environ six, huit & dix livres.

La fig. 3. est une cuillere de fer pour la commodité du transport du plomb liquide. Il y en a de plusieurs grandeurs selon le besoin que l’on en a, mais les plus grandes ne doivent guere contenir plus de quarante livres de plomb, poids qui seroit alors trop lourd pour la force d’un seul homme. Son extrémité inférieure est en forme de crochet, pour pouvoir la suspendre dans les atteliers.

La fig. 4. est une marmite de fer dans laquelle on peut faire fondre une certaine quantité de plomb ; elle est posée sur trois piés avec deux anses A, par lesquels on la transporte lorsqu’elle est pleine.

La fig. 5. est une poële aussi posée sur trois piés, avec deux anses A pour la transporter, employée aussi aux mêmes usages.

La fig. 6. est un instrument de fer mince, ou de forte tôle, appellé polastre, dans lequel on met de la braise ou charbon de bois allumé, pour faire chauffer les fers à souder fig. 32. & 34. en les plaçant tout-autour dans les échancrures A le gros bout en-dedans & la queue en-dehors. Cet instrument peut être quarré, rectangulaire, circulaire, ovale, ou d’autre forme que l’on juge à-propos.

La fig. 7. est un autre polastre dans lequel on peut aussi mettre la marmite à fondre le plomb ; & alors il sert aux deux usages à-la-fois, c’est-à-dire, à chauffer les fers & à fondre le plomb.

La fig. 8. est la coupe, la fig. 9. le plan géométral, & la fig. 10. l’élévation perspective du fourneau & de la chaudiere où on fait fondre le plomb, dont nous avons déja vû ci-devant la description.

La fig. 11. est le moule où l’on coule le plomb en table ; il est inutile de répéter l’explication que nous en avons déja vû ci-devant.

La fig. 12. est un instrument appellé rable, qui, comme nous l’avons dit, n’est autre chose qu’une planche de bois de chêne A, échancrée par chaque bout B, pour le faire entrer dans le moule qu’on meut d’un bout à l’autre par le manche C, & donner par ce moyen à la table de plomb l’épaisseur que l’on juge à-propos ; la longueur de la planche A de ce rable ne pouvant varier comme la largeur des tables de plomb dont on a besoin, on est obligé pour cela d’en avoir un pour chaque largeur différente.

La fig. 13. est un instrument appellé plane, qui sert à planer le sable C du moule, fig. 11. pour le rendre uni après y avoir passé le rable, fig. 12. Cette plane est une planche de cuivre A d’environ six à huit lignes d’épaisseur, bien unie par-dessous, portant une poignée B aussi de cuivre, & arrêtée à demeure sur la planche A, par laquelle on la tient pour planer. On a soin, avant que de s’en servir, de la faire chauffer un peu, afin que le sable humide ne puisse s’y attacher.

La fig. 14. est un instrument appellé poële à verser. C’est une espece d’auget de cuivre rouge A, contenu pour le soutenir dans un chassis de fer B à plusieurs branches, réunies à une seule C qu’on appelle queue de la poële. Cet instrument est. sait pour contenir la quantité de plomb dont on a besoin pour faire la table dans le moule, fig. 11. au sommet duquel il est toujours placé sur un fort treteau de bois, solidement assemblé, & capable de soutenir sa pesanteur.

Les fig. 16. 17. 18. 19. 20 & 21. sont tout ce qui dépend des moules propres à faire les tuyaux moulés, dont nous avons déja vû ci-devant l’explication.

La fig. 22. est la table sur laquelle on fait les tuyaux moulés, dont nous avons aussi vû l’explication.

La fig. 23. est une cuillere percée, ou, pour la mieux nommer, poële à marrons. C’est vraiment d’une telle poële qu’on se sert pour écumer le plomb lorsqu’il est fondu. Pour s’en servir, on la tient par la queue A, on prend une quantité d’ordure ou de crasse qui nâge sur le plomb, on secoue la poële, le plomb coule par ses trous & l’écume reste, que l’on met à part pour les Potiers-de-terre ; la queue A de la poële se termine par en-haut d’une douille creuse B, dans laquelle on peut enfoncer un bâton pour alonger le manche en cas de nécessité.

La fig. 24. est un rouleau de plomb en table, que l’on roule ainsi lorsqu’il a été coulé pour être plus portatif & moins embarrassant. Lorsque l’on veut transporter ces sortes de rouleaux, on passe de chaque côté A le bout d’un levier, fig. 51. que plusieurs hommes transportent à bras[5], ou sur leurs épaules.

La fig. 25. est une table de toile posée sur deux treteaux, sur laquelle on coule le plomb, dit plomb coulé sur toile, dont nous avons déja parlé.

La fig. 26. sont deux fragmens de table de plomb A soudés à côte B.

La fig. 27. est une table de plomb, recourbée sur elle-même en forme de tuyau, aussi soudé à côte B.

La fig. 28. sont deux fragmens de tuyaux amincis par le bout A & B, & préparés à être soudés à nœuds.

La fig. 29. sont les deux bouts de tuyaux précédens soudés à nœuds en B.

La fig. 30. est aussi un nœud de soudure B, qui joint un bout de tuyau indéfini A avec une calotte de cuivre C à l’usage des pompes.

Nous avons déja vû l’explication de ces dernieres figures, ainsi il est inutile de s’y étendre davantage.

La fig. 32. & 34. sont deux fers à souder, dont le premier est plus camus selon les différens endroits où l’on s’en sert : chacun d’eux se font chauffer alternativement dans le polastre, fig. 6. & 7. rempli de feu par les échancrures A ; leur degré de chaleur propre à souder est toujours lorsqu’ils commencent à rougir ; si on les laisse davantage au feu, ils se brûlent, c’est-à-dire, que les pores du fer s’ouvrent, & qu’il se forme dessus des écailles. On peut à-la-vérité les réparer en les frottant avec du grès, mais c’est un tems perdu que les soudures ne peuvent permettre, parce que, dit-on, lorsque le fer est chaud, il faut le battre. Aussi lorsque le tuyau que l’on soude & la soudure qui est déja dessus sont échauffés, il faut finir sans perdre de tems ; néanmoins, comme on a toujours soin d’en mettre cinq, six, ou huit à-la-fois au feu, s’il s’en brûle quelques-uns, on a le tems de les réparer pendant le service des autres.

Les fig. 31. & 33. sont deux demi-manches de bois, arrondis en-dehors & en-dedans, qui ensemble font le manche entier, avec lequel on prend les fers à souder par la queue, qui ordinairement sont toujours très-chauds, & que pour cela on ne sauroit prendre à la main.

La fig. 35. est un instrument appellé grattoir ; c’est une espece de triangle equilatéral A dont le périmetre est tranchant, posé & rivé par le milieu sur une tige de fer B à pointe emmanchée dans un manche de bois par lequel on le tient pour s’en servir. Son usage est de gratter le plomb que l’on veut souder, pour le rendre clair & brillant, afin que la soudure puisse mieux s’y agraffer.

Les fig. 36. & 37. sont aussi deux autres grattoirs à deux tranchans employés aux mêmes usages.

La fig. 38. est un instrument appellé porte-soudure ; c’est un morceau de coutil bien serré, plié en six, huit ou dix, formant un quarré ou rectangle d’environ huit pouces de large, dont la superficie est frottée de graisse ou de poix-résine, de peur que la soudure ne s’y attache : il sert à manier la soudure toute chaude en forme de pâte, & à lui donner la forme que l’on juge à propos.

Les fig. 39. & 40. sont des polastres de différentes longueurs, faits de tole, remplis de feu que l’on glisse dans les tuyaux que l’on veut souder, pour les échauffer. Ils sont percés de trous d’un bout à l’autre, afin que la chaleur puisse en sortir plus facilement.

La fig. 41. est un instrument appellé tranchel, qui sert à couper le plomb par le tranchant aciéré A, en le tenant par le manche B d’une main, & frappant de l’autre sur le dos C avec la batte, (fig. 46.)

La fig. 42. est un instrument appellé serpe, qui sert à couper du bois pour différens usages par le tranchant aciéré A, en le tenant par le manche B.

Il y a encore d’autres serpes beaucoup plus petites qu’on appelle pour cela serpettes, employées aux mêmes usages.

La fig. 43. est une lime ou rape qui sert à limer ou raper toutes sortes de choses, comme cuivre, plomb, bois, &c. pour les outils dont on a besoin.

La fig. 44. est un instrument appellé gouge, dont le taillant aciéré A est circulaire, emmanché dans un manche de bois, & dont on se sert pour couper le plomb ou le bois, selon les occasions que l’on a de s’en servir, en frappant sur le manche B avec la batte, (fig. 46.)

La fig. 45. est un ciseau aussi aciéré, servant aux mêmes usages que la gouge précédente, sur la tête A duquel on frappe aussi avec la batte, fig. 46.

La fig. 46. est un instrument de bois appellé batte, à demi-arrondi & sans précaution, dont on se sert en le tenant par le manche A, pour frapper sur les outils qui coupent le plomb. Cet instrument a beaucoup plus de coup[6] & frappe beaucoup plus fort qu’un marteau, (fig. 55) qui seroit de sa grosseur, & est beaucoup moins pesant, & par conséquent plus commode : on a soin de prendre pour cela du bois noueux, & qui se fende difficilement, comme l’orme, le frêne & autres.

Les fig. 47. 48. & 49. sont trois instrumens qui servent à monter sans échelle & sans échaffaud sur les bâtimens : celui-ci est une corde ou cordage, dite corde nouée, d’environ un pouce de diametre, ou trois pouces de tour[7] nouée d’environ quinze pouces en quinze pouces de distance que l’on suspend, & que l’on attache bien solidement au haut du bâtiment, ou de l’endroit où l’on doit monter.

La fig.48. est un autre instrument appellé jambette, parce qu’il se passe dans les jambes : c’est une forte courroie qui passe dans une esse A arrêtée avec de la ficelle en B, à laquelle sont attachées deux autres courroies C qui traversent, y ayant à chacune une boucle. On place un pareil instrument dans chaque jambe, en observant de mettre la partie D de la courroie sous la plante du pié : ces deux instrumens étant ainsi bouclés, & la corde nouée (fig. 49) étant attachée, on accroche alternativement les esses A de chaque jambette (fig. 48.) dans chaque nœud de la corde ; & de nœud en nœud, comme d’échelon en échelon, ou de degré en degré, on arrive enfin au haut de l’endroit où l’on a besoin de travailler : on a soin de porter avec soi en montant l’instrument (fig. 47) appellé sellette qui est composé d’une planchette A suspendue par quatre cordes B, & fixée aussi à une esse C pour l’accrocher dans un nœud de la corde nouée, lorsque l’on est arrivé au lieu où l’on a affaire ; & ainsi accrochée, on peut s’asseoir fort commodément dessus, & travailler fort à son aise.

La fig. 50 est un instrument appellé bâton à labourer : on s’en sert par le bout A qui est un peu aminci pour labourer le sable sur lequel on coule le plomb en table.

La fig. 51. est un levier de bois d’environ quatre, cinq ou six pouces de grosseur sur quatre, six & huit piés de long. Il y en a de plusieurs especes dans les atteliers, & ils servent tous pour lever des fardeaux de plomb, ou pour transporter des rouleaux en table ou autrement.

La fig. 52. est un instrument appellé batte plate : c’est une espece de demi-cylindre A de bois, portant dans son milieu un manche de bois B par lequel on le tient : on s’en sert pour dresser des tables de plomb en frappant à plat dessus.

La fig. 53. est une autre batte faite pour arrondir des tuyaux ou autres ouvrages de cette espece : le côté A qui est circulaire, est fort commode pour les dresser en frappant intérieurement.

La fig. 54. est encore une batte d’une autre forme aussi employée à-peu-près aux mêmes usages.

La fig. 55. est un marteau dit marteau de Plombier, parce qu’il differe de celui des autres arts, en ce que son manche est retenu dans l’œil du marteau par des petites plates-bandes A à queue d’aronde attachées & rivées sur le manche : le côté B de ce marteau est appellé comme les autres, tête du marteau ; & le côté C panne du marteau.

La fig. 56. est un instrument appellé compas fait pour prendre des distances égales.

La fig. 57. est un instrument de fer appellé plane, garni d’un tranchant A aciéré : cet instrument est à pointes coudées par chaque bout B emmanché dans un manche de bois : on s’en sert en le tenant à deux mains, pour planer ou couper du bois propre à faire des calles, serres, ou autres choses nécessaires pour s’équipper.[8]

La fig. 58. est un instrument appellé niveau, qui sert à placer sur les chaîneaux, gouttieres, &c. pour leur donner une pente convenable pour l’écoulement des eaux, en faisant porter dessus les piés A : au milieu est un petit plomb B suspendu à une ficelle qui marque le degré d’inclinaison du plan sur lequel il est posé.

La fig. 59. est un instrument de fer appellé debordoir rond, avec un tranchant aciéré A à pointe par chacune de ses extrémités, & emmanché comme la plane (fig. 57.) dans deux manches de bois : on s’en sert aussi de la même maniere pour de pareilles choses.

La fig. 60. est un plomb A suspendu à une ficelle B qui sert à jauger si les ouvrages que l’on pose, sont perpendiculaires.

Les fig. 61, 62, 63, 64, 65, 66 sont divers ouvrages de plomberie les plus ordinaires, & dont nous n’avons point encore parlé.

La premiere (fig. 61.) est appellée plomb, & communément dans les maisons plomb : elle sert pour les tuyaux de descente pour l’écoulement des eaux, & pour la commodité des locataires, on en place ordinairement une à chaque étage, attachée sur le mur avec des crampons de fer & des cloux ; le tuyau inférieur va descendre dans la hotte de l’étage inférieur, & de hotte en hotte, les eaux s’écoulent jusqu’en bas.

La fig. 62. est un chaîneau de plomb de la longueur que l’on a besoin, & d’une grandeur proportionnée à la quantité des eaux qui y passent, fait pour transporter celles qui viennent d’un tuyau dans un autre, & qui assez souvent dans les maisons vont s’écouler dans les hottes dont nous venons de parler.

La fig. 63. est une goutiere qui n’est autre chose qu’une table de plomb pliée en trois, qui excede de deux ou trois piés les bâtimens, pour jetter dehors les eaux qui s’amassent sur les combles : comme ce plomb ne sauroit se soutenir seul, ayant autant de saillie, on le supporte par dessous avec une barre de fer plat.

La fig. 64. est une gouttiere d’une autre espece qui n’est autre chose qu’une table de plomb pliée angulairement dans le milieu, supportée par une piece de bois de même forme qui sert comme la précédente à jetter dehors les eaux des combles.

La fig. 65. est une lucarne de plomb que l’on place sur les combles, pour éclairer l’intérieur, ou donner de l’air dans les greniers, pour empêcher la charpente de se pourrir.

La fig. 66. est une portion de comble dont le faitage A, les arrestiers B & le poinçon C sont couverts de plomb en table.

Cette sorte de plomb sert pour toutes les especes de couverture de comble, soit en entier, soit en partie, les plates-formes, terrasses, & la plûpart des lieux d’une certaine importance, où l’on a besoin d’être à l’abri des pluies ou autres intempéries de l’air. Article de M. Lucote.


  1. On dit communément qu’un homme travaille en ville, lorsque son ouvrage se fait chez le propriétaire & hors de l’attelier.
  2. On appelle forger, frapper un métal quelconque, pour en resserrer les pores.
  3. On appelle lingotiere une cavité à longueur, pratiquée dans un morceau de fer ou de cuivre, pour y couler les métaux.
  4. Des étoupes sont des tampons de filasse.
  5. On appelle transporter à bras, lorsque les hommes emploient la force de leurs bras pour le transport des fardeaux.
  6. On dit qu’une masse ou marteau a plus de coup qu’un autre, lorsqu’étant plus léger ou de même poids, ses coups font plus d’effet.
  7. On dit, en terme de Cordier, qu’une corde ou cordage a tant de tour, c’est-à-dire de circonférence ; & c’est ainsi qu’ils les mesurent toujours.
  8. On appelle s’équipper, préparer tout ce qu’il faut pour un genre d’ouvrage.