L’Encyclopédie/1re édition/MYIAGRUS

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MYIAGRUS, (Mythol.) dieu destructeur des monches. Il faut écrire, comme nous avons fait, Myiagrus, & non pas Myagrus, qui signifieroit destructeur des rats. Or tout le monde convient que les mouches étoient les seuls insectes dont parlent les anciens, au sujet desquels on invoquoit ce dieu solemnellement dans quelques endroits, pour être délivré de ce fleau.

Les Arcadiens, dit Pausanias, ont des jours d’assemblée en l’honneur d’une certaine divinité, qui vraissemblablement est Hercule ou Jupiter : dans ces occasions, ils commencent par invoquer le dieu Myiagrus, & le prier de les préserver des mouches durant leurs sacrifices.

Le peuple romain honoroit aussi cette divinité imaginaire sous le nom de Myodes, parce que les mouches s’appellent en grec μυίας. Pline rapporte qu’elles désoloient les assistans aux jeux olympiques, mais qu’elles s’envoloient par nuages, & se jettoient ailleurs, aussi-tôt qu’ils avoient sacrifié un taureau au dieu Myiodes ; cependant on ne lui faisoit que rarement cet honneur à Olympie, & seulement une fois dans le cours de plusieurs années. Les Eléens au contraire encensoient avec constance les autels de ce dieu, persuadés qu’autrement des flots de mouches viendroient infester leur pays, sur la fin de l’été, & y porter la peste & la désolation.

L’incommodité de tous ces insectes, que nous appellons mouches, moucherons, cousins, est si grande dans les pays chauds, que la superstition s’est imaginé sans peine qu’il ne falloit pas moins qu’un dieu pour les chasser, ou les faire périr. Et comme il y avoit à Rome des expositions avantageuses où l’on étoit moins incommodé de ces sortes d’insectes aîlés, que dans d’autres quartiers, ce qui se trouvoit également vrai dans plusieurs villes ; le peuple se persuada devoir cette faveur aux bontés éclatantes d’une divinité particuliere, qu’il nomma Myiodes, Myiagrus, Apomyos, suivant les lieux & le pays. (D. J.)