L’Encyclopédie/1re édition/PELOTE de mer

PELOTE de mer, (Hist. nat. de la mer.) par nos auteurs pila marina, en anglois the sea-ball ; nom d’une substance très-commune qu’on trouve sur le rivage de la mer ; cette substance est ordinairement en forme de balle oblongue, arrondie ou sphérique, grosse comme le poing, quelquefois plus, quelquefois moins, lanugineuse, de couleur obscure, composée d’une multitude de petites fibres irrégulierement amoncelées & pelotonées.

Les naturalistes ne sont point d’accord sur l’origine de ces sortes de pelotes ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’elles sont composées de substances fibreuses de plantes ; enfin Klein a presque démontré qu’elles sont formées des fibres & des feuilles de l’algue marine dont on fait le verre, alga marina vitriariorum ; ces fibres chevelues étant tombées dans la mer, y sont battues ensemble, rassemblées & amoncelées par les vagues en pelotes oblongues, ovales & arrondies. Voyez Kleinius, de tubulis marinis. (D. J.)

Pelote, s. f. terme générique de Commerce ; masse que l’on fait en forme de boule de diverses choses ; une pelote de fil, de laine, de soie, de coton.

Pelote, s. f. meuble de toilete ; ce sont plusieurs petites recoupes de drap enveloppées d’un morceau de velours, ou d’autre étoffe bien proprement cousue, & de différentes formes, qu’on pose sur la toilette d’une femme pour y mettre des épingles dont on se sert quand on la coëffe ou qu’on l’habille, ou dont elle se sert elle-même.

On nomme encore pelote un petit coffret dans lequel les femmes serrent leurs boucles, leurs bagues, & autres choses de toilette.

Pelote a feu. On appelle ainsi en terme d’Artificiers, une pelote dont on se sert la nuit pour éclairer les fossés & les autres endroits d’une place assiégée. Elle se fait comme il suit.

Prenez une partie de poix résine, trois parties de soufre, une livre de salpêtre & une livre de grosse poudre ; faites fondre & incorporer ce tout ensemble avec des étoupes, & faites-en des pelotes.

Pelote, terme de Chandelier ; les Chandeliers appellent pelotes de coton les écheveaux de coton qu’ils ont dévidés pour faire la meche de leur chandelle. Outre les petites pelotes de coton devidée, les Chandeliers en composent d’autres très-grosses du poids de vingt à trente livres, & davantage, qu’ils nomment pelote d’étalage. Celles-ci sont faites d’écheveaux entiers qu’on tourne ainsi en forme sphérique pour les mieux conserver. On les pend ordinairement au plancher des boutiques : ce qui leur a fait donner le nom de pelotes d’étalage. (D. J.)

Pelotes, (Fonderie.) les Fondeurs de petits ouvrages nomment ainsi le cuivre en feuilles qu’ils ont préparé pour mettre à la fonte.

On réduit le cuivre en pelotes afin de le mettre plus commodément dans le creuset avec la cueillere du fourneau, qui de-là est appellée cueillere aux pelotes.

On nomme aussi mortier & maillet aux pelotes ceux de ces outils qu’on emploie à cet usage dans les atteliers des Fondeurs.

La préparation des pelotes est ordinairement le premier ouvrage des apprentis.

Pelotes, (Maréchal.) c’est une marque blanche qui vient au front des chevaux. On l’appelle autrement étoile. Les Marchands de chevaux, Maquignons & autres, qui se mêlent du commerce des chevaux, mettent les pelotes au nombre des marques qui dénotent un bon cheval.

Pelotes, terme de Paumier ; ce sont les balles pour jouer à la paume, avant qu’elles soient couvertes de drap. On les appelle aussi des pelotons.

Les Paumiers doivent, suivant leurs statuts, avoir soin que les pelotes ou pelotons soient bien rondes, & faites de morceaux ou rognures de drap avec une bande de toile, & serrées bien fort avec de la ficelle. L’instrument dont on se sert pour faire les pelotes est une espece de billot qu’on appelle chevre.

Les maitres Paumiers prennent la qualité de maîtres Paumiers Raquettiers, faiseurs de pelotes. Voyez Paumier.

Pelotes, (Soieries.) on nomme ainsi dans le commerce des soies, les soies greges & non-ouvrées qui viennent ordinairement de Messine & d’Italie, & qui sont pliées, ou plutôt roulées en grosses pelotes. (D. J.)

Pelote, terme de Tailleurs ; c’est une bande de lisiere roulée sur elle-même & cousue dans cet état. On s’en sert pour devider le fil de la soie & le poil de chevre.

Pelote, (Verrerie.) c’est, dans les fours à verre, une espece de petit établi de terre, couverte de braise éteinte, sur laquelle on fait pendant quelque tems reposer le plat de verre au sortir du grand ouvreau, avant de le mettre dans les arches du four à recuire. (D. J.)