L’Encyclopédie/1re édition/MANDORE

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MANDORE, s. f. (Musique anc. & mod.) instrument de musique à cordes.

La mandore des modernes est une espece de luth, composé pour l’ordinaire de quatre cordes ; sa longueur ordinaire est d’un pié & demi : la premiere corde est la plus déliée, & se nomme chanterelle ; les autres qui la suivent vont toujours en augmentant de grosseur. Son accord est de quinte en quarte, c’est-à-dire que la quatrieme corde est à la quinte de la troisieme, la troisieme à la quarte de la seconde ; & la seconde à la quinte de la chanterelle. On abaisse quelquefois la chanterelle d’un ton, afin qu’elle fasse la quarte avec la troisieme corde, ce qu’on appelle accorder à corde avalée ; souvent aussi l’on abaisse la chanterelle & la troisieme corde d’une tierce : enfin cet instrument peut encore être monté à l’unisson ; il étoit autrefois à la mode, & n’y est plus aujourd’hui.

La mandore n’est pas de l’invention des modernes, elle étoit fort d’usage chez les anciens, qui l’appelloient πανδορον, πανδουρα, πανδουρις. Il en est parlé dans Athénée, dans Polluxe, dans Hesychius, dans Nicomaque, dans Lampride, & quelques autres.

Suivant la description que nous donne de la mandore ancienne le savant Perrault, elle étoit montée de quatre cordes, dont la chanterelle servant à jouer le sujet, étoit pincée par le doigt index armé d’une plume, faisant l’effet du plectrum. Pendant qu’on la pinçoit ainsi, les trois autres cordes, qui faisoient l’octave remplie de sa quinte, étoient frappées l’une après l’autre successivement par le pouce. On tâchoit de faire ensorte que ces trois cordes, qui tenoient lieu d’autant de bourdons, s’accordassent avec les tons du sujet, qui devoit être néanmoins dans le mode, sur lequel étoit accordé le bourdon ; c’est-à-dire que la chanterelle devoit être accordée, de maniere que les cadences principales & les dominantes tombassent sur les bourdons que le pouce frappoit, suivant la cadence propre à l’air que l’on jouoit. On voit par-là que les anciens formoient une espece de symphonie, où entroient trois consonnances ; mais ils n’en demeurerent pas là, ils allerent jusqu’à faire usage de quelques dissonnances dans le concert, & de ce nombre ont été certainement la tierce & la sixte. (D. J.)