L’Encyclopédie/1re édition/MOKISSOS

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MOKISSOS, (Hist. mod. superstition.) les habitans des royaumes de Loango & de Benguela en Afrique, & plusieurs autres peuples idolâtres de cette partie du monde, désignent sous ce nom des génies ou démons, qui sont les seuls objets de leur adoration & de leur culte. Il y en a de bienfaisans & de malfaisans ; on croit qu’ils ont des départemens séparés dans la nature, & qu’ils sont les auteurs des biens & des maux que chaque homme éprouve. Les uns président à l’air, d’autres aux vents, aux pluies, aux orages : on les consulte sur le passé & sur l’avenir. Ces idolâtres représentent leurs mokissos sous la forme d’hommes ou de femmes grossierement sculptés ; ils portent les plus petits suspendus à leur cou ; quant à ceux qui sont grands, ils les placent dans leurs maisons, ils les ornent de plumes d’oiseaux, & leur peignent le visage de différentes couleurs.

Les prêtres destinés au culte de ces divinités, ont un chef appellé enganga-mokisso, ou chef des magiciens. Avant que d’être installé prêtre, on est obligé de passer par un noviciat étrange qui dure quinze jours ; pendant ce tems, le novice est confiné dans une cabane solitaire ; il ne lui est permis de parler à personne, & pour s’en souvenir il se fourre une plume de perroquet dans la bouche. Il porte un bâton, au haut duquel est représentée une tête humaine qui est un mokisso. Au bout de ce tems le peuple s’assemble, & forme autour du récipiendaire une danse en rond, pendant laquelle il invoque son dieu, & danse lui-même autour d’un tambour qui est au milieu de l’aire où l’on danse. Cette cérémonie dure trois jours, au bout desquels l’enganga ou chef fait des contorsions, des folies, & des cris comme un frénétique ; il se fait des plaies au visage, au front, & aux temples ; il avale des charbons ardens, & fait une infinité de tours que le novice est obligé d’imiter. Après quoi il est aggrégé au collége des prêtres ou sorciers, nommés fetisseros, & il continue à contrefaire le possédé, & à prédire l’avenir pendant le reste de ses jours. Belle vocation !