L’Encyclopédie/1re édition/MOTTE

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MOTTE, s. f. en général, petite élévation de terre labourée ou non.

Motte, (Jardinage.) est une grosseur de terre adhérente aux racines d’un arbre, & qui les conserve ; ce qui dispense d’en couper la tête. Voyez Lever.

C’est aussi la terre qu’on laisse au pié des fleurs que l’on leve sur la couche, & qui est si nécessaire à leur reprise, que quand elle vient à s’ébouler, les Jardiniers regardent la plante comme perdue, & la mettent au rebut.

Motte, (Fayanc. Pot.) masse de terre épluchée, marchée, & prête à être mise sur le tour pour y prendre la forme d’un vaisseau.

Motte a bruler, terme de Tanneur, c’est une espece de pain rond & plat, qu’on fabrique avec du tanné qu’on foule avec les piés dans un moule.

Le petit peuple & les pauvres se servent de mottes pour faire du feu, parce qu’elles se vendent à bon marché & qu’elles conservent long-tems la chaleur lorsqu’elles sont embrasées.

Motte, terme de Chasse & de Fauconnerie, prendre motte, se dit d’un oiseau qui, au lieu de se percher sur un arbre, se pose à terre.

Motte, (Géogr.) nom par lequel les François désignent une petite élévation, & qu’ils ont ensuite étendu à des villes, bourgs, châreaux, villages ou maisons de campagne situés sur quelque éminence. Je ne parlerai cependant que de la seule ville nommée la Motte en Lorraine, dans le bailliage de Bassigny, aux frontieres de la Champagne, & à une lieue de la Meuse. Cette ville passoit pour une place imprénable par sa situation au haut d’un rocher escarpé. Le cardinal Mazarin la fit assiéger par Magalotti son neveu, & ensuite par M. de Villeroi, qui contraignit finalement le gouverneur de la place à se rendre en 1644. La capitulation portoit, qu’elle ne seroit rasée, ni démantelée ; mais cet article ne fut point observé, On rasa la Motte de fond en comble ; on ruina plusieurs particuliers innocens par cette indigne action ; & la reine-mere flétrit sa mémoire en violant la parole donnée. Voyez les mémoires de Beauveau. (D. J.)