L’Encyclopédie/1re édition/PAGODE

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PAGODE, s. m. & f. (Archit. asiat.) nom général qu’on donne aux temples des Indiens & des Idolâtres ; c’est un bâtiment qui n’a qu’un seul appentis par-devant, & un autre par-derriere : il y a trois toîts, un qui domine destiné pour l’idole, & les deux autres pour le peuple.

Son principal ornement consiste en des pyramides de chaux & de briques, décorées d’ornemens fort grossiers. Il y en a de grandes, aussi hautes que nos clochers, & de petites qui n’ont que deux toises. Elles sont toutes rondes, & elles diminuent peu en grosseur, à mesure qu’elles s’élevent, de sorte qu’elles se terminent comme un dôme : sur celui de celles qui sont basses s’éleve une aiguille de calin, fort pointue & assez haute, par rapport au reste de la pyramide.

On voit encore autour des pagodes d’autres especes de pyramides qui grossissent & diminuent quatre ou cinq fois dans leur hauteur, de telle sorte que leur profil est ondé ; mais ces diverses grosseurs sont moindres à mesure qu’elles sont en une partie plus élevée. Ces pyramides sont ornées en trois ou quatre endroits de leur contours, de plusieurs cannelures à angles droits, qui, diminuant peu-à-peu, à proportion de la diminution de la pyramide, vont se terminer en pointe au commencement de la grosseur immédiatement supérieure, d’où s’élevent d’autres cannelures.

Les plus beaux pagodes sont ceux des Chinois & des Siamois ; les offrandes qu’on y fait sont si considérables, qu’on en nourrit une quantité prodigieuse de pélerins.

Le pagode de Jagranate produit un revenu immense à ceux de son idole. M. de la Loubere a décrit les pagodes de Siam, & les missionnaires ceux de la Chine, qui sont quelquefois incrustés de marbre, de jaspe, de porcelaine, & de lames d’or : on trouve la représentation d’un de ces temples dans l’essai d’Architecture de Fischer.

On appelle aussi pagode l’idole qui est adoré dans le temple élevé à son honneur, & dans ce sens le mot pagode est féminin.

Ce nom pagode tire son origine des mots persans pout, qui veut dire une idole, & de gheda, un temple ; de ces deux mots pout-gheda, on en a formé en françois celui de pagode, en estropiant le nom persan.

PAGODE, s. f. (Com.) monnoie d’or de l’Indoustan ; sa valeur est d’environ huit liv. dix sols monnoie de France.