L’Encyclopédie/1re édition/NOURRICIER

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NOURRICIER, adj. (Anat.) dans l’œconomie animale, épithete d’un suc qui ne contient aucun sel fixe, & qui n’est composé que de terre & d’huile tenace, dont la tenacité dépend de l’eau qu’elle contient, & dont une partie se dissipe peu-à-peu, & ne se répare point.

C’est dans ce desséchement que consiste la caducité, parce que les vaisseaux devenant plus resserrés, plus durs & plus roides, ne sont plus agiles ni si propres à former les humeurs qui nourrissent le corps, & qui lui donnent la force, ni à satisfaire aux fonctions nécessaires à la santé & à la vie.

Les sucs albumineux, les gélatineux, les bilieux & l’humeur aqueuse, que les anciens connoissoient sous le nom de sang, de bile, de melancholie, de pituite, ont été appellés par eux humeurs nourricieres, parce qu’elles entretiennent la plénitude des vaisseaux, & qu’elles réparent continuellement la perte de celles qui dégenerent en humeurs excrémenteuses, & qui sont continuellement chassées du corps, & aussi parce qu’ils croyoient qu’elles servoient après avoir passé par différens degrés de perfection ou de coction, à nourrir les parties solides : mais la nourriture ou la réparation de la substance de ces parties est si peu considérable & a si peu de rapport avec la quantité d’humeurs qui se forme continuellement, qu’il est très-facile d’appercevoir que toutes ces humeurs degénerent presqu’entierement en excrémens. Voyez M. Quesnay, Ess. phys. (L)