L’Encyclopédie/1re édition/MIGNON
MIGNON, s. m. (Gramm. franç.) Ce mot s’emploie seulement dans les conversations familieres, pour exprimer, comme les Italiens, par leur mignone, une personne aimée ; chérie, favorisée plus que les autres. Rhédi prétend que les François ont porté ce mot mignon en Toscane, qu’ils l’ont pris de l’allemand minuen, aimer ; & que c’est de la même source que sont nés les mots mignard, mignarder, menin. Sous le regne d’Henri III. le terme mignon devint fort commun, & désignoit en particulier les favoris de ce prince.
Quélus & saint Mégrin, Joyeuse & d’Epernon,
Jeunes voluptueux qui régnoient sous son nom.
On lit dans les mémoires pour servir à l’histoire de France, imprimés a Cologne en 1719, que « ce fut en 1516 que le nom mignons commença à trotter par la bouche du peuple, à qui ils étoient fort odieux, tant pour leurs façons de faire badines & hautaines, que pour leurs accoutremens efféminés, & les dons immenses qu’ils recevoient du roi. Ces beaux mignons portoient des cheveux longuets, frisés & refrisés, remontant par-dessus leurs petits bonnets de velours, comme chez les femmes, & leurs fraises de chemises de toile d’atour, empesées & longues d’un demi-pié, de façon qu’à voir leurs têtes dessus leurs fraises, il sembloit que ce fût le chef de saint Jean dans un plat ». (D. J.)