L’Encyclopédie/1re édition/NOLE

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NOLE, (Géog.) ville ancienne d’Italie au royaume de Naples, dans la terre de Labour, avec un évêché suffragant de Naples, dont elle est à 5 lieues N. E. Long. 32. 6. lat. 40. 52.

Les Historiens & les Géographes en parlent comme d’une place forte, qui avoit été fondée par les Chalcidiens. Strabon & Tite-Live la mettent dans le Samnium. Frontin l’appelle Colonea Augusta. Elle conserve encore son ancien nom, qui étoit Nola ; mais elle a perdu sa splendeur. On peut en juger en comparant son état présent avec la peinture qu’en fait Silius Italicus, liv. XII. v. 161.

Hinc ad chalcidicam transfert citus agmina Nolam ;
Campo Nola cedet, crebris circumdata in orbem
Turribus, & celso facilem tutatur adiri
Planitiem vallo.

Annibal l’assiégea inutilement l’an 540 de la fondation de Rome ; & ce fut aux portes de cette ville que le consul Marcellus lui présenta la bataille. Vespasien décora Nole du titre de colonie romaine.

Personne n’ignore que c’est à Nole qu’Auguste mourut, le 19 Août, âgé d’environ 76 ans, l’an 14 de J. C. & après environ 44 ans de regne, à compter depuis la victoire d’Actium, qui lui procura l’empire du monde.

Bruno (Giordano) en latin Brunus (Jordanus), étoit un homme de beaucoup d’esprit, mais qu’il employa bien mal, en attaquant les vérités les plus importantes de la foi. Son ouvrage de causâ, principio, & uno, parut à Venise, l’an 1584, in-12. Il établit dans ce traité une hypothèse toute semblable pour le fond au spinosisme. Dans ses dialogues, Del infinito universo, è mundo, imprimés à Venise dans la même année ; il soutient avec raison, ou du moins très vraissemblablement, que l’univers est infini, qu’il y a plusieurs mondes, & que le système de Copernic est le seul recevable. Il s’est étrangement égaré dans son spaccio de la Bestia trionfante, diviso in tre dialogi, stampato in Parigi 1694 in-12, & dédié au chevalier Philippe Sidney. C’est un traité d’une très-mauvaise morale, & de plus très-ridiculement digéré ; car il y expose la nature des vices & des vertus, sous l’emblème des constellations célestes chassées du firmament pour faire place à de nouveaux astérismes, qui représentent la vérité, la bonté, &c. Ses dialogues en prose & en vers, intitulés, li heroici furori, n’offrent au lecteur que de pures imaginations cabalistiques, rafinées sur celles de Raimond Lulle. Jordanus Brunus fut brûlé à Rome, l’an 1600, par jugement de l’inquisition.

Tansillo (Louis) né en 1610, s’acquit en Italie de la célébrité par ses poésies. Sa piece intitulée il Vindemiatore, le Vendangeur, fit beaucoup de bruit. Elle parut d’abord à Naples en 1534, sous le titre de stanze de gli orti delle donne ; ce sont des stances remplies de choses qui blessent la pudeur & l’honnêteté. Il tâcha de réparer cet ouvrage, par un poëme pieux, les larmes de S. Pierre, le lagrime di san Pietro ; mais la mort le surprit avant qu’il y mît la derniere main. Plusieurs autres l’ont retouché, & on l’a imprimé plusieurs fois. La meilleure édition est celle de 1600 à Venise. Ce poëme a été traduit en françois par Malherbe. Enfin, les poésies diverses de Tansillo, c’est-à-dire, ses sonnets & ses canzoni, ont été recueillis & imprimés en 1711 à Bologne ; on en fait grand cas en Italie. Le poëte Tansillo est mort juge royal à Gayette, vers l’an 1571. (D. J.)