L’Encyclopédie/1re édition/MARQUETERIE
MARQUETERIE, s. f. (Art méchaniq.) Sous le nom de marqueterie, l’on entend l’art d’assembler proprement & avec délicatesse des bois, métaux, verres, & pierres précieuses de différentes couleurs, par plaques, bandes & compartimens, sur d’autres beaucoup plus communs, pour en faire des meubles, bijoux, & tout ce qui peut contribuer à l’embellissement des appartemens. Il en est de trois sortes : la premiere consiste dans l’assemblage des bois rares & précieux de différentes especes, des écailles, ivoires & autres choses semblables, quelquefois par compartimens de bandes d’étain, de cuivre, & autres métaux, sur de la menuiserie ordinaire, non seulement pour en faire des armoires, commodes, bibliotheques, bureaux, secrétaires, guéridons, tables, écritoires, piés & boîtes de pendules, piédestaux, escablons pour porter des antiques, consoles & tablettes propres à déposer des porcelaines, bijoux, &c. mais aussi pour des lambris, plafonds, parquets, & tout ce qui peut servir d’ornement aux plus riches appartemens des palais & autres maisons d’habitation ; la seconde, dans l’assemblage des émaux & verres de différentes couleurs ; & la troisieme, dans l’assemblage des pierres & marbres les plus précieux, qu’on appelle plus proprement mosaïques, voyez cet article. Ceux qui travaillent à la premiere espece de marqueterie se nomment Menuisiers de placage, parce qu’outre qu’ils assemblent les bois comme les Menuisiers d’assemblage, ils les plaquent par-dessus de feuilles très-minces de bois de différente couleur, & les posent les uns contre les autres par compartiment avec de la colle forte, après les avoir taillés & contournés avec la scie, fig. 75. suivant les desseins qu’ils veulent imiter. On les appelle encore Ebénistes, parce qu’ils emploient le plus souvent des bois d’ébene. Ceux qui travaillent à la seconde sont appellés Emailleurs, voyez cet art. & ceux qui travaillent à la derniere sont les Marbriers, voyez cet article.
L’art de marqueterie est selon quelques-uns fort ancien : l’on croit que son origine qui étoit fort peu de chose dans sen commencement, vient d’Orient, & que les Romains l’emporterent en Occident avec une partie des dépouilles qu’ils tirerent de l’Asie. Anciennement on divisoit la marqueterie en trois classes. La premiere qu’on appelloit μεγαλογραφία étoit la plus estimée ; on y voyoit des figures des dieux & des hommes. La seconde représentoit des oiseaux & autres animaux de toute espece ; & la troisieme, des fleurs, des fruits, des arbres, paysages, & autres choses de fantaisie. Ces deux dernieres étoient appellées indifféremment ρῶδογραφια. Cet art n’a pas laissé que de se perfectionner en Italie vers le quinzieme siecle ; mais depuis le milieu du dix septieme, il a acquis en France toute la perfection que l’on peut desirer. Jean de Veronne, contemporain de Raphael & assez habile peintre de son tems, fut le premier qui imagina de teindre les bois avec des teintures & des huiles cuites qui les pénétroient. Avant lui, la marqueterie n’étoit, pour ainsi dire, autre chose que du blanc & du noir ; mais il ne la poussa que jusqu’à représenter des vûes perspectives qui n’ont pas besoin d’une si grande variété de couleurs. Ses successeurs enchérirent sur la maniere de teindre les bois, non-seulement par le secret qu’ils trouverent de les brûler plus ou moins sans les consumer, ce qui servit à imiter les ombres, mais encore par la quantité des bois de différentes couleurs vives & naturelles que leur fournit l’Amérique, ou de ceux qui croissent en France dont jusqu’alors on n’avoit point fait usage.
Ces nouvelles découvertes ont procuré à cet art les moyens de faire d’excellens ouvrages de pieces de rapport, qui imitent la peinture au point que plusieurs les regardant comme de vrais tableaux, lui ont donné le nom de peinture en bois, peinture & sculpture en mosaïque. La manufacture des Gobelins, établie sous le regne de Louis XIV. & encouragée par ses libéralités, nous a fourni les plus habiles ébénistes qui ont paru depuis plusieurs années, du nombre desquels le fameux Boule le plus distingué, est celui dont il nous reste quantité de si beaux ouvrages : aussi est-ce à lui seul, pour ainsi dire, que nous devons la perfection de cet art, mais depuis ce tems-là la longueur de ces sortes d’ouvrages les a fait abandonner.
On divise la marqueterie en trois parties. La premiere, est la connoissance des bois propres à cet art ; la seconde, l’art de les assembler & de les joindre ensemble par plaques & compartimens, mélés quelquefois de bandes de différens métaux sur de la menuiserie ordinaire ; & la troisieme, la connoissance des ouvrages qui ont rapport à cet art.
Des bois propres à la marqueterie. Presque toutes les sortes des bois sont propres à la marqueterie, les uns sont tendres & les autres fermes. Les premiers se vendent à la piece, & les seconds à la livre à cause de leur rareté.
Les bois tendres qu’on appelle ordinairement bois françois, ne sont pas les meilleurs ni les plus beaux, mais aussi sont-ils les plus faciles à travailler, raison pour laquelle on en fait les fonds des ouvrages[1]. Ceux que l’on emploie le plus souvent à cet usage sont le sapin, le châtaignier, le tilleul, le frêne, le hêtre, & quelques autres très-legers ; les bois de noyer blanc & brun, de charme, de cormier, de buis, de poirier, de pommier, d’alizier, de merizier, d’acacia, de psalm, & quantité d’autres, s’emploient refendus avec les bois des Indes aux compartimens de placage ; mais il faut avoir grand soin d’employer cette sorte de bois bien secs ; car comme ils se tourmentent beaucoup, lorsqu’ils ne sont pas parfaitement secs, quels mauvais effets ne feroient-ils pas, si, lorsqu’etant plaqués, ils venoient à se tourmenter ?
Les bois fermes, appellés bois des Indes parce que la plûpart viennent de ces pays, sont d’une infinité d’especes plus rares & plus précieuses les unes que les autres ; leurs pores sont fort serrés, ce qui les rend très-fermes & capables d’être refendus très minces. Plusieurs les appellent tous indifféremment bois d’ébene, quoique l’ébene proprement dit soit presque seul de couleur noire, les autres ayant chacune leur nom particulier. On en comprend néanmoins, sous ce nom, de noir, de rouge, de vert, de violet, de jaune, & d’une infinité d’autres couleurs nuancées de ces dernieres.
L’ébene noir est de deux especes ; l’une qui vient de Portugal, est parsemée de taches blanches ; l’autre qui vient de l’île Maurice, est plus noire & beaucoup plus belle.
Le grenadil est une espece d’ébene que quelques-uns appellent ébene rouge, parce que son fruit est de cette couleur ; mais le bois est d’un brun foncé tirant sur le noir veiné de blanc ; ceux qui sont vraiment rouges sont le bois rose, & après lui le mayenbeau, le chacaranda, le bois de la Chine qui est veiné de noir, & quelques autres ; le bois de fer approche beaucoup du rouge, mais plus encore du brun.
Les ébenes verts sont le calembour, le gaïac, & autres ; mais cette derniere espece beaucoup plus foncée, dure & pesante, est mêlée de petites taches brillantes.
Les ébenes violets sont l’amarante ; l’ébene palissante, celui qu’on appelle violette, & autres ; mais le premier est le plus beau, les autres approchant beaucoup de la couleur brune.
Les ébenes jaunes sont le clairembourg, dont la couleur approche beaucoup de celle de l’or, le cédre, différens acajous & l’olivier, dont la couleur tire sur le blanc.
Il est encore une infinité d’autres ébenes de différentes couleurs nuancées plus ou moins de ces dernieres.
Des assemblages. On entend par assemblages de marqueterie, non-seulement l’art de réunir & de joindre ensemble plusieurs morceaux de bois pour ne faire qu’un corps, mais encore celui de les couvrir par compartimens de pieces de rapport. Les uns se font quarrément à queue d’aronde, en onglet, en fausse coupe, &c. comme on peut le voir dans la Menuiserie où ces assemblages sont traités fort amplement. Les autres se font avec des petites pieces de bois refendues très-minces, découpées de différente maniere selon le dessein des compartimens, & collées ensuite les unes contre les autres.
Cette derniere sorte d’assemblage en laquelle consiste principalement l’art de marqueterie, se fait de deux manieres : l’une est lorsque l’on joint ensemble des bois, ivoires ou écailles de différente couleur ; l’autre lorsque l’on joint ces mêmes bois, ivoires ou écailles avec des compartimens ou filets d’étain, de cuivre, & autres.
La premiere se divise en deux especes : l’une lorsque les bois divisés par compartimens, représentent simplement des cadres, des panneaux, & quelquefois des fleurs d’une même couleur ; l’autre, lorsqu’indépendamment des cadres & des panneaux d’une ou plusieurs couleurs, ces derniers représentent des fleurs, des fruits, & même des figures qui imitent les tableaux. L’une & l’autre consistent premierement à teindre une partie des bois que l’on veut employer & qui ont besoin de l’être, pour leur donner des couleurs qu’ils n’ont pas naturellement ; les uns en les brûlant leur donnent une couleur noirâtre qui imite les ombres ; les autres les mettent pour cet effet dans du sable extrèmement chauffé au feu ; d’autres se servent d’eau-de-chaux & de sublimé ; d’autres encore d’huile de soufre : cependant chaque ouvrier a sa maniere & les drogues particulieres pour la teinte de ses bois, dont il fait un grand mystere. Deuxiemement, à réduire en feuilles d’environ une ligne d’épaisseur tous les bois que l’on veut employer dans un placage. Troisiemement, ce qui est le plus difficile & qui demande le plus de patience & d’attention, à contourner ces feuilles avec la scie, fig. 75. suivant la partie du dessein qu’elles doivent occuper en les serrant dans différens étaux, fig. 65, 66, & 67, que l’on appelle aussi âne. Cela se fait en pratiquant d’abord sur l’ouvrage même un placage de bois de la couleur du fond du dessein. On y trace ensuite le dessein dont on supprime les parties qui doivent recevoir des bois d’une autre couleur que l’on ajuste alors à force, pour les faire joindre parfaitement. Quatriemement enfin, à les plaquer les unes contre les autres avec de la colle sorte, en se servant des marteaux à plaquer, fig. 78 & 79.
La seconde maniere avec compartimens d’étain, de cuivre, ou autres métaux, est de deux sortes : l’une A fig. 61, 62, & 63, est celle dont le bois forme les fleurs & autres ornemens auxquels l’étain ou le cuivre sert de fond. L’autre B, est au contraire celle dont le cuivre ou l’étain sont les fleurs & autres ornemens auxquels le bois, l’écaille ou l’ivoire sert de fond ; l’une & l’autre s’ajustent de la même maniere que celle en bois, mais ne se peut coller comme le bois avec de la colle forte, qui ne prend point sur les métaux, mais bien avec du mastic.
Des ouvrages de marqueterie. La marqueterie étoit fort en usage chez les anciens. La plus grande richesse de leurs appartemens ne consistoit qu’en meubles de cette espece ; ils ne se contentoient pas d’en faire des meubles, ils en faisoient des lambris, des parquets, des plafonds ; ils en revétissoient leurs pieces de curiosité ; ils en faisoient même des vases & des bijoux de toute espece, qu’ils considéroient comme autant d’ornemens agréables à la vûe. Mais depuis que les porcelaines & les émaux les plus précieux ont succédé à toutes ces choses, la marqueterie a beaucoup diminué de son luxe. Néanmoins on voit encore dans les appartemens des châteaux de Saint-Cloud & de Meudon, des cabinets de curiosité, & dans beaucoup de maisons d’importance, quantité de meubles & bijoux revêtus de ces sortes d’ouvrages.
De tous les meubles faits de marqueterie, ceux dont on fait le plus d’usage sont les commodes, fig. 1. 2. 3. 4. 5. & 6. d’une infinité de formes & grandeurs. Ce meuble se place ordinairement dans les grandes pieces entre deux croisées, adossé aux trumeaux, & est composé de plusieurs tiroirs A, fig. 1. 3. & 5, plus grands ou plus petits les uns que les autres, selon l’usage que l’on en veut faire, divisés extérieurement de cadres & de panneaux de bois de placage de différentes couleurs : ces commodes sont surmontées de tables de marqueterie, fig. 2. 4. & 6, subdivisées par compartimens de différens desseins, & plus ordinairement de tables de marbre, beaucoup moins sujettes aux taches.
Après les commodes sont les armoires, fig. 7, à l’usage des lingeries, ou bas d’armoires, fig. 8. & 9, à l’usage des anti chambres, salles à manger, &c. on les fait, comme tous les autres meubles, en noyer simplement, fig. 7, avec portes A quarrées ou ceintrées par le haut, & pilastres B, subdivisés de panneaux A & B, & de cadres C, ou par compartimens de placage, fig. 8, avec portes A & pilastres B, ornés de bases & corniches. La fig. 9 est la table de ce même bas d’armoire, qui pour la même raison des commodes est aussi le plus souvent en marbre.
La fig. 10 est l’élévation d’un chassis d’écran, dont la fig. 11 est le plan, composé de deux traverses A, de deux montans B, appuyés sur deux piés C ; le tout quelquefois en bois de noyer orné de moulure, & quelquefois en bois couvert de marqueterie.
La fig. 12 est l’élévation, & la fig. 13 le plan d’une table dite table de nuit, que l’on place ordinairement près des lits pendant la nuit. Cette table est composée d’une tablette inférieure A, d’une supérieure B, souvent en marbre, pour placer une lumiere, un livre, & autres semblables commodités pendant la nuit, montées ensemble sur quatre piés C. Ce meuble est, comme les autres, quelquefois en noyer, & quelquefois en marqueterie.
La fig. 14 est l’élévation, & la fig. 15 le plan d’une petite table appellée chifoniere, dont se servent ordinairement les femmes pour le dépôt de leurs ouvrages ou chiffons, d’où elle tire son nom. Cette table, montée sur quatre piés A, est composée de plusieurs tiroirs B, divises de cadres & de panneaux, dont le supérieur B contient ordinairement une écritoire. Le dessus C de cette table, fig. 15, est quelquefois couvert d’un maroquin.
La fig. 16 est l’élévation extérieure d’une bibliotheque à l’usage des cabinets, avec portes de treillage A, base B, & corniches C, ornées de différens compartimens de marqueterie en bois.
La fig. 17 est aussi une bibliotheque servant aux mêmes usages que la précédente, mais différente, en ce qu’elle forme une espece de lambris de hauteur & d’appui, ornée de pilastres, ayant aussi des portes de treillage A, base B, & corniches C, couverte par compartimens de marqueterie en bois.
La fig. 18 est l’élévation, & la fig. 19 le plan d’un secrétaire meublé, assez commun dans les cabinets, composé de plusieurs tiroirs extérieurs A grands ou petits, de plusieurs autres intérieurs B, avec tablettes C en forme de serre-papier, & une espece de cave D servant de coffre sort ; les tiroirs B, tablettes C & coffre D, se trouvent enfermés surement par une table E, garnie intérieurement de maroquin, qui étant couverte, sert à écrire, dessiner, &c. L’extérieur & l’intérieur sont plaqués de marqueterie en bois, monté le tout ensemble sur quatre piés F.
La fig. 20 est un secrétaire en forme d’armoire, aussi à l’usage des cabinets, dont l’intérieur de la partie supérieure A est garni, comme le précédent, de petits tiroirs & tablettes en forme de serre-papier, enfermés par une table garnie intérieurement de maroquin, servant à écrire ; & la partie inférieure B s’ouvrant en deux parties, forme intérieurement une armoire contenant des tablettes, tiroirs & coffre fort. L’extérieur de ce meuble couronné d’une table de marqueterie ou de marbre, est décoré de cadres de différens compartimens de marqueterie en bois, & de panneaux représentant des fleurs & des fruits.
La fig. 21 est l’élévation, & la fig. 22 le plan d’une espece de table appellée bureau, aussi à l’usage des cabinets, composée de deux ou trois tiroirs A, surmontés d’une table B, ordinairement garnie de maroquin, le tout ensemble monté sur quatre piés C.
La fig. 23 est l’élévation, & la fig. 24 le plan d’un bureau beaucoup plus riche & plus commode que le précédent, décoré de chaque côté de pilastres A, avec cadres & panneaux de marqueterie, & entre-pilastres BC pour placer des tiroirs B & armoires C, ornées de cadres de marqueterie & de panneaux représentans des fleurs : au milieu plus enfoncé pour placer les genoux, est une grande armoire D ouvrant en deux parties, dont l’intérieur contient des tablettes, tiroirs & coffre-fort. Ce bureau est couronné d’une table E garnie de maroquin.
La fig. 25 est le plan, & la fig. 26 l’élévation intérieure d’une écritoire, espece de boîte faite pour contenir encre, plumes, papiers, &c. le dessus du couvercle, fig. 25, est garni de marroquin bordé de cadres de marqueterie.
La fig. 27 est le plan, & la fig. 28 l’élévation intérieure d’une autre écritoire en marqueterie, dont l’encre & les plumes se trouvent placées extérieurement, & les papiers intérieurement.
La fig. 29 est l’élévation d’un serre-papiers à l’usage des bureaux, composé de plusieurs tablettes entrelacées, propre à serrer des papiers d’où il tire son nom.
La fig. 30 est l’élévation, & la fig. 31 le plan d’un coin, espece d’armoire légere faite pour être suspendue dans les angles des appartemens, composée dans sa partie supérieure de quelques tablettes pour placer des porcelaines, crystaux & autres vases précieux, & dans sa partie inférieure d’une petite armoire fermante en deux parties, divisée chacune par compartiment de cadres & panneaux de marqueterie.
La fig. 32 est l’élévation, & la fig. 33 le plan d’une espece de tablette ou armoire droite, servant aux mêmes usages que la précédente, mais faite pour être placée sur un mur droit.
La fig. 34 est l’élévation, & la fig. 35 le plan d’une table à jouer barre-longue (on en fait de quarrées & de triangulaires, que l’on place ordinairement dans les salles de jeu), composée d’un chassis A, contenant de petits tiroirs B pour serrer les jettons, surmontée d’un table C garnie de serge, monté le tout ensemble sur quatre piés D.
La fig. 36 est l’élévation, & la fig. 37 le plan d’une table, dite table de toilette composée de plusieurs tiroirs A, coffres B, dont l’un contient un nécessaire tablette C, garnie par-dessus de marroquin & pupitre D, qui s’éleve & s’abaisse selon l’inclinaison qu’on veut lui donner, montés ensemble sur quatre piés E, le tout couvert par compartimens de marqueterie en bois.
La fig. 38 est un coffre fort de marqueterie en bois, garni de bandes de cuivre A pour la sûreté.
La fig. 39 est l’élévation intérieure, & la fig. 40 le plan d’un coffre de marqueterie appellé cave, fait pour contenir des seaux des porcelaine ou de fayence, propres à conserver du tabac.
La fig. 41 est le plan intérieur d’un nécessaire petit coffre, rempli de différens flacons, entonnoirs, & autres choses nécessaires aux toilettes des femmes.
La fig. 42 est le plan d’un jeu de trictrac ; c’est une espece de boîte double à charniere en A, dont l’intérieur est subdivisé de 24 pyramides de marqueterie en bois de plusieurs couleurs.
La fig. 43 est un jeu de dames ou damier subdivisé de 64 quarrés lorsqu’il est appellé à la françoise, & de 100 lorsqu’il est appellé à la polonoise, tous réguliers & alternativement de deux couleurs.
La fig. 44 est un guéridon, espece de tablette A à charniere en B, sur une tige C montée sur trois piés D ; l’arc de cercle E sert à lui donner l’inclinaison que l’on juge à propos par le moyen d’une vis montée sur une piece de bois F, qui porte souvent la tige G d’un écran.
La fig. 45 est un pupitre de musique, composé de deux chassis croisés A, posés obliquement, arrêtés ensemble par leur extrémité supérieure à une piece de bois plate B, & par leur extrémité inférieure à un chassis croisé C, posé horisontalement, tournant ensemble à pivot autour d’une tige D montée sur un pié croisé E ; cette tige change, comme l’on veut, de hauteur, par le moyen d’une boucle F, placée au milieu & s’agraffant dans une cramaillée pratiquée le long des côtés de sa tige D.
Les fig. 46, 47 & 48 sont des piédestaux de marqueterie, que l’on place ordinairement dans les grandes salles, sallons, galeries, & autres pieces des appartemens d’importance pour porter des figures, vases, crystaux, girandoles, & autres bijoux précieux ; le premier qui tient de la nature des piédestaux d’architecture est quarré par son plan avec avant-corps, le socle, la corniche & la base sont ornés de cadres & panneaux de marqueterie ; le second qui tient de la nature des piédouches, est aussi quarré par son plan ; son socle, sa corniche & sa base sont ornées comme le précédent, de cadres & panneaux de marqueterie ; le troisieme tenant de la nature du balustre, est circulaire par son plan, son socle est décoré de cannelures en marqueterie, sa corniche & sa base d’autres ornemens de marqueterie.
Les fig. 49 & 50 sont des piédouches saillans en forme d’encorbellemens subdivisés de différens ornemens de marqueterie, faits comme les piédestaux, pour supporter des vases, figures & autres ornemens dont on décore les grandes salles des appartemens.
Les fig. 51 & 52 sont des consoles de différente espece, dont la derniere termine l’extrémité supérieure d’un pilastre, l’un & l’autre décoré de différens ornemens de marqueterie se placent dans les mêmes pieces dont nous venons de parler, pour y placer des vases de porcelaine, crystaux, &c.
Les fig. 53 & 54 sont des especes de piédestaux, que l’on appelle escablons & guenes, lorsque leur forme est plus étroite par en-bas que par en-haut ; leur socle, corniche & base sont ornés de marqueterie comme les précédens, & sont employés aux mêmes usages.
Les fig. 55 & 56 sont des boîtes de pendules portées sur leur pié, ornés, comme elles, de différens compartimens de marqueterie en cuivre, étain ou autres métaux.
La fig. 57 est une boîte de pendule à secondes, ornée de différens compartimens de marqueterie en bois, avec quelques filets en étain & autres métaux.
Les fig. 58 & 59 sont deux plans de parquets de marqueterie en bois, qui ordinairement ne sont d’usage que pour les cabinets de curiosité, des appartemens d’importance : le premier est quarré, & le second circulaire par son plan ; tous deux répondent à de semblables compartimens de voûtes placées au-dessus d’eux.
La fig. 60 est un lambris de marqueterie en bois dans le goût des lambris de menuiserie, à l’usage des cabinets, arriere-cabinets, & autres pieces de curiosité, composée de lambris de hauteur A & B, & lambris d’appui C & D, & décorés l’un & l’autre de pilastres AC & entre-pilastres BD, subdivisés de cadres & de panneaux de marqueterie surmontés d’une corniche E avec gorgerin F & astragale G, régnans ensemble autour de la piece : les pilastres A posés chacun sur des especes de piédestaux composés de socles C, cymaises I, & plinthes K, sont couronnés d’une espece de chapiteau L orné de feuilles d’acanthe ou d’olivier, prises sur la hauteur de la corniche.
Les fig. 61, 62, & 63 sont des modeles en grand d’ornemens de marqueterie, en étain, cuivre, ou autres métaux.
Des outils propres à la marqueterie. La fig. 64 est un instrument appellé outil à ondes, dont on se servoit autrefois pour faire des moulures ; mais depuis qu’on a supprimé ces sortes d’ornemens, on a aussi supprimé l’outil qui les faisoit. Il est composé d’une sorte boite A, longue d’environ six à sept piès, montée sur deux traiteaux d’assemblage B, retenus ensemble par une grande traverse C ; sur la boîte A est arrêtée une roue dentée D, mûe par une manivelle E faisant aller & venir une crémaillere F, sur laquelle est arrêtée une travée G qui tient la piece de bois H qui doit recevoir la moulure de l’outil de fer aciéré I monté dans une presse K serrée avec des vis L, arrêtées à un sommier inférieur M qui monte & descend à la hauteur que l’on juge à propos, par le secours d’une vis N à écrou dans un sommier supérieur O, assemblé à tenons & mortaises dans quatre montans ou jumelles P arrêtées solidement sur la boîte A.
La fig. 65 est une espece d’étau que l’on appelle âne, composé de deux jumelles AB, dont celle B, à charniere par-enbas, appuie contre la premiere, pour serrer l’ouvrage par l’extrémité C d’un arc-boutant D, aussi à charniere, arrêté à une corde ou chaîne E, retenue par-enbas à une pédale F, à charniere, par une de ses extrémités, sur laquelle on met le pié lorsque l’on veut serrer l’ouvrage. Cela étant, AB est arrêté à demeure sur une table G, bordée tout autour pour empêcher de tomber les plus petits ouvrages & outils, arrêtée sur un fort chassis d’assemblage composé de sommiers H, montans I, & traverses K, sur deux desquelles & les sommiers sont attachées des planches L.
La fig. 66 est un autre âne composé, comme le précedent, de jumelles AB, dont l’une B, à charniere par enbas, est appuyée par l’extrémité d’un arc boutant C, dont l’autre est prise dans une crémaillere D retenue à une chaîne ou corde E, arrêtée par son extrémité inférieure à une pédale F, faisant charniere dans chacun de deux des piés G de la table H.
La fig. 67 est un âne, à fort peu de chose près semblable, & composé des mêmes pieces que le précédent, servant aussi aux mêmes usages.
La fig. 68 est une presse, espece d’établi A monté sur deux traiteaux composés de montans B & traverses C, dans lequel sont arrêtées deux vis D & leurs écrous E serrant la piece de bois F, entre laquelle & l’établi A on place les pieces de bois que l’on veut refendre, ou autres ouvrages pour les travailler.
La fig. 69 est une presse beaucoup plus solide que la précédente, étant arrêtée dans le plancher A par les montans B & arcs-boutans C, sur lesquels est assemblé à tenons & mortaises un sommier D, entre lequel & la piece de bois horisontale E serrée avec les vis F, par le secours des manivelles G, on place la piece de bois H que l’on veut refendre, qui par-enbas traverse le plancher A.
La fig. 70 est un établi, l’instrument le plus nécessaire aux ouvriers de marqueterie, sur lequel ils font tous leurs ouvrages. Sur cet établi est un valet A de fer, qui passant par des trous semés çà & là sur l’établi, est fait, pour qu’en frappant dessus, il tienne ferme les ouvrages que l’on veut travailler. L’établi est composé d’une grande & forte planche B, d’environ cinq à six pouces d’épaisseur, sur environ deux piés & demi de large, & dix à quinze piés de long, posée sur quatre piés C assemblés à tenons & mortaises dans l’établi avec des traverses ou entretoises D, dont le dessous est revêtu de planches clouées les unes contre les autres, formant une enceinte où les ouvriers déposent leurs outils, rabots & autres instrumens dont ils n’ont pas besoin dans l’instant qu’ils travaillent. Sur le côté E de l’établi se trouve une petite planche clouée qui laisse un intervalle entre l’un & l’autre pour placer les fermoirs, ciseaux, limes, &c. marqués F. A l’opposite, & presqu’au milieu est un trou quarré G, dans lequel on place un tampon H de même forme que le trou, ajusté à force, sur lequel est enfoncé un crochet de fer I, à pointe d’un côté, & de l’autre à queue d’aronde, & denté, qui sert d’arrêt aux planches & autres pieces de bois, lorsqu’on les rabote. Ce tampon H peut monter & descendre à coups de maillet, fig. 77, selon l’épaisseur des planches ou pieces de bois que l’on veut travailler. K est un autre arrêt de bois posé sur le côté de l’établi, qui sert lorsque l’on en rabote de larges sur leurs champs, en les posant le long de l’établi, & les fixant dessus par le moyen d’un valet A à chaque bout.
La fig. 71 est une scie à refendre, composée d’un chassis de bois A & B assemblé dans ses angles à tenons & mortaises, d’une scie dentée C, retenue par enbas à une coulisse D glissant à droite & à gauche le long de la traverse B du chassis, & par-enhaut dans une pareille coulisse E glissant aussi à droite & à gauche le long d’une autre traverse B. Cette coulisse E est percée d’un trou F, au-travers duquel passe une clavette en forme de coin qui bande également la scie. Cet instrument se maneuvre horisontalement par deux hommes qui la tiennent chacun par une de ses extrémités, tel qu’on le voit en f dans la vignette de la premiere Planche.
La fig. 72 est une scie appellée scie à débiter, qui sert à scier de gros bois ou planches, composée d’un fer de scie denté A, retenu par ses extrémités B à deux traverses C séparées par une entretoise D qui va de l’une à l’autre : les deux bouts E des traverses sont retenus par une ficelle ou corde F, à laquelle un bâton G appellé en ce cas gareau, fait faire plusieurs tours qui faisant faire la bascule aux traverses C, font par-là bander la scie A, ce qui la tient ferme, & c’est ce qu’on appelle la monture d’une scie.
La fig. 73 est une autre scie appellée scie tournante, dont la monture ressemble à celle de la précédente scie ; ses deux extrémités B sont retenues à deux especes de clous ronds en forme de tourelle, qui la font tourner tant & si peu que l’on veut ; ce qui sans cela, gêneroit beaucoup lorsque l’on a de longues planches, ou des parties circulaires à débiter ou à refendre.
La fig. 74 est une scie appellée scie à tenon, qui ne differe de celle fig. 72 que par la légéreté, & en ce cas beaucoup plus commode ; elle sert pour des petits ouvrages pour lesquels la grande seroit trop embarrassante.
La fig. 75 est une scie dite scie de marqueterie, dont le fer A extrèmement petit afin de se procurer par-là un passage facile dans les ouvrages délicats, est arrêté par un bout B à une petite moufle à vis & écrou dans le manche C de la scie qui traverse l’extrémité de la monture de fer D, & par l’autre E, à une semblable moufle à vis avec écrou à oreille, traversant l’autre extrémité de la monture D.
La fig. 70 est une scie appellée scie à main, ou égoine, qui sert dans les ouvrages où les précédentes ne peuvent pénétrer ; elle doit être un peu plus forte que les autres, n’ayant point de monture comme elles pour la soutenir ; son extrémité inférieure est à pointe enfoncée dans un manche de bois.
La fig. 77 est un instrument appellé maillet ; on en fait de plusieurs grosseurs, selon la délicatesse plus ou moins grande des ouvrages ; les uns & les autres servent également à frapper sur le manche de bois des ciseaux, fig. 107, 108, 109, 110, &c. on s’en sert pour cela plûtôt que du marteau, fig. 91, pour plusieurs raisons ; la premiere est que quoique beaucoup plus gros, il est quelquefois moins pesant ; la seconde qu’il a plus de coup ; la troisieme & la meilleure, qu’il ne rompt point les manches de ces mêmes ciseaux ; ce n’est autre chose qu’un morceau de bois d’orme ou de frêne (bois qui se fendent difficilement), arrondi ou à pan, percé d’un trou au milieu, dans lequel entre un manche de bois.
Les fig. 78 & 79 sont des marteaux à plaquer, parce qu’ils sont faits exprès, & ne servent pour ainsi dire qu’à cela ; la partie AB de chacun d’eux est de fer aciéré par chaque bout, dont celui A se nomme la tête, & B la panne à queue d’aronde, très large & mince, percée au milieu d’un œil ou trou méplat, dans lequel on fait entrer un manche de bois C un peu long.
La fig. 80 est un instrument appellé par les ouvriers triangle anglé, mais plus proprement équerre en onglet, plus épaisse par un bout que par l’autre, & dont l’épaulement A, ainsi que ses deux extrémités, sont disposés selon l’angle de quarante-cinq degrés ; son usage est pour jauger les bâtis des cadres ou paneaux lorsqu’on les assemble, afin qu’étant coupés par leurs extrémités à quarante-cinq degrés, ils puissent faire étant assemblés, un angle droit ou de quatre-vingt-dix degrés.
La fig. 81 est un instrument de bois appellé fausse équerre, ou sauterelle, fait pour prendre des angles de différente ouverture.
La fig. 82 est une équerre de bois assemblée en A, à tenon & mortaise, faite pour prendre des angles droits.
La fig. 83 est une autre équerre de bois employée aux mêmes usages que la précédente, & appellée improprement par les ouvriers, triangle quarré ; mais qui plus commode, differe en ce que la branche A est plus épaisse que la branche B, & que par-là l’épaulement C posant le long d’une planche, donne le moyen de tracer plus facilement l’autre côté B d’équerre.
La fig. 84 est une pointe à tracer, aciérée par un bout A, & à pointe par l’autre, entrant dans un manche de bois B.
La fig. 85 est un instrument appellé compas, fait pour prendre des intervalles égaux.
La fig. 86 est un instrument appellé vilbrequin, fait pour percer des trous ; c’est une espece de manivelle A, composée d’un manche B en forme de tourelle, que l’on tient ferme & appuyé sur l’estomac ; le côté opposé C est quarré, & un peu plus gros que le corps de cet instrument, & est percé d’un trou aussi quarré, dans lequel entre un petit morceau de bois D quarré de la même grosseur que celui C qui lui est voisin, portant du même côté un tenon quarré de la même grosseur que le trou dans lequel il entre ; & de l’autre une petite mortaise, dans laquelle entre la tête A de la meche, fig. 87, cet instrument avec sa meche est appellé vilbrequin, & sans meche est appellé fust de vilbrequin.
La fig. 87 est une meche faite pour percer des trous, dont la partie inférieure B est évuidée pour contenir les copeaux que l’on retire des trous que l’on perce.
La fig. 88 est un fraisoit quarré fait pour fraiser des trous par la fraise aciérée A, l’autre côté B étant joint au fust de vilbrequin, fig. 86, ou à un tourne-à-gauche.
La fig. 89 est aussi un fraisoir à huit pans par la fraise A, pour le rendre plus doux lorsque l’on s’en sert.
La fig. 90 est un autre fraisoir semblable aux précédens, mais plus fort ; sa fraise A est à plusieurs pans, pour le rendre à cause de sa grosseur, plus doux pour s’en servir.
La fig. 91 est un marteau qui sert à enfoncer des clous, chevilles, broches, & autres choses qui ne peuvent se frapper avec le maillet fig. 77 ; la partie AB de ce marteau est de fer, dont A se nomme le gros ou la tête, & B la panne ; il est percé au milieu d’un œil, ou trou méplat, dans lequel on fait entrer un manche de bois C, qui est toujours fort court chez les ouvriers de marqueterie comme chez les Menuisiers, & qui pour cela à moins de coup, & n’en est pas plus commode.
La fig. 92 est un instrument double appellé tenaille ou triquoise, composé de deux bascules A, qui répondent aux deux mâchoires B, par le moyen d’une espece de charniere en tourniquet C, leur usage est d’arracher des cloux, chevilles, & autres choses semblables en serrant les deux branches A l’une contre l’autre.
La fig. 93 est un compas à verge qui fait en grand le même effet du petit compas fig. 85, & qui sert aux mêmes usages ; il est ainsi appelle à cause de sa verge quarrée A de bois dont il est composé ; cette verge porte environ depuis cinq piés jusqu’à dix à douze piés de long, sur laquelle glissent deux planchettes B, percées chacune d’un trou quarré de la grosseur de la verge A, leur partie inférieure est armée chacune d’une pointe pour tracer, qui en s’éloignant ou se rapprochant font l’effet des pointes de compas, & la partie supérieure d’une vis pour les fixer sur la verge où on le juge à propos.
La fig. 94 est un instrument de fer appellé sergent, composé d’une grande verge A, de fer quarré d’environ dix à douze lignes de grosseur, coudée d’un côté B avec un talon C recourbé, & d’une coulisse D, aussi de fer, portant une vis E, qui sert à serrer les ouvrages que l’on colle ensemble, l’autre bout F de la verge A est renforcé pour empêcher la coulisse D de sortir.
La fig. 95 est une espece de rabot d’une forme longue appellée varlope, qui sert à dresser & corroyer de longues planches ; la partie de dessous, ainsi qu’à toutes les autres especes de rabots, doit être bien dressée à la regle ; pour s’en servir on emploie les deux mains, la droite de laquelle on tient le manche A de la varlope, & l’autre avec laquelle on appuie sur sa volute B ; il est percé dans son milieu d’un trou qui se rétrécit à mesure qu’il approche du dessous, & fait pour y loger une espece de lame de fer appellée fer du rabot, qui porte un taillant à biseau & aciéré, arrêté avec le secours d’un coin à deux branches dans le rabot : chaque ouvrier a deux varlopes, dont l’une appellée riftard sert à corroyer, & l’autre appellée varlope sert à finir & polir les ouvrages ; aussi cette derniere est-elle toujours la mieux conditionnée.
La fig. 96. est un rabot connu sous ce nom à cause de sa forme & de sa grosseur, percé comme la varlope d’un trou pour y loger son fer & son coin.
La fig. 97 est un rabot appellé demi-varlope, ou varlope à onglet, non qu’elle serve plutôt que les autres rabots pour des assemblages en onglet, mais seulement à cause de sa forme qui tient une moyenne proportionnelle entre la varlope, fig. 95, & le rabot, fig. 96, son fer & son coin ne different en rien de ceux de varlopes & rabots.
La fig. 98 est un rabot appellé feuilleret, qui differe des précédens en ce que son fer & son coin ne different en rien de ceux des varlopes & rabots.
La fig. 99 est un rabot appellé guillaume, à l’usage des plates-bandes, & autres ouvrages de cette espece, different des autres en ce que son fer placé au milieu comprend toute sa largeur.
La fig. 100 est un rabot armé de fer dessous, & quelquefois par les côtés, dont le fer & le coin sont très-inclinés, servant à corroyer les ouvrages de placage.
Il en est une infinité d’autres de toute espece, dont les fusts sont de bouis, ou autres bois durs, d’autres en partie dont les fers de différentes formes sont quelquefois bretelés.
La fig. 101 est un instrument appellé couteau à trancher, fait pour couper proprement les bois de placage, composé d’un tranchoir A, d’un fer aciéré à pointe par un bout, dans un long manche C.
La fig. 102 est un couteau à trancher, semblable au précédent, mais plus petit.
La fig. 103 est un instrument appellé fer crochu, coudé en effet par chaque bout A, portant un tranchant aciéré B.
La fig. 104 est un polissoir de jonc fait pour polir les ouvrages.
La fig. 105 est un instrument appellé trusquin ou guilboquet, composé d’une tige A, percée sur sa longueur d’une mortaise, au bout de laquelle est une petite pointe B, faite pour tracer, & d’une planchette C, percée d’un trou quarré, traversé sur son épaisseur d’un autre trou plat au-travers duquel passe une clavette de bois D en forme de coin pour fixer l’une & l’autre ensemble ; cet instrument sert à tracer des paralleles en le glissant le long des planches.
La fig. 106 est un trusquin plus fort que le précédent, servant aux mêmes usages, mais différent en ce que la clavette D passe à côté de la tige A au-lieu de la traverser.
La fig. 107 est un ciseau appellé fermoir, parce qu’il n’a aucun biseau ; on s’en sert avec le secours du maillet, fig. 77, à dégrossir les bois, ce ciseau s’élargit en s’amincissant du côté du taillant A, l’autre bout B qui est à pointe entre dans un manche de bois C.
La fig. 108 est un ciseau appellé ainsi à cause de son biseau A tout d’un côté ; on s’en sert à toute sorte de choses.
La fig. 109 est un petit ciseau mince, à l’usage des ouvrages délicats. Entre celui-ci & le précédent, il en est d’une infinité de grosseurs & d’especes.
La fig. 110 est un ciseau appellé bec-d’âne ou ciseau de lumiere, servant à faire des mortaises qu’on appelle lumieres.
La fig. 111 est un bec-d’âne beaucoup plus petit & plus délicat que le précédent, entre lesquels il en est d’une infinité de grosseurs différentes.
La fig. 112 est un ciseau appellé gouge, dont le taillant A arrondi & évuidé dans son milieu, sert pour toutes les parties rondes.
La fig. 113 est une gouge plus petite que la précédente, entre lesquelles il en est d’une grande quantité de grosseurs.
La fig. 114 est une tarriere pointue, faite pour percer des trous par la meche évuidée A, en la tournant par le tourne-à-gauche B.
La fig. 115 est une petite presse faite pour serrer les ouvrages collés, composée d’un chassis A renforcé de jumelles B, à l’extremité duquel est une vis C.
La fig. 116 est un instrument appellé racloir, compose d’une petite lame d’acier A, dont les angles horisontaux sont fort aigus, arrêtée dans l’épaisseur d’une piece de bois B. Cet instrument sert à racler les ouvrages que l’on veut polir.
La fig. 117 est un instrument appellé tourne-vis, dont la partie A aciérée, servant à tourner les vis, entre à pointe dans un manche de bois B.
La fig. 118 est un instrument appellé tire-fond, à vis, en bois aciéré par un bout A, portant par l’autre B un anneau pour le pouvoir tourner facilement.
Les ouvriers industrieux dans la marqueterie, comme dans les autres parties, ont toujours l’art de composer de nouveaux outils plus prompts & plus commodes que ceux dont ils se servent ordinairement, & aussi plus propres aux ouvrages qu’ils font. M. Lucote.
- ↑ Les fonds des ouvrages de marqueterie sont les ouvrages mêmes non plaqués.