L’Encyclopédie/1re édition/PÉDAGOGUE
PÉDAGOGUE, s. m. (Littérat.) les Grecs & les Romains appelloient pédagogues, les esclaves à qui ils donnoient le soin de leurs enfans pour les conduire par-tout, les garder & les ramener à la maison. C’est pourquoi dans le Phormion de Terence, Phædria qui n’avoit d’autre consolation que de suivre sa maîtresse, sectari in ludum, ducere & reducere, est appellée pédagogue ; on trouve dans Gruter plusieurs inscriptions antiques de ces pédagogues, dont la fonction ne consistoit guere que dans ce genre de surveillance. Nous avons étendu en françois avec assez de raison la signification du mot pédagogue, en donnant ce nom à un maître chargé d’instruire, de gouverner un écolier, & de veiller sur sa conduite ; mais en même tems par le peu de cas que nous faisons de l’instruction de la jeunesse, il est arrivé qu’on est obligé d’ajouter quelque épithete à ce mot pour le faire recevoir favorablement.
Pédagogue, (Critiq. sacrée.) παιδαγωγός, au propre, maître, précepteur, conducteur d’enfans. S. Paul dit aux Galat. iij. 24 & 25. La loi étoit un pédagogue, &c. métaphore qui signifie que la loi a donné aux Juifs les premieres connoissances du vrai Dieu, & les a conduit à J. C. ensorte qu’à présent nous ne sommes plus comme des enfans, sous l’empire de la loi. Le même apôtre dit dans la 1. ép. aux Corinthiens, 4. 15. pour leur rappeller les sentimens qu’ils lui devoient. Quand vous auriez dix mille maîtres, παιδαγωγούς en J. C. vous n’avez pas néanmoins plusieurs peres. S. Paul étoit le pere des Corinthiens, non seulement parce qu’il leur avoit enseigné le premier la doctrine de l’Evangile, mais aussi parce qu’il formoit leur ame, & les instruisoit avec une affection paternelle ; ce que ne faisoient pas les autres docteurs qui étoient venus vers eux après lui. (D. J.)