L’Encyclopédie/1re édition/NILI OSTIA

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NILI OSTIA, (Géogr. anc.) c’est-à-dire bouches ou embouchures du Nil. Hérodote, Pomponius Mela, Diodore de Sicile, Strabon & Ptolomée prétendent que’le Nil a neuf embouchures, tant naturelles que fausses, par lesquelles il se décharge dans la mer ; mais tous ces auteurs ne conviennent point ensemble sur le nom de ces neuf embouchures, & ce seroit une peine inutile que de chercher à les concilier. Les Poëtes ont pris plaisir à ne donner au Nil que sept bouches, & en conséquence Virgile le surnomme septemgeminus ; & septem gemini turbant trepida ostia Nili. Ovide l’appelle aussi septemfluus :

Perque papyriferi septemflua flumina Nili.

Ce nombre de sept convenoit à la Poésie. Les voyageurs modernes ne connoissent que deux bras du Nil qui tombent dans la Méditerranée, celui de Damiette & celui de Rosette. Il paroît que l’embouchure de Damiette est l’ostium pathmeticum ou phamiticum des anciens géographes ; Hérodote l’appelle bucoliam. Or le Bogas dans lequel est Damiette étoit le Pathmétique de l’antiquité. L’embouchure de Rosette est l’ostium Bolbitinum des anciens ; car Rosette est selon toute apparence, l’ancienne ville Bolbitina. En un mot, il est vraissemblable que les autres bouches du Nil étoient des canaux pratiqués de l’un de ses deux bras, qu’on a pris pour des embouchures naturelles. (D. J.)