L’Encyclopédie/1re édition/PESSE

◄  PESSAIRE
PESSELAGE  ►

PESSE, s. f. (Botan.) nom vulgaire de l’espece de sapin que Tournefort appelle abies tenuiore folio, fructu deorsum inflexo. On trouve souvent des ruches sur les extrémités des branches de cet arbre. Il n’est pas trop aisé de comprendre comment elles se forment ; & l’on ne se douteroit pas que des ruches aussi régulieres fussent l’ouvrage des moucherons. Rien cependant n’est plus vrai. Un essain de ces petits animaux, dit M. de Tournefort, vient piquer les branches de la pesse dans le tems qu’elles sont encore tendres ; chaque moucheron fait son trou à l’origine de la jeune feuille, justement dans l’aisselle, c’est-à-dire, dans l’endroit où la base de la feuille est attachée en travers contre la tige. Ainsi le suc nourricier qui s’extravase, élargit le trou de la piquûre, & fait écarter la base de cette feuille, qui n’est encore que collée contre la tige. Il arrive de-là que cette espece de plaie prend d’abord la forme d’une petite bouche à levres vélues, & ensuite celle d’une gueule qui laisse voir le creux de chaque cellule. Ces cellules toutes ensemble, composent la ruche. Elles sont pleines dans l’été de pucerons verdâtres, semblables à ceux qui naissent sur les herbes potageres. Chaque puceron, mis sur le creux de la main, se développe dans moins d’un demi-quart-d’heure, & laisse échapper un petit moucheron. Hist. de l’acad. des Scienc. ann. 1705. (D. J.)