L’Encyclopédie/1re édition/OROPE

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OROPE, (Géog. anc.) Oropus ; il y a plusieurs villes de ce nom ; nous parlerons d’abord de la principale dans l’histoire de la Grece.

Elle étoit dans la Béotie, aux confins de l’Attique, auprès de la mer. Etant si voisine de l’Attique son territoire fut mis en litige par les Athéniens, à qui Philippe l’adjugea ; mais les Athéniens prétendoient aussi d’être en possession de la ville, & ils trouverent le moyen de se l’approprier : de-là vient qu’elle est nommée ville de l’Attique par Tite-Live, liv. XLV. chap. xxvij.

Mais il faut savoir que Themesion, tyran d’Eritrie, l’avoit prise sur les Athéniens la troisieme année de la ciij. olympiade, & que les Athéniens ne la recouvrerent que par la liberalité de Philippe qui la leur rendit après la bataille de Chéronée.

Je dois encore remarquer que nous avons en partie l’obligation à Orope d’avoir fait Démosthène orateur ; car ce fut après avoir entendu les applaudissemens infinis qu’eut un discours de Callistrate sur Orope, que Démosthène dit un dernier adieu à l’école de Platon, se détacha entierement de la philosophie, & résolut de se vouer à l’éloquence.

La même ville, dans la suite des tems, fournit aux Grecs une occasion d’apprendre à leurs vainqueurs, que la force & l’autorité de la parole résidoient encore dans les vaincus. Les Athéniens pressés d’une extrème disette négligerent les bienséances, & pillerent sans façon Orope leur alliée ; Orope se plaint au sénat de Rome. La cause des Athéniens avoit besoin d’un bon avocat, ils le trouverent en la personne de Carnéades, chef de leur ambassade. Cet excellent orateur, par ses tons & par ses figures, suppléa si merveilleusement aux raisons, & fascina si bien l’esprit des Romains, que le sénat disoit : « Athenes nous envoie des ambassadeurs, non pour se justifier, ou pour nous persuader, mais pour nous contraindre de faire ce qu’il lui plaît & ce qui lui convient ».

Le nom moderne d’Orope est Ropo, village de Grece, à 2 milles de la mer, & à 6 d’un autre village nommé Marcopoulo ; à une lieue plus loin est une petite riviere, que M. Spon croit être l’Asopus ; au-delà de cette riviere est un autre grand village appellé Sycuimo, qui est vraissemblablement la petite ville de Béotie, qu’on nommoit anciennement Sycaminum.

Venons aux autres lieux qui portoient le nom d’Orope. Il y avoit une ville de ce nom en Syrie ; une autre en Macédoine ; une troisieme en Eubée ; une quatrieme dans la Tesprotie ; enfin une cinquieme au Péloponnèse dans l’Argie. (D. J.)