L’Encyclopédie/1re édition/NORCIA, ou NORSIA, ou NURSIA

NORCIA, ou NORSIA, ou NURSIA, (Géog.) petite ville d’Italie, dans l’Ombrie, au duché de Spolete, autrefois épiscopale. Quoique sujette au pape, son gouvernement est en forme de république. Elle élit quatre magistrats qui-ne doivent savoir ni lire ni écrire. On voit qu’il ne tiendroit pas à cette bicoque de ramener la barbarie au sein de l’Italie. La situation de Norcia est entre des montagnes, à 8 lieues S. E. de Spolete, 11 lieues N. E. de Narni. Long. 30. 46. lat. 42. 37.

Saint Benoît naquit dans cette ville, ou dans son territoire, vers l’an 480. Il est bien connu pour avoir été l’instituteur d’un ordre de son nom, qui s’est répandu en peu de tems dans toute l’Europe, a acquis des richesses immenses, & a donné de savans hommes à l’Eglise. Il mourut au Mont-Cassin vers l’an 543, après y avoir jetté les fondemens d’un célebre monastere. Voyez Mont-Cassin.

Mais Nurcia est autrement fameuse dans l’histoire, pour avoir donné la naissance à un des plus grands capitaines romains, à Quintus Sertorius. Après s’être distingué dans le barreau par son éloquence, il accompagna Marius dans les Gaules, & le suivit à Rome ; ensuite au retour de Sylla il porta la guere en Espagne, & par sa valeur se rendit maître d’une partie de ces grandes provinces, qui servit depuis d’asyle & de retraite à ceux qui se déclarerent en sa faveur : il s’y soutint contre Metellus, le jeune Pompée, & tous les autres généraux qu’on lui opposa. Sa haute réputation passa jusqu’en Asie. Mithridate lui offrit des sommes considérables pour fournir aux frais de la guerre, avec une flotte qui seroit à ses ordres, pourvû seulement qu’il lui permît de recouvrer ses provinces ; mais Sertorius rempli de sentimens héroïques, protesta qu’il n’entendroit jamais à aucun traité, qui blesseroit la gloire ou les intérêts de sa patrie. Ce grand homme, qui avoit échappé à tous les périls de la guerre, périt peu de tems après, en 680, par la perfidie des Romains de son parti. Parpenna l’assassina dans un festin. Le nom de ce héros a fourni à Corneille sa belle tragédie de Sertorius. (D. J.)