L’Encyclopédie/1re édition/PANCHÉE

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PANCHÉE, (Géog. anc.) Panchæa, Panchaïa, île de l’Océan proche de l’Arabie. Diodore de Sicile, l. V. c. xlij. dit qu’elle étoit habitée de naturels du pays, appellés Panchæi, & d’étrangers océanites, Indiens, Crétois & Scythes. Il donne à cette île une ville célebre, nommée Panara, dont les habitans étoient les plus heureux hommes du monde. Voyez Panara.

Par malheur Panara, le bonheur de ses habitans, & l’île même de Panchée, ainsi que le temple magnifique de Jupiter Triphylien, ont été forgés par l’ingénieux Echemere, que Diodore de Sicile a copié. Echemere peignit cette île comme une terre délicieuse, un paradis terrestre, où se trouvoient des richesses immenses, & qui n’exhaloit que des parfums.

Callimaque presque contemporain du philosophe Messénien ou Tégéates, & sur-tout Eratosthène, mirent eux-mêmes la Panchée au nombre des fables, & prouverent que c’étoit une pure fiction. Polybe en étoit pleinement convaincu. Plutarque déclare que l’île Panchée avoit échappé jusqu’à son tems aux recherches des navigateurs grecs & barbares.

Mais les poëtes n’ont pas cru devoir manquer d’orner leurs ouvrages de cette région imaginaire ; j’en ai pour témoins ces beaux vers de Virgile dans ses Georgiques :

Sed neque Medorum sylvæ ditissima terræ
Nec pulcher Ganges, atque auro turbidus Hermon,
Laudibus Heliæ certent, nec Bactra, nec Indi
Totaque thuriferis Panchaïa dives arenis.

« Cependant ni l’opulente Médie, ni le pays arrosé par le fleuve du Gange, ni les bords de l’Hermus dont les flots roulent de l’or, ni l’Inde, ni le pays des Bactriens, ni la fertile Panchaïe, où croît l’encens, n’approchent pas de nos campagnes d’Italie ». (D. J.)