L’Encyclopédie/1re édition/NARNI

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NARNI, (Géogr.) on l’appelloit Nequinum selon Tite-Live, liv. X. chap. ix. à cause de la difficulté des chemins qui y conduisent ; petite ville très-ancienne d’Italie au duché de Spolete, dans l’état ecclésiastique, avec un évêché suffragant du pape. L’an de Rome 454, le consul M. Fulvius Petunius triompha des Néquiniens & des Samnites confédérés. Elle résista plus heureusement aux forces d’Annibal dans le tems qu’il ravageoit l’Italie ; mais dans le xvj. siecle, l’armée de Charles V. & des Vénitiens, s’en rendit maître, & y commit des ravages inexprimables ; elle est heureusement ressuscitée de ses cendres : on y voit encore quelques restes d’un pont magnifique, qu’on dit avoir été construit par Auguste, après la défaite des Sicambres, & de leurs dépouilles : il étoit bâti de grands quartiers de marbre joints ensemble par des bandes de fer, & scellées en plomb.

Narni est en partie située sur la croupe, & en partie sur la pente d’une montagne escarpée, à 7 lieues S. O. de Spolete, & à 15 N. E. de Rome : la Néra passe au bas de Narni ; sa long. est 30. 15. lat. 42. 32.

Cette petite ville a produit quelques gens de lettres, mais elle doit principalement se vanter d’avoir donné la naissance à l’empereur Nerva. Vieillard vénérable quand il monta sur le trône pour remplacer un monstre odieux, il se fit adorer par sa sagesse, par sa douceur, & par ses vertus. Il n’eut pas de plus grande joie que de penser & de dire en lui-même :

Par-tout en ce moment on me bénit, on m’aime,
On ne voit point le peuple à mon nom s’allarmer,
Le Ciel dans tous leurs pleurs ne m’entend point nommer,
Leur sombre inimitié ne fuit point mon visage,
Je vois par-tout les cœurs voler à mon passage.

Enfin il mit le comble à sa gloire en adoptant Trajan, l’homme le plus propre à honorer la nature humaine : ainsi le premier Antonin adopta Marc-Aurele. (D. J.)