L’Encyclopédie/1re édition/MÉANDRE, le

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MÉANDRE, le, (Géog. anc.) en latin Mæander, riviere d’Asie dans l’Ionie, fameuse chez les anciens par la quantité de tours & de détours qu’elle fait avant que d’arriver à son embouchure. Le nom moderne est le Madre, voyez Madre.

Pline, liv. V. ch. xxix. dit que le Méandre baigne quantité de villes, se charge de beaucoup de rivieres, arrose les campagnes d’un limon qui y porte la fertilité, & se jette dans la mer à dix stades de Milet. Il ajoute qu’il a tant de détours dans sa course, qu’il semble remonter vers le pays d’où il vient.

Mais nous n’avons rien de plus joli ni de plus poétique à ce sujet, que la peinture qu’en a fait Ovide dans ses métamorphoses, l. VIII. v. 163 & suivans.

Non secus ac liquidus, Phrygiis Mæandris in arvis
Ludit, & ambiguo lapsu refluisque, fluitque,
Decurrens que sibi venturas aspicit undas,
Et nunc ad fontes, nunc in mare versus apertum
Incertas exercet aquas.

Voici la traduction de Thomas Corneille.

Ainsi, comme incertain du chemin qu’il faut prendre,
Serpente avec ses eaux le sinueux Méandre.
On diroit, à le voir descendre & retourner,
Qu’au-devant de lui-même il cherche à les mener.
A peine a-t-il coulé vers la mer qui l’appelle,
Qu’amoureux de sa source, il remonte vers elle ;
Et rompt en tant de lieux son cours mal assuré,
Qu’il semble en tournoyant qu’il se soit égaré.

Plutarque, dans son livre des rivieres, parle des sinuosités du Méandre comme d’une chose unique ; mais il se trompe : M. de Tournefort nous assure au contraire qu’il s’en faut bien que les contours du Méandre approchent de ceux que la Seine fait au-dessous de Paris. (D. J.)