L’Encyclopédie/1re édition/OUVRIER

OUVRIER, s. m. terme général, se dit en général de tout artisan qui travaille de quelque métier que ce soit.

On appelle ouvriers en drap d’or, d’argent & soie, & autres étoffes mélangées, ou ouvriers de la grande navette, les fabriquans & manufacturiers qui fabriquent & font sur le métier avec la navette toutes sortes d’étoffes d’or & d’argent & de soie, ou mêlées d’autres matieres, comme fleurets, laine, coton, poil & fil ; telles que sont les velours, les damas, les brocards & brocatelles, les satins, les taffetas & tabis, les moires, les papelines, les gazes, les crêpes & autres semblables marchandises, dont les largeurs sont d’un tiers d’aune & au-dessus ; celles au-dessous étant réservées aux maîtres Tissutiers Rubaniers. (D. J.)

Ouvrier, s. m. (Archit.) c’est la qualité d’un homme qui travaille aux ouvrages d’un bâtiment, & qui est à sa tâche ou à la journée.

Ouvriers, terme de Monnoies, on appelle ainsi dans les hôtels des monnoies, & particulierement dans l’hôtel de la monnoie de Paris, ceux qui coupent, taillent & ajustent les flaons pour les réduire au poids des especes, & les rendre conformes aux déneraux du poids matrices. On leur a donné le nom d’ouvriers pour les distinguer des autres ouvriers, à qui les rois de toute ancienneté ont accordé le droit d’être reçus à travailler avec leurs peres & meres, à tailler les especes ; les femmes sont aussi appellées ouvrieres, mais plus ordinairement tailleresses. Boizard. (D. J.)

Ouvriers de forge, (Eperonnier.) on nomme ainsi dans les anciens statuts des maîtres Selliers-Lormiers ceux d’entr’eux, qu’on appelle autrement lormiers-éperonniers, c’est-à dire ceux qui forgent, vendent les mords, éperons, étriers & autres pieces de fer servant aux harnois des chevaux, ou qui sont propres à monter & surpendre des carrosses, chaises roulantes & autres sortes de voitures : les autres mailres s’appellent Selliers-garnisseurs.

Ces deux sortes d’ouvriers, qui ne faisoient autrefois qu’une même & seule communauté, sont présentement séparés en deux corps de jurande ; l’un qu’on nomme vulgairement des maitres éperonniers, quoiqu’ils conservent toujours leur commune qualité de Selliers-Lormiers ; & l’autre des maîtres Selliers, qui à ces deux anciens noms ajoutent encore celui des Carrossiers. Savary. (D. J.)

Ouvriers à façon, (Manufact.) on appelle ainsi dans les manufactures de drap d’or, d’argent & de soie de la ville de Lyon, les maîtres ouvriers qui travaillent, ou font travailler pour les maîtres marchands, & à qui on ne paye que la façon de leurs ouvrages ; le reste, comme l’or, l’argent, la soie, &c. leur étant fourni par ceux qui les leur commandent. (D. J.)