L’Encyclopédie/1re édition/MORDANT

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MORDANT, s. m. (Art méchan.) composition dont on se sert pour attacher l’or en feuille, ou l’argent battu sur une surface quelconque.

La biere, le miel & la gomme arabique bouillis ensemble feront un mordant ; la gomme arabique avec le sucre en feront un second. Le suc de l’ail, de l’oignon & de la jacinthe, ou la gomme arabique seule, attacheront la feuille d’or & d’argent. Vous mêlerez à ce dernier un peu de carmin, afin d’appercevoir les endroits que vous en aurez enduits. Vous appliquerez la feuille d’or sur le mordant avec un petit tampon de coton. Vous laissez prendre la feuille. Puis avec le coton vous ôterez en frotant toute la surface les portions d’or qui n’auront pas été attachées.

Mordant, en terme de Cloutier d’épingles, est une espece de pince courte & sans branches, dont les dents sont de bas en haut. C’est dans le mordant que l’on met le clou pour en faire la pointe. On le serre dans un étau pour le tenir plus ferme. Voyez les fig. Pl. du Cloutier d’épingles, où l’on a représenté un étau armé de son mordant, dans lequel est une pointe prête à être frappée avec le pannoir, sorte de marteau. Voyez Pannoir & la fig. qui le représente.

Mordant, instrument dont le compositeur se sert dans la pratique de l’Imprimerie, est une petite tringle de bois à-peu-près quarrée, de dix à onze pouces de long, sur environ deux pouces & demi de circonférence, fendue & évuidée dans sa longueur de sept à huit pouces seulement. Un compositeur se sert ordinairement de deux mordans. Ils servent à arrêter & maintenir la copie, comme adossée sur le visorium, en embrassant transversalement la copie par devant par une de ses branches, & le visorium par derriere au moyen de sa seconde branche ; le premier mordant, que l’on peut nommer supérieur, reste comme immobile, tandis que le second sert à indiquer au compositeur la ligne de la copie qu’il compose, en le plaçant immédiatement au-dessus de cette même ligne, & ayant soin de le baisser, à mesure qu’il avance sa composition ; s’il n’a pas cette attention, il est en danger de faire des bourdons. Voyez Bourdon. Voyez dans les fig. Pl. de l’Imprimerie, le visorium, son mordant & son usage.

Mordant, on appelle mordant en Peinture, une composition qui sert à rehausser les ouvrages en détrempe ; elle se fait avec une livre de térébenthins épaisse, une livre de poix résine, trois quarterons de cire jaune, une demi-livre de suif, un demi-septier d’huile de lin, qu’on fait bouillir : on applique de l’or ou du cuivre sur le mordant, dès qu’il est posé sur l’ouvrage qu’on s’est proposé de faire. Il faut l’employer bien chaud. Voyez Rehauts, Rehausser.