L’Encyclopédie/1re édition/OPTATIF
OPTATIF, adj. (Gramm.) une proposition optative est celle qui énonce un souhait, un desir vif. Cet adjectif se prend substantivement dans la grammaire grecque, pour désigner un mode qui est propre aux verbes de cette langue.
L’optatif est un mode personnel & oblique, qui renferme en soi l’idée accessoire d’un souhait.
Il est personnel, parce qu’il admet toutes les terminaisons relatives aux personnes, au moyen desquelles il se met en concordance avec le sujet.
Il est oblique, parce qu’il ne peut servir qu’à constituer une proposition incidente, subordonnée à un antécédent qui n’est qu’une partie de la proposition principale. Par-là même, c’est un mode mixte comme le subjonctif ; parce que cette idée accessoire de subordination & de dépendance, qui est commune à l’une & à l’autre, quoique compatible avec l’idée essentielle du verbe, n’y est pourtant pas puisée, mais lui est totalement étrangere. Au reste, l’optatif est doublement mixte, puisqu’il ajoute à la signification totale du subjonctif, l’idée accessoire d’un souhait, qui n’est pas moins étrangere à la nature du verbe. Voyez Mode & Oblique.
Cette remarque me paroît bien plus propre à fixer l’optatif après le subjonctif dans l’ordre des modes, que la raison alleguée par la méthode grecque de P. R. lib. VIII. ch. x. d’après la doctrine d’Apollone d’Alexandrie, lib. III. ch. xxix. L’optatif en général admet les mêmes différences de tems que le subjonctif.
Quelques auteurs de rudimens pour la langue latine, avoient cru autrefois qu’à l’imitation de la langue grecque, il falloit y admettre un optatif, & l’on y trouvoit doctement écrit : optativo modo, tempore præsenti & imperfecto, utinam amarem, plut à Dieu que j’aimasse ! &c. Mais puisque, comme le dit la grammaire générale, part. II. ch. xvj. & comme le démontre la saine raison, « Ce n’est pas seulement la maniere différente de signifier qui peut être fort multipliée, mais les différentes inflexions qui doivent faire les modes » ; il est évident qu’il n’est pas moins absurde de vouloir trouver dans les verbes latins, un optatif semblable à celui des verbes grecs, qu’il ne l’est de vouloir que nos noms aient six cas comme les noms latins, ou que dans παρὰ πάντων θεολόγων, au-dessus de tous les Théologiens, πάντων θεολόγων, quoiqu’au génitif, est à l’accusatif, parce qu’en latin on diroit, suprà ou ante omnes theologos. « C’est, dit M. du Marsais (art. Datif), abuser de l’analogie, & n’en pas connoître le véritable usage, que d’en tirer de pareilles inductions ». (N. E. R. M.)