L’Encyclopédie/1re édition/ORENOQUE

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ORENOQUE, (Géog.) plusieurs géographes écrivent Orinoque, grand fleuve de l’Amérique méridionale dans la terre ferme. Christophe Colomb découvrit le premier cette riviere à son troisieme voyage en 1498, & Diego de Orgas y entra le premier en 1531.

L’Orenoque a sa source dans le Popayan, province de l’Amérique méridionale au nouveau royaume de Grenade entre l’audience de Passama, celle de Quito, & la mer du Sud. Il coule du couchant au levant dans le vaste pays de la nouvelle Andalousie, où il se sépare en deux branches ; l’une descend vers le midi & perd son nom ; l’autre qui le conserve, tourne vers le septentrion, & va se jetter dans la mer du nord. Il forme à son embouchure un tel labyrinthe d’îles, que personne n’est d’accord sur le nombre exact des bouches de ce fleuve. Ce qu’il y a de certain, c’est que la plus grande bouche de l’Orenoque qu’on appelle bouche des vaisseaux, est située à 8 degrés 5′ de latitude, & à 318 de longitude.

Il y a soixante-cinq brasses de fond dans certains endroits, & quatre-vingt lorsque les eaux viennent à croître ; son étendue, sa largeur & sa profondeur sont si considérables, qu’il paroît qu’on peut le joindre aux trois fleuves que les géographes nous donnent, comme les trois plus grands du monde connu ; savoir, le fleuve de Saint-Laurent dans le Canada, celui de la Plata dans le Paraguay, & le Maragnon dans les confins du Brésil.

Nous avons aujourd’hui des connoissances certaines de la communication de Rio negro ou la riviere Noire, avec l’Orenoque, & par conséquent de l’Orenoque avec le fleuve des Amazones. La communication de l’Orenoque & de la riviere des Amazones avérée en 1743, peut d’autant plus passer pour une découverte en Géographie, que quoique la jonction de ces deux fleuves soit marquée sans aucune équivoque sur les anciennes cartes, tous les géographes modernes l’avoient supprimé dans les nouvelles, comme de concert, & qu’elle étoit traitée de chimérique par ceux qui sembloient devoir être le mieux informés des réalités. Ce n’est pas la premiere fois, dit M. de la Condamine, que les vraissemblances & les conjectures purement plausibles l’ont emporté sur des faits attestés par des relations de témoins oculaires, & que l’esprit de critique poussé trop loin, a fait nier décisivement ce dont il étoit tout au plus permis de douter.

Mais comment se fait cette communication de l’Orenoque avec la riviere des Amazones ? Une carte détaillée de la riviere Noire ou rio Negro, que nous aurons quand il plaira à la cour de Portugal, pourroit seule nous en instruire exactement. En attendant, M. de la Condamine pense que l’Orenoque, la riviere Noire & l’Yutura, ont le Caquétat pour source commune. Voyez les Mém. de l’académie des Sciences, année 1745. P. 450. (D. J.)