L’Encyclopédie/1re édition/PHILADELPHIES

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PHILADELPHIES, (Littérat. & Art. numism.) φιλαδέλφεια ; c’est ainsi qu’on nommoit des jeux institués à Sardes, pour célébrer l’union de Caracalla & de Géta, fils de Septime-Sévere, φιλαδελφία.

Les Sardiens ayant élévé un temple en l’honneur de Septime & des princes ses enfans, ils y offrirent des sacrifices, & célébrerent des jeux solemnels qu’ils nommèrent philadelphies, pour engager les deux freres à la concorde, ou plutôt pour demander aux dieux cette union tant désirée, & qui étoit l’objet principal des vœux de l’empereur leur pere. Sur un médaillon frappé à Sardes, sous Septime, la Concorde paroît debout entre Caracalla & Géta, avec cette légende : Ἐπὶ ἐπιγόνους καρδιανῶν δὶς νεωκόρων Φιλαδέλφεια.

Ces jeux n’étoient point différens des anciens jeux consacrés aux dieux ; il paroît même qu’ils étoient pythiques, c’est-à-dire qu’on célébroit les jeux pythiques pour la concorde de Caracalla & de Géta ; la couronne de laurier qui est sur la médaille, en est une preuve visible : & même ces jeux sont expressément nommés pythiens sur une médaille de périnthe, φιλαδέλφεια πυθία περινθίων, avec une urne qui indique que ces deux noms expriment la même espece de jeux. S’ils avoient été différens, ils auroient été désignés par deux urnes, suivant un usage reconnu par les plus savans antiquaires.

Les deux temples couronnés font connoître qu’on célébra à Sardes les jeux φιλαδέλφεια, en même tems que les augustaux, comme ils le furent sous le même regne à Nicée. On lit sur une médaille de cette ville, αὐγουστία καὶ φιλαδέλφεια νικαιέων. Les deux temples couronnés paroissent sur une autre médaille de Sardes, avec la tête de Julia Domna, mere des deux princes.

Au reste ces vœux furent bien inutiles. Caracalla, peu après la mort de Septime, eut l’inhumanité monstrueuse de poignarder Géta entre les bras de l’impératrice leur mere ; & si les deux temples sont encore représentés avec leurs couronnes, sur une médaille de Caracalla, on n’y lit plus le titre de φιλαδέλφεια.

On pourroit, dit M. de Montesquieu, appeller Caracalla, non pas un tyran, mais le destructeur des hommes. Caligula, Neron & Domitien bornerent leur cruauté dans Rome ; celui-ci alla promener sa fureur dans tout l’univers. Ayant commencé son regne par tuer, comme nous l’avons dit, Géta son frere entre les bras de l’impératrice leur mere, il employa ses richesses à faire souffrir son crime aux soldats qui aimoient Géta, & disoient qu’ils avoient fait serment aux deux enfans de Sévere, non pas à un seul ; qu’enfin les temples qu’ils avoient bâtis, & les philadelphies qu’ils avoient célébrées, regardoient les deux fils de l’empereur, & non pas un seul.

Caracalla pour les appaiser augmenta leur paye ; & pour diminuer l’horreur du meurtre de son frere, il le mit au rang des dieux : ce qu’il y a de singulier, c’est que cela lui fut exactement rendu par Macrin, qui, après l’avoir fait poignarder, lui fit bâtir un temple, & y établit des prêtres flamines en son honneur. Cela fit que sa memoire ne fut pas flétrie, & que le sénat n’osant le juger, il ne fut pas mis au rang des tyrans, comme Commode, qui le méritoit moins que lui. Mém. de Littérat. tom. XVIII. ind. 4. pag. 144. (D. J.)

Philadelphie, pierres de, (Hist. nat.) les murs de Philadelphie, ville de l’Asie mineure, sont bâtis d’une pierre qui renferme des concrétions semblables à des os, ce qui a donné lieu à une fable qui dit que les Turcs, après s’être rendus maître de cette ville, la fortifierent avec les os des chrétiens, dont ils éleverent des murailles.