L’Encyclopédie/1re édition/PHARINGOTOME

PHARINGOTOME, s. m. instrument de Chirurgie, dont on se sert pour scarifier les amygdales enflammées & si gonflées, qu’elles empêchent la déglutition & menacent de suffocation, ou pour ouvrir les abscès dans-le fond de la gorge.

Ce mot est grec φαρυγγοτόμος, formé de φάρυγξ, pharinx, gosier, & de τομὴ, sectio, incisio, section, incision.

Cet instrument imaginé par M. Petit est une lancette cachée dans une canule ou gaîne d’argent, & que l’on porte dans le fond de la bouche sans aucun risque, & sans que les malades, qui pour l’ordinaire craignent beaucoup les instrumens tranchans, s’en apperçoivent. fig. 3. Pl. XXIII.

Le pharingotome est composé de trois parties ; d’une canule, d’un stilet & d’un ressort. Voyez la fig.

La canule se divise en deux parties ; la supérieure qui forme le manche de l’instrument ressemble à une petite seringue à injection ; c’est une petite canonniere exactement cylindrique. Ce cylindre est creux, fort poli en-dedans, & long de deux pouces sur six lignes de diametre. On fait souder sur le milieu de cette canonniere un anneau, exactement rond & poli sur le côté parallele au tranchant de la lancette ; on passe le doigt du milieu dans cet anneau lorsqu’on tient l’instrument.

La partie inférieure de la canule est un fourreau ou gaine d’argent, de même que le cylindre. Sa longueur est de quatre pouces & demi, sa largeur de quatre lignes, & son diametre d’une ligne & un tiers y compris la cavité. Ce fourreau ne doit pas être soudé à la partie inférieure de la canonniere ; il faut qu’il s’y monte par le moyen d’une vis, pour pouvoir nettoyer l’instrument avec facilité, après une opération qui a couvert de pus ou de sang la lancette, qui rentre dans le fourreau dès que les incisions convenables sont faites.

La gaîne doit être légerement courbe, de façon que la convéxité se trouve formée par un des côtés du fourreau, & la cavité par l’autre ; cette légere courbure permet à l’œil de voir l’endroit abscedé ou gonflé où l’on veut opérer, avantage que n’auroit point une guaîne droite.

La seconde partie du pharingotome est le stilet, ou pour mieux dire le mandrin ; sa matiere est d’argent comme toute la gaîne, & il est de deux ou trois lignes plus long qu’elle ; les deux tiers de son corps doivent être applatis, afin de cadrer avec la cavité du fourreau ou guaîne. Ses deux extrémités sont différemment construites, car l’une est émincée pour y souder une lancette à grain d’orge, assez forte pour résister & ne pas s’émoucheter ; l’autre extrémité est exactement ronde, & représente un petit cylindre dans l’étendue de deux travers de doigts, au bout duquel on fait faire un petit bouton en forme de pommette, & garni sur son sommet de petites cannelures radieuses pour recevoir le pouce par une surface inégale.

Un pouce ou environ au dessous de cette pomme, il y a une plaque circulaire, placée horisontalement & soudée dans cet endroit ; l’usage de cette plaque est de peser sur le ressort à boudin, de le pousser vers la partie inférieure de la canonniere, & d’empêcher le stilet de s’élever plus qu’il ne faut.

Enfin la troisieme partie du pharingotome est un ressort à boudin fait avec un ressort de montre tourné en cône ; on met ce boudin dans la canonniere, de sorte que lorsqu’on pousse le bouton du stilet, la petite plaque circulaire approche les pas de ce ressort l’un de l’autre, ce qui permet au stilet d’avancer vers l’extrémité antérieure de la guaîne, & à la lancette de sortir tout-à fait dehors pour faire des scarifications ou ouvrir des abscès. Aussi-tôt qu’on cesse de pousser le bouton avec le pouce, le ressort l’éloigne de la canonniere, & la lancette rentre dans sa gaîne. (Y)