L’Encyclopédie/1re édition/NOMMER

◄  NOMMÉE
NOMOCANON  ►

NOMMER, v. act. (Gram.) c’est désigner une chose par un nom, ou l’appeller par le nom qui la désigne ; mais outre ces deux significations, ce verbe en a un grand nombre d’autres que nous allons indiquer par des exemples. Qui est-ce qui a nommé l’enfant sur les fonts de baptême ? Il y a des choses que nature n’a pas rougi de faire, & que la décence craint de nommer. On a nommé à une des premieres places de l’église un petit ignorant, sans jugement, sans naissance, sans dignité, sans caractere & sans mœurs. Nommez la couleur dans laquelle vous jouez, nommez l’auteur de ce discours. Qui le public nomme-t-il à la place qui vaque dans le ministere ? Un homme de bien. Et la cour ? On ne le nomme pas encore. Quand on veut exclure un rival d’une place & lui ôter le suffrage de la cour, on le fait nommer par la ville ; cette ruse à réussi plusieurs fois. Les princes ne veulent pas qu’on prévienne leur choix ; ils s’offensent qu’on ose leur indiquer un bon sujet ; ils ratifient rarement la nomination publique.

Nommer un dessein, (Terme de Tissutier-rubannier.) C’est ce qu’on appelle chez les ouvriers de la grande navette, les gaziers, les férandiniers, & autres fabriquans d’étoffes ; lire un dessein, c’est-à-dire, marquer en détail à l’ouvrier qui monte un métier, quels fils de sa chaîne doivent se lever & se baisser pour faire la façon, afin qu’il attache des ficelles à nœud-coulant aux hautes-lisses de son ouvrage. Savary. (D. J.)