L’Encyclopédie/1re édition/MARIÉE, Rime

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MARIÉE, Rime (Poés. franç.) on appelle en termes de poésie françoise des rimes mariées, celles qui ne sont point séparées les unes des autres, dont les deux masculines se suivent immédiatement, & les deux féminines de même, telles qu’on les voit dans les élégies & le poëme épique. Corneille dit dans son examen de l’Andromede, qu’il se glisse plus d’autres vers en prose, que de ceux dont les rimes sont toujours mariées. Je ne sai si Corneille ne se trompe pas dans son jugement : quoi qu’il en soit, les rimes mariées s’appellent autrement des rimes plates. (D. J.)

Mariée, ou Jeu de la Guimbarde, le nom que porte ce jeu marque assez l’enjouement & les divertissemens qu’il procure. Le mot de guimbarde ne signifie autre chose qu’une danse fort amusante, & remplie de postures fort plaisantes. On appelle encore ce jeu la mariée, parce qu’il y a un mariage qui en fait l’avantage principal. On peut jouer à ce jeu depuis cinq jusqu’à huit personnes & même neuf. Si l’on est huit ou neuf, l’on prendra un jeu de cartes entier ; mais si l’on est que cinq ou six, l’on ôtera jusqu’aux six ou sept, pourvu qu’il reste assez de cartes pour faire un talon de quelque grosseur. Quand on a pris des jettons à un nombre & d’une couleur fixés par les joueurs, l’on a cinq petites boîtes quarrées, dont l’une sert pour la guimbarde, l’autre pour le roi, l’autre pour le fou, la quatrieme pour le mariage, & la cinquieme. Voyez chacun de ces termes à leur article. Chacun ayant mis un jetton dans chaque boîte, celui qui doit faire, bat, & donne à couper les cartes à l’ordinaire, puis en distribue cinq aux joueurs par trois & deux, & tourne la premiere du talon qui est la triomphe. Après qu’on a reçu ses cinq cartes & qu’on connoît la triomphe, chacun voit dans son jeu s’il n’a pas l’une des cartes dont nous avons parlé ci-dessus ; s’il a tous ces avantages à la fois, ce qui peut arriver, il tireroit pour ses cœurs, supposé que son point fût le plus haut, la boîte qui lui est dûe, pour le roi, pour la dame & pour le valet, leurs boîtes, & l’autre pour le mariage ; mais s’il n’avoit que quelques-uns de ces jeux, il tireroit ce qui est dû à ceux qu’il auroit, observant d’abaisser son jeu avant que de rien tirer.

Le premier qui est à jouer commence par telle carte de son jeu qu’il juge à propos ; le reste se fait comme à la triomphe, chacun jouant pour soi, & tirant aux mains autant qu’il est possible, afin de gagner le fonds.

Outre le mariage de la guimbarde, il y en a encore d’autres qui se font, ou lorsque la dame de quelque couleur que ce soit, tombe sur le roi de cette couleur, ou lorsqu’ils sont tous deux rassemblés dans la même main. Celui qui a un mariage assemblé en jouant les cartes, gagne un jetton sur chaque joueur, excepté de celui qui a jetté la dame ; mais quand le mariage se trouve tout fait dans la main, sans qu’il ait été besoin de jouer, personne n’est dispensé de payer le jetton dû au gagnant : si ce mariage se gagne par triomphe ; c’est-à-dire, si le roi, la dame d’une même couleur sont coupés avec de la triomphe, il n’y a que les deux joueurs qui ont jetté le roi & la dame qui payent chacun un jetton à celui qui les a coupés.

Il n’est pas permis d’employer ni la guimbarde, ni le roi, ni son fou à couper un mariage.

Qui a le grand mariage, c’est-à-dire, la dame & le roi de cœur en main, tire un jetton de chacun en jouant les cartes, outre les boîtes qui leur sont dûes séparément, comme premieres triomphes & comme mariage ; mais quand le roi est levé par la guimbarde, on ne leur en donne qu’un, non plus que pour le fou, qui se paye au contraire lui, lorsque le roi ou la guimbarde l’ont pris sur le jeu. Les mariages ne se font en jouant, que lorsque le roi & la dame de même couleur tombent immédiatement l’un après l’autre, autrement le mariage ne vaut pas. Mais celui qui a la dame d’un roi joué, ne peut la retenir sous peine de payer à chaque joueur un jetton, pour avoir rompu le mariage. Celui qui renonce doit le même droit aux joueurs, ainsi que celui qui pouvant forcer ou couper une carte jouée, ne le fait pas. Celui qui donne mal est condamné à payer un jetton à chacun, & à refaire. Si le jeu est faux, le coup n’est bon que lorsqu’il est achevé. Les précédens passent comme tels. Il n’est pas permis de jouer à la guimbarde avant son tour, sous peine d’un jetton d’amende pour chaque joueur.