L’Encyclopédie/1re édition/PISSEMENT de sang

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PISSEMENT de sang, (Médecine.) on appelle pissement de sang, toute évacuation sanguinolente qui se fait par le canal de l’urethre, soit qu’on y voye un mélange d’urine, soit qu’il n’y en ait point.

Le sang peut passer par des vaisseaux trop dilatés ; & quand il est intimement mêlé à l’urine, il n’est guere possible de le distinguer de l’urine sanguinolente ; mais quand les vaisseaux sont une fois rompus, le sang est moins mêlé à l’urine, & est par conséquent plus pur. Le sang qui vient directement de l’urethre ou des corps spongieux, coule quelquefois sans qu’on rende d’urine ; mais c’est en petite quantité.

Si dans les jeunes gens pléthoriques, dans la mutilation de quelque membre, dans l’hémorrhagie, les hémorrhoïdes, la suppression des vuidanges ou des menstrues, la pléthore est suivie d’un pissement de sang ; il est ordinairement salutaire, & la saignée suffit pour l’arrêter.

Mais celui qui doit sa naissance à quelque mouvement d’irritation particuliere, produit dans les reins, par l’abus des diurétiques, des emménagogues, est à craindre ; & dans ce cas il faut avoir recours aux délayans, aux mucilagineux, aux huileux, pris abondamment.

Dans le cas d’une circulation générale qui devient plus grande lorsqu’on a fait beaucoup d’exercice, qu’on est allé à cheval, qu’on a élevé un poids considérable, ou qui est une suite d’une fievre aiguë, ardente, du trop grand usage des échauffans, des spiritueux, des aromates, d’autres corps âcres, de la colere, ou de toute passion de l’ame, & qui produit un pissement de sang ; il convient d’employer les rafraîchissans anodins.

Quant au sang trop dissous presqu’incoërcible dans les maladies chroniques, le catharre, le scorbut, l’acrimonie, & les autres colliquations des humeurs accompagnées du relâchement des solides ; il le faut épaissir à la faveur des corroborans doués d’acrimonie particuliere & convenable.

Le pissement de sang qui survient dans les fievres malignes, pestilentielles, putrides, dans les pétéchies, ou lorsque la petite vérole, la rougeole, la pleurésie, l’érésipelle, ou l’inflammation, ont dégénéré en corruption, est un accident dangereux ; on tâchera de l’arrêter par les antiseptiques combinés avec les incrassans.

Le calcul attaché aux reins ou à la vessie, & qui par son aspérité, blesse les vaisseaux, ne permet pas l’usage des forts diurétiques ; mai pour procurer la sortie de cette pierre, il faut employer les boissons adoucissantes, oléagineuses, les mucilagineux, les savonneux, & les anodins. Dès qu’on a eu le bonheur de faire sortir ce corps étranger, le pissement de sang s’arrête ordinairement de lui-même ; ou bien on réussit à le faire cesser, en ajoutant les consolidans aux remedes dont on vient de parler.

Enfin, le pissement de sang qui arrive après les blessures, les contusions, & les corrosions de ces parties, ne peut trouver sa guérison, que dans le traitement propre à ces maladies.

Outre les accidens généraux qui sont une suite de toutes sortes d’hémorrhagies, la concrétion du sang arrête quelquefois l’écoulement de l’urine, laisse un ulcere dans les reins ou la vessie, & cause ensuite une urine purulente. (D. J.)