L’Encyclopédie/1re édition/PALLIATIVE, cure

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PALLIATIVE, cure, (Chirurgie.) la cure palliative en terme de Médecine & de Chirurgie ne désigne point une véritable guérison, mais seulement un soulagement qu’on procure aux malades par des remedes convenables dans un état désesperé. Ces remedes temperent la douleur, moderent les symptômes, mais ne déracinent point la cause ; tel est le cas malheureux des cancers ulcérés.

On met en usage la cure palliative dans plusieurs occasions chirurgicales.

1°. Quand on ne court aucun danger pour la vie du malade, ni pour l’augmentation du mal, en retardant le traitement parfait d’une maladie ; on peut se servir des remedes palliatifs. Par exemple, on remplit le trou d’une dent cariée de feuilles de plomb, pour conserver la dent & empêcher la douleur ; dans une hydrocele par épanchement, on y fait la ponction de tems en tems, ce qui soulage le malade, mais ne le guérit pas : on peut différer d’emporter les skirrhes simples des mammelles, & des autres parties, pourvu qu’on soutienne la partie skirrheuse, qu’on la tienne chaudement, qu’on empêche le progrés du skirrhe, & qu’on purge de tems en tems le malade.

2°. Si la guérison d’une maladie pouvoit causer un mal plus grand, on doit se contenter des remedes palliatifs. Par exemple, les vieux ulcères, les hémorrhoïdes anciennes, & certaines évacuations périodiques, causeroient un très-grand désordre dans l’économie animale, & même la mort, si on guérissoit ces sortes de maladies. C’est pourquoi on se contente d’adoucir le mal par quelques topiques convenables d’empêcher qu’il ne fasse du progrés, & d’évacuer de tems en tems par la saignée & par les purgatifs une partie de l’humeur.

3°. S’il est possible d’emporter tout le vice local, ou de détruire la cause du mal, il faut employer les remedes palliatifs propres à calmer les accidens, ou à arrêter le progrès de la maladie.

Les fistules à l’anus, qu’on ne peut emporter totalement, celles de la poitrine, & d’autres endroits, où l’on ne peut opérer sans intéresser certaines parties essentielles, sont de cette espece. On se contente d’y faire quelques injections adoucissantes & détersives pour empêcher le séjour du pus, & d’y appliquer un emplâtre de Nuremberg, &c.

Les tumeurs & les ulcères cancéreux ou carcinomateux, dont le vice est dans le sang, ou qui sont adhérens à des parties qu’on doit respecter, ne demandent assurément qu’une cure palliative ; on met sur la tumeur un cataplasme anodin, qu’on fait avec les feuilles de morelle, joubarbe, &c. & on panse souvent les ulcères avec des linges trempés dans l’eau, ou le suc de ces plantes, &c.

On panse les scrophules invétérés, la gangrene qui vient d’une cause interne qu’on ne peut détruire, les unes avec l’emplâtre de la mere, celui de Nuremberg, de manus Dei, &c. & l’autre avec le styrax, les spiritueux.

Par tous ces différens moyens, on enleve toujours quelques portions de la cause, on calme les accidens urgens, on s’oppose au progrés du mal ; & comme il n’est pas possible de le guérir, on prolonge au moins les jours du malade. La Faye. (D. J.)