L’Encyclopédie/1re édition/PISCINA

PISCINE  ►

PISCINA, (Geog. mod.) petite ville, ou plutôt bourgade d’Italie, au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure, à un mille de la rive orientale du lac Celano.

C’est dans cette bourgade que naquit, le 14 Juillet 1602, Mazarini (Jules) qui devint cardinal, & premier ministre d’état en France. Il mourut à Vincennes le 9 Mars 1661, à 59 ans.

Voici ce qu’en dit M. de Voltaire. Le cardinal Mazarin ne fit de bien qu’à lui & à sa famille par rapport à lui. Huit années de puissance absolue ne furent marquées par aucun établissement glorieux ou utile ; car le collége des Quatre-Nations ne fut que l’effet de son testament. Il se donna toutes les grosses abbayes du royaume, ensorte qu’il étoit riche à sa mort, d’environ deux cens millions de notre monnoie actuelle ; & plusieurs mémoires disent qu’il en a amassé une partie par des moyens au-dessous de sa place. Etant près de mourir, il craignit pour ses biens, & il en fit au roi la donation, persuadé que le roi les lui rendroit, en quoi il ne se trompa pas.

Le seul monument qui fait honneur au cardinal Mazarin, est l’acquisition de l’Alsace. Il procura cette province à la France, dans le tems que la France étoit avec raison déchaînée contre lui ; & par une fatalité singuliere, il fit du bien au royaume, lorsqu’il y étoit persécuté, & n’en fit point dans le tems de sa grande puissance.

On le vit, dit un de nos écrivains, tranquille en agissant, souple & pliant sous l’orage, vain & orgueilleux dans le tems de son crédit ; habile à prévoir, songeant toujours à tromper ; insensible aux plaisanteries de la Fronde, méprisant les bravades du coadjuteur, & écoutant les murmures du peuple comme on écoute du rivage le bruit des flots de la mer.

Il y avoit dans le cardinal de Richelieu quelque chose de plus grand, de plus vaste & de moins concerté. C’étoit dans le cardinal Mazarin, plus d’adresse, plus d’artifices, & moins d’écarts. Richelieu étoit un implacable ennemi, & Mazarin un ami dangereux. On haïssoit l’un, & l’on se mocquoit de l’autre ; mais tous deux furent les maîtres de l’état ; tous deux ennemis déclarés des princes du sang : enfin tous deux fils de la fortune & de la politique, étalant un faste égal à celui des rois, opprimerent indignement les citoyens & la patrie. (D. J.)