L’Encyclopédie/1re édition/MENSAIRES

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MENSAIRES, s. m. pl. (Hist. anc.) officiers qu’on créa à Rome, au nombre de cinq, l’an de cette ville 402, pour la premiere fois. Ils tenoient leurs séances dans les marchés. Les créanciers & les débiteurs comparoissoient là ; on examinoit leurs affaires ; on prenoit des précautions pour que le débiteur s’acquittât, & que son bien ne fût plus engagé aux particuliers, mais seulement au public qui avoit pourvu à la sureté de la créance. Il ne faut donc pas confondre les mensarii avec les argentarii & les nummularii : ces derniers étoient des especes d’usuriers qui faisoient commerce d’argent. Les mensarii, au contraire, étoient des hommes publics qui devenoient ou quinquivirs ou triumvirs ; mais se faisoit argentarius & nummularius qui vouloit. L’an de Rome 356, on créa à la requête du tribun du peuple M. Minucius, des triumvirs & des mensaires. Cette création fut occasionnée par le défaut d’argent. En 538, on confia à de pareils officiers les fonds des mineurs & des veuves ; & en 542, ce fut chez des hommes qui avoient la fonction des mensaires, que chacun alloit déposer sa vaisselle d’or & d’argent & son argent monnoyé. Il ne fut permis à un sénateur de se réserver que l’anneau, une once d’or, une livre d’argent ; les bijoux des femmes, les parures des enfans & cinq mille asses, le tout passoit chez les triumvirs & les mensaires. Ce prêt, qui se fit par esprit de patriotisme, fut remboursé scrupuleusement dans la suite. Il y avoit des mensaires dans quelques villes d’Asie ; les revenus publics y étoient perçus & administrés par cinq préteurs, trois questeurs & quatre mensaires ou trapezetes ; car on leur donnoit encore ce dernier nom.