L’Encyclopédie/1re édition/MADRÉPORES

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MADRÉPORES, s. m. madrepora, (Hist. nat.) ce sont des corps marins, qui ont la consistence & la dureté d’une pierre, & qui ont la forme d’un arbrisseau ou d’un buisson, étant ordinairement composés de rameaux qui partent d’un centre commun ou d’une espece de tronc. La surface de ces corps est tantôt parsemée de trous circulaires, tantôt de trous sillonnés qui ont la forme d’une étoile & qui varient à l’infini. Quelques madrépores ont une surface lisse, parsemée de trous ou de tuyaux ; d’autres ont des sillons ou des tubercules plus ou moins marqués, qui leur ont fait souvent donner une infinité de noms différens, qui ne servent qu’à jetter de la confusion dans l’étude de l’Histoire naturelle. C’est ainsi qu’on a nommé millépores, ceux à la surface desquels on remarquoit un grand nombre d’ouvertures ou de trous très-petits : on les a aussi nommés tubulaires, à cause des trous qui s’y trouvent. Quelques auteurs regardent les coraux comme des madrépores, d’autres croyent qu’il faut les distinguer, & ne donner le nom de madrépores qu’aux lytophites ou corps marins semblables à des arbres qui ont des pores, c’est-à-dire qui sont d’un tissu spongieux & rempli de trous, soit simples, soit étoilés.

Quoi qu’il en soit de ces différens sentimens, les madrépores sont trés-aisés à reconnoître par leur forme, par leur consistence qui est celle d’une pierre calcaire sur laquelle les acides agissent, ce qui indique sa nature calcaire. Les Naturalistes conviennent aujourd’hui que ces corps sont des loges qui servent de retraite à des polypes, & autres insectes marins, qui se bâtissent eux-mêmes la demeure où ils habitent. Les madrépores varient avec les différentes mers où on les trouve.

On appelle madréporites les madrépores que l’on rencontre, soit altérés, soit non altérés dans le sein de la terre ; quelques-uns sont changés en cailloux, d’autres sont dans leur état naturel : ces corps ont été portés dans l’intérieur des couches de la terre, par les mêmes causes qui font que l’on y trouve les coquilles, & tous les autres corps marins fossiles. Voyez Fossiles.

On a souvent confondu les madréporites ou madrépores fossiles avec le bois pétrifié, ce qui a donné lieu à quelques gens de douter s’il existoit réellement du bois pétrifié, mais les madréporites se distinguent par un tissu qu’un œil attentif ne peut point confondre avec du bois.

Madrepore, (Mat. med.) on trouve souvent dans les boutiques, sous le nom de corail blanc, une espece de madrepore blanche, & divisée en rameaux, qui ne differe du corail blanc qu’en ce qu’elle est percée de trous, qu’elle est creuse en-dedans, & qu’elle croît sans être recouverte, de ce qu’on appelle écorce dans les coraux. Cette espece de madrepore s’appelle madrepora vulgaris, I. v. h. 573 ; corallium album oculatum, off. J. B. 3. 805.

Geoffroi dit de cette substance que quelques-uns lui attribuent les mêmes vertus qu’au corail blanc. Il faut dire aujourd’hui qu’elle a absolument la même vertu, c’est-à-dire qu’elle est terreuse, absorbante, & rien de plus. Voyez Corail, & remedes terreux, au mot Terre. (b)