L’Encyclopédie/1re édition/MITRER

◄  MITRE
MITTA  ►

MITRER, (Jurisp.) M. Philippe Bornier, en sa conférence sur l’ordonnance du commerce, tit. xj. des faillites, art. 12. dit que ce qu’on appelle en France mitrer, est lorsqu’on met le cou ou les poignets entre deux ais, comme on voit encore les ais troués, au haut de la tour du pilory des halles, & à l’échelle du Temple à Paris ; mais il paroît que dans l’origine, ce qu’on appelloit mitrer, étoit une autre sorte de peine ignominieuse, qui consistoit à mettre sur la tête du condamné une mitre de papier, à peu près comme on en mettoit sur la tête de l’évêque ou abbé des fous, lorsqu’on en faisoit la fête, qui n’a été totalement abolie que depuis environ 200 ans. En effet, il est dit dans Barthole, sur la loi eum qui, au digest. de injuriis ; tu fuisti mitratus pro falso. Et dans le Memoriale de Pierre de Paul, année 1393, tit. de quisdam maleficiis, il est dit : Ubi unus dictorum sacerdotum S. Dermeæ mitratus fuit, & in eâdem mitriâ ductus fuit unà cum prædictis aliis clericis ligatus, &c. Sur quoi on peut voir aussi Julius Clarus, in sentent. p. 328. & le glossaire de Ducange, p. 328. La mitre, qui est ordinairement une marque d’honneur, est encore en certains cas une marque d’ignominie. Dans le pays de Vosges le bourreau en porte une, pour marque extérieure de son office. En Espagne, l’Inquisition fait mettre une mitre de carton sur la tête de ceux qu’elle condamne pour quelque crime d’hérésie. Voyez le Traité des signes des pensées, par Alphonse Costadaci, dauxieme édition, tom. IV. p. 198. (A)