L’Encyclopédie/1re édition/OSCHOPHORIE

OSCHOPHORIE, s. f. (Antiquit. grecques.) fêtes en l’honneur de Bacchus & de Minerve. Cette fête qu’on peut nommer fête des rameaux, avoit été instituée par Thésée ; aussi dans la procession il se trouvoit toujours deux jeunes garçons habillés en fille, pour représenter ceux que ce héros conduisit à Candie dans ce déguisement.

Cette fête s’appelloit oschophorie, oschophoria, du mot grec osche, qui signifie proprement une branche de vigne chargée de raisins mûrs, parce que tous ceux qui assistoient à la procession y portoient de semblables branches.

On choisissoit au sort un certain nombre de jeunes garçons des plus nobles familles de chaque tribu, qui avoient tous leur pere & leur mere vivans. Ils tenoient à la main des branches de vigne, & couroient à l’envi depuis le temple de Bacchus jusqu’au temple de Minerve Scirade, qui étoit au port de Phalèse. Ils étoient suivis d’un chœur, conduits par deux jeunes hommes habillés en filles, & qui chantoient les louanges de ces jeunes garçons. De vraies femmes les accompagnoient, portant sur leur tête des corbeilles ; & l’on choisissoit pour cet emploi les plus riches de la ville ; toute la troupe étoit précédée par un héraut.

On associoit aux sacrifices d’autres femmes, qu’on appelloit déipnophores, parce qu’elles portoient toutes sortes de provisions de bouche à la troupe des jeunes gens qui avoient été nommés par le sort pour se rendre en course au temple de Minerve. Cette fête se célebroit dans toute l’Attique le quatrieme ou le cinquieme mois des Athéniens, c’est-à-dire en Octobre ou en Novembre, parce qu’alors on vit cesser la stérilité dont l’Attique avoit été affligée.

Le refrein des hymnes qu’on chantoit à diverses reprises dans cette fête, étoit ces deux mots εἶα, αἶ, pour faire comprendre aux Grecs ce dont toutes les nations devroient être convaincues par expérience, que par la prospérité & l’adversité se suivent, & par conséquent qu’il faut se défier de la premiere, & ne pas désesperer avec la seconde. (D. J.)