L’Encyclopédie/1re édition/NAVAL

◄  NAU
NAVALIA  ►

NAVAL, adj. se dit d’une chose qui concerne les vaisseaux, ou la navigation. Voyez Vaisseau & Navigation.

C’est dans ce sens qu’on dit quelquefois forces navales, combat naval, &c.

Couronne navale, corona navalis, parmi les anciens Romains, étoit une couronne ornée de figures des proues de vaisseaux ; on la donnoit à ceux qui dans un combat naval avoient les premiers monte sur le vaisseau ennemi.

Quoiqu’Aulugelle semble avancer comme une chose générale, que la couronne navale étoit ornée de figures de proues de vaisseaux, cependant Juste Lipse distingue deux sortes de couronnes navales ; l’une simple, l’autre garnie d’éperons de navires.

Selon lui, la premiere se donnoit communément aux moindres soldats ; la seconde beaucoup plus glorieuse, ne se donnoit qu’aux généraux, ou amiraux, qui avoient remporté quelque victoire navale considérable. Chambers. (G)

Navale, (Géogr. anc.) ce mot latin peut avoir beaucoup de significations différentes : il peut signifier un port, un havre, quelquefois le lieu du port où l’on construit les vaisseaux, comme à Venise ; ou le bassin où ils sont conservés & entretenus, comme au Havre-de-Grace ; mais ce n’est point là le principal usage de ce mot. Il y avoit des villes qui étoient assez importantes pour avoir un commerce maritime, & qui néanmoins n’étoient pas situées assez près de la mer pour faire un port. En ce cas on en choisissoit un le plus près & le plus commode qu’il étoit possible. On bâtissoit des maisons à l’entour, & ce bourg ou cette ville devenoit le navale de l’autre ville. C’est ainsi que Corinthe située dans l’isthme du Péloponnese avoit deux ports, duo navalia, savoir, Lechacum dans le golfe de Corinthe, & Cenchrées dans le golfe Saronique. Quelquefois une ville se trouvoit bâtie en un lieu qui n’avoit pas un port suffisant pour ses vaisseaux, parce que son commerce auquel des barques avoient suffi au commencement, étoit devenu plus florissant, & demandoit un havre où de gros bâtimens pussent entrer ; alors quoique la ville eût déjà une espece de port, elle s’en procuroit un autre plus large, plus profond, quoiqu’à quelque distance, & souvent il s’y formoit une colonie qui devenoit aussi florissante que la ville même. C’est une erreur de croire que le port ou navale fût toujours contigu à la ville dont il dépendoit, il y avoit quelquefois une distance de plusieurs milles.