L’Encyclopédie/1re édition/NAUCRATIS

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NAUCRATIS, (Géog. anc.) ville d’Egypte dans le Delta, au-dessus de Mételis, à main gauche en remontant le Nil. Elle étoit ancienne, & fut bâtie par les Milésiens, selon Strabon ; mais il ne s’accorde pas avec lui-même ; & il y a bien des raisons, dit Bayle, qui combattent son sentiment, outre que Diodore de Sicile ne lui est point favorable. Si nous avions l’ouvrage d’Apollonius Rhodius sur la fondation de Naucratis, nous pourrions décider la querelle. Ce qu’il y a de bien certain, c’est que cette ville a été fort célebre par son commerce, qui fut tel qu’on ne souffroit pas en Egypte qu’aucun navire marchand déchargeât dans un autre port. Cette prérogative lui procura un grand concours d’étrangers & des courtisannes, qui au rapport d’Hérodote, y prenoient un soin extrème de leur beauté. Rhodope y gagna des sommes immenses, & Archidice qui eut un si grand renom par toute la Grece, vint aussi s’y établir. Enfin, cette ville prétendoit avoir bonne part à la protection de Vénus, & se vantoit de posséder une image miraculeuse de cette déesse, que l’on consacra dans son temple.

Origène remarque qu’on y honoroit particulierement le dieu Sérapis, quoiqu’anciennement on y eût adoré d’autres dieux. Athénée, Julius Pollux, Lycéas, & Polycharme, ne sont pas les seuls auteurs dont Naucratis soit la patrie ; car selon quelques-uns, Aristophane & Philistus y naquirent aussi.

Athénée & Julius Pollux étoient contemporains : le premier fut surnommé le Pline des Grecs, & passoit pour un des plus savans hommes de son tems ; il florissoit à la fin du second siecle. Il ne nous reste de lui que les Disnosophistes, c’est-à-dire les Sophistes à table, en 15 livres, dont il nous manque les deux premiers, une partie du troisieme, & la plus grande partie du quinzieme. On y trouve une variété surprenante de faits, qui en rendent la lecture très-agréable aux amateurs de l’antiquité. La bonne édition en grec & en latin est Lugd. 1612. 2 vol. in-fol.

Julius Pollux étoit un peu plus jeune qu’Athénée ; il obtint la protection de Commode, fils de Marc-Aurele, & devint professeur de Rhétorique à Athènes. On connoît son Onosmaticon, ou dictionnaire grec, ouvrage précieux, dont la meilleure édition est d’Amsterdam, en 1706, in fol. en grec & en latin avec des notes.

Voilà les habiles gens qui ont contribué à la gloire de Naucratis ; mais elle a tiré infiniment plus de profit de ses poteries & de son nitre. (D. J.)