L’Encyclopédie/1re édition/PILOT ou PILOTIS

◄  PILOSITES
PILOTAGE  ►

PILOT ou PILOTIS, s. f. (Archit. hydraul.) piece de bois de chêne ronde, employée de sa grosseur, affilée par un bout, quelquefois armée d’un fer pointu, & à quatre branches & fretée en sa couronne de fer qu’on enfonce en terre pour affermir un terrein.

On se sert pour enfoncer les pilots d’une machine appellée sonnette, & on estime ainsi le tems & la dépense que cause l’enfoncement.

On commence à sonder le fonds où l’on veut travailler : cette opération fait connoître la densité du terrein dans lequel le pilot doit être enfoncé. Si cette densité est uniforme, l’enfoncement croît à proportion du nombre des coups égaux qu’elle reçoit ; est-elle variable ? C’est par la différence des coups qu’on juge de la différente densité, c’est-à-dire que la densité d’une seconde couche étant, par exemple, plus grande, il faudra un plus grand nombre de coups pour produire un enfoncement égal à celui de la premiere couche. Ce sera le contraire si la densité de cette couche est moindre que l’autre ; cela posé, on estime une minute vingt secondes pour chaque volée de trente percussions, & autant pour reprendre haleine. Ainsi en ajoutant vingt secondes pour le tems que l’on perd, on aura trois minutes pour chaque volée.

Disons encore que pour déplacer la sonnette & mettre le pilot en état d’être enfoncé, il faut dix-huit minutes, & six minutes pour le deverser & y mettre des boises. Après cela il sera aisé de faire le calcul, nous voulons dire d’estimer le tems nécessaire pour enfoncer un pilot d’une longueur déterminée.

Afin de faire une évaluation plus juste & qu’on connoisse ce qu’on peut perdre de tems, selon que la sonnette qui frappe le pilot tombe d’une plus grande hauteur, il est bon de savoir que la force avec laquelle le mouton frappe le pilot est toujours comme la racine quarrée d’où le mouton tombe, c’est-à-dire comme la vîtesse que ce corps qui descend a acquise à la fin de sa chûte. On suppose ici que la chute du mouton est perpendiculaire sur le pilot, & cela doit toujours être ; car lorsqu’on doit pousser un pilot obliquement, on place la machine ensorte que les montans ayent la même obliquité ; mais alors on estime la force du coup par la hauteur de la chûte, & non par la longueur. Voyez le cours de Physique expérimentale par M. Desaguliers, tome I. sect. 5.

Au reste, on trouve dans le troisieme tome de l’Architecture hydraulique, par M. Belidor, un modele de calcul sur le tems & la dépense de l’usage des pilots. Ce même volume contient différentes machines pour enfoncer les pilots, ainsi que le premier tome du cours de Physique expérimentale de M. Desaguliers. Le pilot est différent du pieu en ce qu’il est tout-à-fait enfonce dans la terre.

Pilots de bordage. Ce sont des pilots qui environnent le pilotage, & qui portent les patins & les racinaux.

Pilots de remplage. Pilots qui garnissent l’espace piloté. Il en entre 18 à 20 dans une toise superficielle.

Pilots de retenue. Pilots qui sont au-dehors d’une fondation, & qui soutiennent le terrein de mauvaise consistance sur lequel une pile de pont est fondée.

Pilots de support. Pilots sur la tête desquels la pile est supportée, comme ceux, par exemple, qu’on plante dans les chambres d’un grillage. (D. J.)

Pilot, terme de Papeterie, c’est ainsi qu’on nomme en Bretagne ce qu’ailleurs on appelle drilles, peilles, drapeaux, c’est-à-dire les vieux chiffons de toile de chanvre & de lin, qui servent à la fabrique du papier.

Il sort tous les ans de Bretagne pour plus de 10000 liv. de pilot, sans y comprendre ce qui se consomme dans les papeteries de cette province. Voyez Papier.

Pilot, s. m. terme de Salines, c’est le nom qu’on donne dans les marais salans aux monceaux de sel qui sont dans un endroit de ces marais qu’on appelle le mort : lorsque ces monceaux de sel sont en rond, ils se nomment pilots, & quand ils sont en long, on les appelle vaches ; il faut passer ces termes ridicules à des ouvriers sans génie. (D. J.)