L’Encyclopédie/1re édition/MOUSTACHE

MOUSTACHE, s. f. (Hist. mod.) partie de la barbe qu’on laisse au-dessus des levres ; on dit qu’entre les motifs qu’on apporta pour refuser aux laïcs la communion sous les deux especes, on fit valoir la raison contenue dans ce passage : Quia barbati & qui prolixos habent granos, dum poculum inter epulas sumunt, prius liquore pilos inficiunt quam ori infundunt.

Les Orientaux portent en général de longues moustaches qui leur donnent un air martial & terrible à leurs ennemis. Parmi les Turcs il n’y a guère que les leventins ou soldats de marine qui se rasent les joues & le menton, les autres laissent croître leur barbe pour paroître plus respectables. La plus grande menace qu’on puisse leur faire est celle de la leur couper, ce qu’ils regardent comme le plus outrageant de tous les affronts. Le roi de Suede, Charles XII. en ayant menacé dans une occasion les janissaires qui lui servoient de garde à Bender, ils s’en tinrent très-offensés.

Il n’y a pas plus de cent ans que tout le monde portoit la moustache en France, même les ecclésiastiques, comme on le voit par les portraits des cardinaux de Richelieu & Mazarin ; on les a releguées parmi les troupes, où les soldats sont même libres d’en porter, & il n’y a guère parmi nous d’officiers qui en portent que ceux des housards : les Chinois & les Tartares les portent longues & pendantes comme faisoient autrefois les Sarrasins.

Moustache, terme de Tireur d’or, manivelle qui se fiche dans les rochets & bobines des Tireurs d’or, & dont ils se servent pour tirer & devider leur fil d’or & soie. Voyez Rochet & Bobine.