L’Encyclopédie/1re édition/OSTIE

OSTIE, (Géogr.) ancienne ville d’Italie dans la campagne de Rome, avec un évêché qui est uni à celui de Vélétri. Cette ville si fameuse du tems des Romains, est entierement détruite & ne consiste que dans une église, au-tour de laquelle il y a quelques misérables maisons en partie ruinées. Cet endroit est au milieu de l’isthme, borné au couchant par l’ancienne branche du Tibre, & à l’orient par un marais, à 5 lieues S. O. de Rome. Long. 29. 58. lat. 41. 47.

Denys d’Halicarnasse, l. III. ch. xlij. donne une longue description de la fondation d’Ostie, & Tite-Live, liv. I. ch. xxxiij. l’a faite en deux mots : Anco Martio regnante, in ore Tiberis Ostia urbs condita, salinæ circa factæ. Elle fut saccagée par Marius, mais elle se rétablit promptement. L’empereur Claude en fit un port fermé avec une haute tour, sur le modele de celle d’Alexandrie, pour servir de phare aux vaisseaux.

Une seule chose contribua à ruiner la grandeur de cette ville, son ancien canal se combla peu-à-peu, & rendit son port inutile. Malgré le nouveau port qu’y fit Trajan, Ostie tomba dans le dépérissement, à la chute de l’empire romain. Les barbares acheverent de la ruiner, & les Sarrazins n’y laisserent pierre sur pierre. Les habitans furent amenés en esclavage, & ceux qui échaperent au fer ou à la servitude, se retirerent bien loin de ce funeste lieu. En vain le pape Gregoire IV. voulut rétablir en 830 cette ancienne ville, les Corses qu’il y envoya périrent par le mauvais air de cet endroit inculte. Enfin le nom même de cette ville seroit perdu, si elle n’avoit été le titre du premier suffragant de Rome. (D. J.)