L’Encyclopédie/1re édition/OUTRER
OUTRER, v. act. c’est excéder la juste mesure en tout. On dit des pensées outrées, une déclamation outrée, une plainte outrée, des passions outrées,.... mais où est la regle de ces choses ? qui est-ce qui a fixé le point en-deçà duquel la chose est foible, & au-delà duquel elle est outrée ? qui est-ce qui a donné au public mêlé de tout état & de toute condition ce tact délicat, qui dans la représentation d’une piece lui fait discerner un sentiment juste d’un sentiment outré, une expression vraie d’une expression fausse ? Il le fait souvent à étonner les hommes du goût le plus délicat ; & qu’on vienne après cela me dire que l’homme ne se connoît pas, qu’il s’en impose à lui-même, qu’il se trompe, qu’il a la conscience hébétée, &c… il n’en est rien. On peut s’envelopper pour les autres, mais non pour soi. Quand on cherche à détourner de soi son regard, on s’est vu, on s’est jugé.
Outrer un cheval, c’est le fatiguer au-delà de ses forces.