L’Encyclopédie/1re édition/NORTHUMBERLAND

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NORTHUMBERLAND, (Géog.) province maritime & septentrionale d’Angleterre, dans le diocèse de Durhaut, & qui confine à l’Ecosse. Elle a 143 milles de tour, & contient environ un million 370 mille arpens. Elle est fertile en mines de charbon & de plomb. Sa ville capitale est Newcastle.

Il faut bien que je dise un mot de Jean Scot ou plutôt de Jean Duns ; puisque selon la plupart des historiens, il étoit natif de Douston, dans le Northumberland, quoique d’autres lui donnent pour lieu de sa naissance le village de Duns, en Ecosse, sur la frontiere d’Angleterre ; opinion que son nom rend la plus vraissemblable, & que le surnom de scot, qui veut dire écossois, confirme encore.

Quoi qu’il en soit, il étoit né vers la fin du xiij. siecle, & mourut à Cologne au commencement du xiv. en 1308. Il entra fort jeune dans le couvent des freres Mineurs de Newcastle, en Angleterre ; fit ses études, & professa la Théologie à Oxford. Il vint ensuite à Paris, y prit des degrés, & fit des leçons publiques de Philosophie & de Théologie.

La subtilité de son esprit qui lui fournit les moyens d’établir le contraire de ce que S. Thomas d’Aquin avoit soutenu dans les choses qui n’intéressent point la Foi, lui fit donner le nom de docteur subtil. Il dut celui de docteur très-résolutif à la hardiesse avec laquelle il avançoit continuellement des sentimens nouveaux, qu’il n’étoit jamais embarrassé de soutenir. Il faut convenir qu’il trouvoit pour cela de grands secours dans toutes ces ergoteries qu’il emprunta des nominaux, & qu’il se rendit propres par l’usage qu’il en fit.

Quoiqu’il soit mort à l’âge de 33 ou 34 ans, il n’a pas laissé d’écrire un grand nombre d’ouvrages, dont l’édition complette faite à Lyon en 1639, est en 12 volumes in-fol. Il n’est pas possible d’en lire douze pages ; car qui peut entendre un jargon qui consiste en formalités, matérialités, entités, identités, virtualités, eccéités, & mille autres termes barbares, nés du cerveau du docteur subtil ?

On le regarde communément comme l’auteur de la pieuse opinion de l’immaculée conception de la Vierge. Il paroît du moins certain qu’il est le premier qui l’ait enseignée publiquement dans l’université de Paris. (D. J.)