L’Encyclopédie/1re édition/NICOLAI

NICOLAI, (Littérat. & Botan.) Νικολάῳ, c’est le nom qu’Auguste donna aux dattes fameuses que produisoit la vallée de Jéricho. Il n’y en avoit point de plus estimées ; & l’empereur, pour les distinguer des dattes ordinaires, les appella du nom de nicolas, ainsi qu’Athénée nous l’apprend, l. XIV. c. xviij. Plutarque en parle en ces termes, selon la version d’Amyot, Propos de table, l. VIII. quest. iv. « Si la palme produisoit en Grece les dattes comme elle fait en Syrie ou en Egypte, ce seroit bien le plus beau fruit que l’on sauroit voir, le plus doux que l’on sauroit savourer, & n’y en auroit point d’autre qui fût digne de lui être comparé ; c’est pourquoi l’empereur Auguste aimant singulierement Nicolas, philosophe péripatéticien, appella les plus belles & les plus grandes dattes nicolas, & jusqu’aujourd’hui encore les appelle-t-on ainsi ».

Photius, Bibl. cod. 189, prétend que les nicolaï n’étoient point des dattes, mais des especes de gâteaux que Nicolas de Damas envoyoit en présent à Auguste. Eustathe, Suidas & Hesychius sont du même avis. Spanheim conjecture que les dattes faisoient le principal mérite de cette pâtisserie ; mais M. l’abbé Sevin me paroît en avoir mieux jugé dans les Mémoires de l’académie des Inscriptions. « Malgré mon respect, dit-il, pour ce savant homme (Spanheim), je ne serai point de son avis ; & cela avec d’autant plus de justice, que les paroles de Plutarque & d’Athénée ne sont pas susceptibles d’une semblable explication. Ces auteurs rapportent que les dattes de Nicolas de Damas, supérieures aux autres, & par leur grosseur & par leur bonté, furent appellées nicolaï ; ici il n’est point mention de gâteau : & dès-lors le parti que prend M. Spanheim doit paroître insoutenable. Quant à moi, je ne me ferai point un scrupule d’abandonner Hésychius & Suidas, lorsque leur autorité sera combattue par des témoins aussi respectables que le sont ceux dont on vient de parler ». Grotius préfere aussi l’autorité d’Athénée, de Plutarque & de Josephe à celle des auteurs plus modernes, Photius, Suidas & Hésychius. (D. J.)